Lancement officiel de la campagne « HAKIN YARA » : une mobilisation d’envergure pour l’enregistrement des naissances d’un million d’enfants
L’hôtel Bravia de Niamey a servi de cadre, vendredi 28 juin 2024, à la cérémonie de lancement officiel de la campagne nationale « HAKIN YARA » pour l’enregistrement des naissances au Niger, avec comme principal objectif d’attribuer une identité juridique à un (1) million d’enfants d’ici la fin de l’année 2024. Cette campagne d’envergure, mise en œuvre par le ministère de l’Intérieur à travers la direction de l’État civil, avec l’appui de l’UNICEF et le soutien financier de l’Union Européenne, s’inscrit dans le cadre de la réforme et de la modernisation de l'état civil au Niger. Cela répond à l'engagement du pays à atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD 2030), notamment l'indicateur 16.9 qui consiste à « garantir à tous une identité juridique, notamment grâce à l'enregistrement des naissances ». La campagne nationale « HAKIN YARA » vise ainsi à faire passer le taux d’enregistrement des naissances au Niger de 62,86% en 2023 à 87% d’ici fin 2024, à travers une mobilisation sociale pour la déclaration des faits d'état civil, en particulier les naissances, ainsi que la délivrance d'actes de naissance aux enfants.
C’est le Secrétaire général adjoint du Ministère de l'Intérieur, de la Sécurité Publique et de l'Administration du Territoire, le Commissaire général de Police Abdourahamane Ayouba, qui a présidé la cérémonie officielle de lancement de la campagne nationale « HAKIN YARA », un événement rehaussé par la présence de la Représentante de l'UNICEF au Niger, Madame Djanabou Mahondé, ainsi que du Chef de la Coopération de l'UE au Niger, Mr. Geza Strammer. Étaient également présents des cadres du ministère de l’Intérieur, notamment les responsables de la Direction Générale de l'État Civil, des Migrations et des Réfugiés (DGEC/M/R), des représentants des ministères sectoriels, des institutions de l’État et administrations publiques, ainsi que des Agences du Système des Nations Unies au Niger (SNU Niger), des ONG nationales et internationales partenaires, et des associations de la société civile, y compris des organisations de femmes et de jeunes.
La cérémonie, riche en couleurs avec des animations artistiques et culturelles dédiées à l’importance de l’enregistrement des naissances et aux actes d'état civil, a débuté avec les mots de bienvenue de la région hôte de l’événement. Au nom du Gouverneur, le Secrétaire général de la Région de Niamey s’est félicité du choix porté sur la capitale pour abriter le lancement de cette campagne d’enregistrement des naissances, dont l’importance des enjeux n’est plus à démontrer pour l’ensemble des circonscriptions administratives et autres collectivités territoriales, surtout en matière de planification du développement local.
Des progrès satisfaisants mais aussi des défis à relever pour l’enregistrement exhaustif des naissances au Niger
Dans son allocution, la Représentante de l’UNICEF au Niger a tout d’abord exprimé sa satisfaction quant aux progrès réalisés depuis une dizaine d’années par le Niger et ses partenaires dans le cadre de la réforme et de la modernisation de son système d'enregistrement des faits d'état civil. À la fin des années 2000, a rappelé Madame Djanabou Mahondé, deux enfants sur trois n'étaient pas enregistrés ; aujourd'hui, 64% des enfants de moins d'un an sont enregistrés. « Je me réjouis de voir ces progrès », a-t-elle fièrement déclaré. « Nous le savons tous et toutes, c'est en enregistrant sa naissance que la société reconnaît pour la première fois l'existence et l'identité d'un enfant. Le droit d'être reconnu comme une personne par la loi est crucial pour bénéficier d'une protection tout au long de la vie, et constitue une condition préalable à l'exercice de tous les autres droits - tels que l'éducation, les soins de santé et les opportunités économiques », a poursuivi la Représentante de l’UNICEF au Niger. Elle a souligné que « l'acte de naissance est la preuve de cette identité juridique. C'est sur cette base que les enfants peuvent obtenir une nationalité, échapper au risque d'apatridie et bénéficier d'une protection contre la violence et l'exploitation ».
Selon la Représentante au Niger, l’objectif de l’UNICEF est d'assister le gouvernement du Niger à réaliser l'enregistrement universel des naissances pour tous les enfants de moins de 5 ans d'ici 2030, conformément aux Objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies. C’est pourquoi elle s’est félicitée du lancement de cette campagne, qui constitue la dernière étape d'un projet pluriannuel ayant permis de réaliser des avancées significatives en matière d'enregistrement civil. Depuis 2017, a-t-elle noté, sous la direction du Ministère de l'Intérieur et avec le soutien financier de l'UE, la mise en œuvre du Programme d'Appui à la Réforme de l'État Civil (PAREC) a été déployée pour soutenir la modernisation du système d'enregistrement civil au Niger, pour un montant de 9,8 millions d'euros. Cette stratégie s’est concentrée sur trois éléments : la révision des textes, politiques et lois sur l'état civil au Niger ; l’informatisation et la numérisation du système d'état civil ; et la communication pour la mobilisation sociale et l'engagement communautaire en faveur de l'enregistrement des faits d'état civil. Sous le leadership du ministère de l'Intérieur, avec l'appui de l'Union Européenne, des résultats notables ont été obtenus dans le cadre du PAREC. Mme Djanabou Mahondé a expliqué que cela comprend l'adoption de la loi portant régime de l'état civil au Niger et son décret d'application, la délivrance de 2017 à 2023 de 3 633 117 actes de naissance aux enfants déclarés dans les délais, le renforcement des services de l'état civil par la formation de 9500 agents et officiers de l'état civil, 98 magistrats et greffiers sur les nouveaux textes, ainsi que l'informatisation de 100 communes des 8 régions du Niger. Des actions de communication ont été menées auprès de 8500 villages, sensibilisant 1 249 500 personnes sur l'importance des actes de l'état civil, ainsi que l'opérationnalisation de plus de 13 913 centres de déclaration dans les villages et formations sanitaires, permettant au Niger d'avoir une interopérabilité proche de 100% entre l'état civil et les systèmes de santé, un indicateur essentiel de progrès. Elle a également mis en avant que l'informatisation du système d'état civil au Niger marque un tournant décisif dans l'amélioration du système d'état civil, et permettra l'accessibilité aux services à toute la population tout en garantissant leur performance et leur efficacité.
« La présente campagne revêt pour nous une importance capitale. En effet, maintenant que nous avons modernisé le système d'enregistrement des faits d'état civil, notre mission est d'assurer que les familles et les communautés aient accès à l'information afin que tous les enfants au Niger puissent bénéficier de leur droit à l’identité. Nous sommes tous convaincus que l'enregistrement de naissance est un droit fondamental pour tous les enfants, et que les enfants du Niger devraient tous avoir un acte de naissance, quelle que soit la région, la commune ou le village d'où ils viennent. L'accompagnement des efforts de l'État par les partenaires techniques et financiers, en adéquation avec les priorités nationales, permet à l'UNICEF d'accompagner le lancement de cette campagne nationale à travers la mise en œuvre de l'initiative ‘’Hakin Yara’’ pour l'enregistrement des naissances à l'état civil, afin de contribuer à l'enregistrement des enfants dans les délais et à la délivrance d'au moins un (1) million d'actes de naissance d'ici fin 2024. Dans le cadre de notre contribution à ce travail, l'UNICEF continuera à se concentrer sur l'enregistrement des naissances pour tous les enfants de moins d'un an, afin d'accompagner le Niger à atteindre les Objectifs de développement durable des Nations Unies. Nous travaillerons également avec les communautés et tous nos partenaires, dans tous les secteurs - éducation, santé, politique sociale - afin que les enfants de tous âges puissent être enregistrés ». Mme Djanabou Mahondé, Représentante de l’UNICEF au Niger.
Dans son intervention, la Représentante de l’UNICEF n’a pas manqué d’exprimer sa profonde gratitude au Gouvernement du Niger, qui a placé l'intérêt de la réforme de l'État civil, et en particulier l'enregistrement des naissances, comme une priorité de l'agenda politique et social. Mme Djanabou Mahondé a également adressé ses sincères remerciements à l'UE, dont le financement a permis à des millions d'enfants de bénéficier de l'enregistrement des faits d'état civil depuis 2017, avant de réitérer « l'engagement de l'UNICEF et mon engagement personnel à accompagner le Gouvernement du Niger pour la promotion et la protection des droits des enfants au Niger, dans un contexte de programmation où les ressources financières se font de plus en plus rares ». Enfin, la Représentante de l’UNICEF a transmis ses remerciements aux Ministères et institutions gouvernementales, aux Agences du Système des Nations Unies, et à la société civile pour leur engagement constant et leurs appuis respectifs et multiformes pour la réforme de l'État civil au Niger.
La modernisation du système de l’état civil, une priorité du gouvernement
En procédant au lancement officiel de la campagne nationale « HAKIN YARA », le Secrétaire général adjoint du ministère de l’Intérieur, de la Sécurité Publique et de l’Administration du Territoire (MI/SP/AT) a tenu tout d’abord à transmettre les salutations du ministre d’État, le Général de Brigade Mohamed Toumba, à tous les participants pour la disponibilité dont ils ont fait preuve dans le cadre de cette cérémonie. Le Commissaire général Ayouba Abdourahamane a aussi tenu à réaffirmer toute sa satisfaction pour la manière dont se déroule cette campagne d’enregistrement des naissances pour un (1) million d’enfants de moins d’un (1) an sur toute l’étendue du territoire national. « C’est un truisme aujourd’hui de parler de l’importance que présente l’enregistrement des faits de l’état civil pour un État moderne », a estimé le SGA du ministère de l’Intérieur pour qui c’est conscient de cette assertion, que le Niger a opéré trois (3) grandes réformes de son système de l’état civil de l’indépendance à nos jours pour prendre en compte toutes les préoccupations du moment, notamment les questions de bonne gouvernance, de sécurité, de démocratie, de la libre circulation des personnes et de leurs biens et de développement. Et de préciser que la dernière réforme est intervenue en 2019 avec l’adoption de la loi N°2019-23 du 1er juillet 2023, portant régime de l’état civil au Niger, son décret d’application et la politique nationale de l’état civil. « Cette réforme du cadre juridique et politique de l’état civil a permis d’indexer le fonctionnement du système de l’état civil nigérien sur les normes internationales en la matière », a-t-il précisé tout en faisant remarquer que c’est dans le cadre de cette réforme et pour permettre aux populations d’enregistrer leurs faits d’état civil, que les délais d’enregistrement des différents faits de l’état civil à savoir les naissances, les mariages, les décès, les divorces et répudiations sont désormais fixés à 60 jours quel que soit le centre de déclaration ou la nature de l’événement. Aussi, a-t-il ajouté, dans le même ordre d’idées, toutes les formations sanitaires publiques et privées sont des centres de déclaration et cette nouvelle loi a rendu possible d’ériger tous les villages, quartiers et tribus en centre de déclaration pour rapprocher suffisamment les centres d’état civil des populations. Cela a permis d’éradiquer de manière substantielle cette barrière de distance qui a beaucoup endigué le bon fonctionnement du système de l’état civil nigérien.
Cependant, a reconnu le SGA du Ministère de l’Intérieur, « malgré un tel maillage territorial du pays en centres de déclaration, accompagné des structures d’encadrement telles que les Directions régionales et départementales, le taux de déclaration des naissances n’a guère dépassé le seuil des 65%. Et cela en dépit des efforts énormes consentis par l’État et les partenaires techniques et financiers pour améliorer l’offre et la demande des services d’état civil par les populations ». Aussi, a-t-il souligné, l’acte de naissance demeure la pièce maîtresse pour la production de tout document d’identité qui permet aux enfants, dès leur naissance, de disposer des garanties de protection et d’accéder à l’éducation, aux soins de santé, à l’héritage, à la nationalité pour ne citer que ceux-là. « À partir de ces différents constats, il y a une nécessité absolue d’explorer, d’analyser et de mettre en œuvre toutes les initiatives permettant un enregistrement exhaustif de tous les faits d’état civil et en particulier des naissances afin d’atteindre les engagements des objectifs de développement durable pour le Niger », a déclaré le Commissaire général de Police Ayouba Abdourahamane qui a, dans la même lancée, rappelé que dans cette dynamique, la Direction Générale de l’État Civil, des Migrations et des Réfugiés a élaboré en 2022 un plan de communication pour l’enregistrement exhaustif des faits de l’état civil. Dans ce cadre, des outils de communication ont été élaborés avec l’appui du Programme d’Appui à la Réforme de l’État Civil (PAREC), cofinancé par l’État du Niger, l’Union européenne et l’Unicef. « L’initiative de l’enregistrement d’un (1) million d’enfants de moins d’un (1) an est l’une des voies qui concourent à l’atteinte des objectifs de développement durable, notamment l’indicateur 16.9 « garantir l’identité juridique grâce à l’enregistrement des naissances d’ici 2030 ». « Cette initiative, si elle est maintenue chaque année, accentuera la prise de conscience de la population sur la déclaration systématique des naissances et autres faits de l’état civil », a estimé le SGA du ministère de l’Intérieur qui a assuré que « pour l’atteinte de cet objectif, des instructions seront données à tous les niveaux pour une synergie d’actions entre les ressources provenant du budget national et celles des partenaires pour un financement efficient du plan de communication ». Aussi, a-t-il ajouté, il est impératif de mobiliser tous les canaux de communication pour un succès de cette initiative qui consiste à enregistrer un (1) million d’enfants en 2024.
« Dans ce nouveau contexte de conquête de la souveraineté nationale, l’état civil a un rôle primordial à jouer dans l’identification des citoyens, seul gage pour la jouissance de leurs droits et la production des statistiques fiables nécessaires pour la planification du développement à tous les niveaux », a conclu le Commissaire général de Police Ayouba Abdourahamane, Secrétaire général adjoint du ministère de l’Intérieur.
Il faut noter qu’auparavant, le Chef de Coopération de l’Union Européenne (UE) au Niger a pris la parole pour se féliciter de cette initiative qui s’inscrit dans l’appui de l’Union européenne à la population du Niger. Dans ce cadre, M. Géza STRAMMER a indiqué que l’Union européenne avec l’UNICEF travaillent pour un meilleur système d’état civil, répondant aux multiples exigences du moment, notamment en matière des droits humains, de sécurité et de protection des données à caractère personnel. Il a en ce sens rappelé que l’Union européenne et l’UNICEF ont d’abord cofinancé le Programme d’Appui au Renforcement du Système de l’État Civil (PARSEC) suivi du Projet PAREC également cofinancé par le 11ème Fonds Européen de Développement (FED). « Par cet appui, la Politique Nationale de l’état Civil (PNEC) et son plan d’actions ont été mis en œuvre afin d’améliorer l’enregistrement des faits d’état civil et de sécuriser le système », a fait remarquer le chef de la Coopération de l’UE au Niger qui a également déclaré que cela a permis la modernisation du système de l’état civil nigérien dans l’optique que « tout citoyen puisse disposer d’un acte d’état civil afin d’exercer ses droits et prendre pleinement part aux choix de la nation, d’une part, et d’autre part, de permettre à l’État du Niger de disposer des données fiables pour la planification des politiques de développement ». Le Chef de la coopération de l’UE s’est félicité par la même occasion du déploiement, sur la plus grande partie du territoire nigérien, de l’informatisation du système de l’état civil et la connexion des communes concernées au serveur central. « La campagne d’enregistrement des naissances pour 1 million d’enfants, objet de la présente cérémonie, permettra aux enfants nigériens qui naîtront cette année de jouir de l’un de leurs premiers droits, leur enregistrement à la naissance qui garantirait les conditions de la jouissance de leurs autres droits en tant que citoyens », a affirmé M. Géza STRAMMER qui a réitéré le soutien de l’Union européenne à cette campagne au profit de la population nigérienne, en particulier les enfants qui démarrent leur vie et qui, de ce fait, doivent avoir des conditions favorables à l’exercice de leurs droits dès le départ. Tout en saluant le travail réussi autour de l’état civil nigérien ainsi que le partenariat avec l’UNICEF, le Chef de la coopération a rassuré l’ensemble des partenaires de « la disponibilité de l’Union européenne à continuer son soutien pour des actions au profit direct des populations nigériennes ».
Mobilisation et délivrance d’actes d’état civil
Il convient de souligner qu’après ce lancement national, d’autres lancements seront organisés dans les autres régions du pays dans le cadre de son déploiement national. La campagne « Hakin Yara » sera mise en œuvre sous la direction de la DGEC-MR du Ministère de l’Intérieur et de l’UNICEF, avec l’engagement des acteurs qui sont parties prenantes du système de l’état civil nigérien. Cette campagne de mobilisation permettra de coordonner les efforts des acteurs dans leurs champs d’actions respectifs pour une contribution efficace afin de rehausser la situation actuelle de l’enregistrement des naissances. De manière générale, la campagne vise comme objectif de susciter une prise de conscience pour une déclaration systématique des faits de l’état civil, dont l’enregistrement des enfants dans un délai de 60 jours à partir de la naissance ; de déclarer et enregistrer au moins un (1) million d’enfants à l’état civil en 2024 et de délivrer au moins un (1) million d’actes de naissance des enfants d’ici la fin de l’année. Les résultats attendus sont une prise de conscience par les populations de la nécessité de déclarer les naissances dans les délais de 60 jours, un taux de 87% (1 091 240) des naissances de moins d’un an sont déclarées et enregistrées avant fin de l’année 2024 et 100% des actes sont transcrits et remis aux parents des enfants.
A. Karim Moumouni (actuniger.com)
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