Ouverture des frontières : le Niger maintient le blocus avec le Bénin
En dépit de la volonté des autorités béninoises de donner suite avec effet immédiat à la décision des Chefs d’État de la Cédéao du 24 février dernier de lever toutes les sanctions imposées au Niger, les frontières entre les deux pays restent toujours fermées. En cause, la décision des autorités nigériennes de maintenir le blocus avec le voisin béninois comme l’a constaté la mission ministérielle de haut niveau dépêchée, mercredi 28 février à Malanville, pour s’assurer des mesures prises pour la reprise du trafic. Il va falloir pourtant trouver une alternative à cette situation qui n’a que trop perduré, avec ses conséquences drastiques sur les populations et les opérateurs économiques, d’autant que la réalité des affaires va finir par s’imposer avec les nouvelles perspectives qu’ouvrent l’exportation du pétrole brut du Niger à travers le Bénin.
La preuve que les autorités béninoises étaient plus pressées d’ouvrir la frontière avec le Niger, comme du reste l’a fait savoir à plusieurs occasions le Président Talon avant même la décision des Chefs d’Etat de la Cédéao, elles ont été les premières à se réjouir et à prendre des mesures pour la reprise libre-circulation des personnes et des biens entre les deux pays. Dès le lundi 26 février, le ministre béninois des Affaires étrangères Olushegun Adjadi Bakari a animé une conférence de presse pour se féliciter de cette levée des sanctions contre le Niger, le Mali, le Burkina-Faso et la Guinée lors du sommet extraordinaire des Chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO, le samedi 24 février 2024 à Abuja au Nigéria. «Pour nous, il s'agit d'un jalon essentiel que le Président de la République du Bénin avait annoncé lors de sa conférence de presse, il y a quelques jours, que le Bénin était favorable à une levée des sanctions. Après cette prise de position, de concert avec ses homologues de la sous-région, cette levée des sanctions a été effective au niveau de la CEDEAO mais également au niveau de l'UEMOA », a-t-il déclaré tout en insistant sur le fait que cette décision n'est que la matérialisation du souhait du Président de la République du Bénin, de concert avec ses pairs de la Communauté. En ce sens, a estimé le Chef de la diplomatie béninoise, la décision des Chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO a été motivée parle constat fait sur la souffrance des peuples des pays sous sanctions et ils ont donc décidé d'agir. Et à la suite de cette levée effective des sanctions, a-t-il poursuivi, « les États membres de la CEDEAO rentrent du coup dans un processus de normalisation au sein de la Communauté des peuples ».
La question du retrait annoncé de la CEDEAO par les autorités du Niger, du Mali et du Burkina-Faso a été également évoquée lors de la conférence de presse et pour le ministre Bakari, « il est important de préserver la famille pour le bien-être des peuples », car a-t-il dit, « la CEDEAO n'est pas simplement une organisation. C'est une communauté des peuples qui est au-dessus des individualités. Pour les Chefs d'État, il est important que nous préservions notre famille. Les peuples du Niger, du Mali et du Burkina-Faso continuent de faire partie de notre famille. La famille doit rester unie. Les Chefs d'État travaillent pour que les peuples restent ensemble pour leur bien-être ». C’est pourquoi du reste, a mis en avant le ministre Olushegun Adjadi Bakari, « cette levée des sanctions a créé une profonde satisfaction au sein des différents peuples », avant d’annoncer que concernant les impacts que les sanctions ont eus sur les opérateurs économiques des différents pays, un point sera fait en son temps par les voix les plus autorisées.
Le Bénin déjà prêt à la reprise du trafic inter frontalier avec le Niger
Ce mercredi 28 février, c’est une délégation de ministérielle de haut niveau qui a été dépêchée à la ville frontalière de Malanville, pour s’assurer des dispositions prises pour la libre-circulation des personnes et des biens. Conduite par le ministre d’Etat en charge du Développement et de la Coordination de l’Action gouvernementale Abdoulaye Bio Tchané, elle était composée du ministre d’Etat de l’Economie et des Finances Romuald Wadagni et de son homologue de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, Gaston Dossouhoui. « Nous sommes venus pour nous assurer de l’effectivité de la reprise des différents services et nous avons constaté que c’est véritablement le cas puisque les services des Douanes, de Sécurité et des Eaux et Forets sont en place pour assurer la fluidité du trafic entre notre pays et le Niger. Nous espérons que d’ici quelques jours qu’elle sera également ouverte de l’autre coté pour que les populations au niveau des deux cotés de la frontière puissent recommencé à vaquer à leur occupation », a indiqué le ministre Bio Tchiané qui a saisi l’occasion pour saluer la résilience des populations frontalières avant d’exhorter les autorités nigériennes à la collaboration afin que les deux pays travaillent au bonheur de leurs populations. « Ce que vous voyez montre que les populations des deux pays avaient soif de la réouverture des frontières et de la reprise des activités », a-t-il souligné en référence à l’animation qui a déjà repris au niveau du poste frontalier de Malanville avec les activités qui commencent à se mettre en place.
Niamey maintient son blocus sur le pont frontalier
Du coté de Gaya, au Niger, c’est le statu quo car rien ne semble bouger et ni même présager une préparation à la reprise des activités au niveau des differents services. Sur le pont qui relie les deux pays, le dispositif mis en place par les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) est toujours en place avec des containers fortifiés qui bloquent tout passage et continuent d’empêcher tout mouvement de personnes et de véhicules sur les deux sens.
Il faut dire qu’à Niamey, la décision des dirigeants de la Cédéao a été présentée comme un non-évènement et aucune réaction officielle n’a été enregistrée plus de cinq (05) jours après la levée des sanctions pour donner la marche à suivre. Ce qui fait que pour le Niger, la frontière avec le Bénin restera pour le moment fermée comme l’a d’ailleurs fait savoir, il y a quelques semaines, le Président du CNSP, le Général de Brigade Abdourahmane Tiani, dans son dernier entretien aux médias publics. Le Chef de l’Etat a fait savoir que malgré les appels du pied des autorités béninoises, la frontière restera fermée tant que le Niger jugera que le pays de Talon ne constituerait pas une menace pour servir de base arrière à des opérations de déstabilisation de la transition. Des accusations que les autorités militaires nigériennes ont formulées à plusieurs reprises en s’appuyant sur la position du Président dans la crise nigérienne suite au coup d’état du 26 juillet 2023 ainsi que la présence des soldats français dans le pays.
Dans la capitale nigérienne, plusieurs voix s’élèvent pour soutenir la décision des autorités nigériennes de maintenir la fermeture de la frontière béninoise mais pour les opérateurs économiques, les transporteurs et les populations transfrontalières, le maintien de cette mesure qui les a fait tant souffrir est le scénario catastrophe. Il faut dire qu’avant les sanctions de la Cédéao et la fermeture des frontières, le corridor Cotonou- Niamey était la principale voie d’approvisionnement du Niger. Face à l’embargo, le port de Lomé a certes pris le relais mais en plus d’être plus long et plus couteux, le corridor Lomé-Ouaga-Niamey (LON) est très risqué en raison de l’insécurité ambiante dans une large partie du Burkina Faso mais aussi dans certaines zones de dessertes au Togo et au Niger. Des facteurs qui influent sur le coût des marchandises, surtout les produits de première nécessité, comme l’illustre l’inflation constatée ces derniers temps sur les différents marchés du pays.
Actuellement, c’est l’attente au niveau des villes frontalières de Gaya et de Malanville où des milliers de camions sont bloqués depuis des mois et espèrent une réouverture des frontières dans les brefs délais pour mettre fin à leur souffrance. L’informel continue de battre son plein avec les traversées risquées du fleuve par pirogues mais cela ne saurait tenir encore longtemps de l’avis de plusieurs transporteurs ou commerçants sur place et même à Niamey. Ce qui est certains, les autorités des deux pays voisins seront amenées tôt ou tard à s’entendre au regard de leurs historiques, culturels et des échanges économiques. C’est d’autant plus que nécessaire qu’avec la perspective de l’exportation du pétrole brut dont le pipeline passe par le Bénin, la réalité des affaires finira par s’imposer. Et dans ce cas, il est inutile de continuer à faire perdurer les souffrances de ceux qui sont vraiment dans le besoin et qui pâtissent de cette situation qui était, il y a juste quelques jours, fortement critiquée des deux coté.
A.Y.Barma (actuniger.com)
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