Journée internationale de lutte contre les drogues 2023 : des saisies d'une valeur de plus de 26 milliards FCFA opérées en 2021
A l'instar du monde entier, le Niger a célébré, lundi 26 juin 2023, la 36e édition de la Journée internationale de la lutte contre l'abus des drogues et des substances illicites qui a été placée cette année sous le thème : « les gens avant tout, mettons fins à la stigmatisation et à la discrimination, renforçons la prévention ». L'occasion pour les autorités et les partenaires de procéder à la symbolique cérémonie d'incinération des drogues saisies par les services compétents au cours de l'année mais aussi de dresser le bilan de la lutte engagée contre ce fléau dont les conséquences n'épargnent aucun pays dans le monde. Selon le ministre de l'Intérieur au titre de l'année 2022, la valeur marchande approximative des drogues saisies en 2021, sur l'ensemble du territoire national, a été estimée à environ vingt-six milliard quatre-vingt-neuf million trente-sept mille (26.089.037.000) FCFA.
Cette année encore et comme par le passée, c'est le site de Sorey, à la sortie de Niamey, sur la route de Dosso (RN1) qui a abrité la cérémonie symbolique d'incinération des drogues et autres substances illicites et psychotropes saisies au cours des derniers mois. C'est le ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, M. Amadou Adamou Souley, qui a présidé la cérémonie qui rentre dans le cadre de la célébration de la 36e journée internationale contre l’abus et le trafic des drogues. La cérémonie s’est déroulée en présence également du Représentant régional de l’Organisation des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, la Coordinatrice de l'ONUDC au Niger, le Secrétaire général du ministère de la Justice, le Président de la Commission Nationale de Coordination de lutte contre la Drogue (CNCLD), le Procureur de la République, les hauts magistrats, les responsables des forces de sécurité, les Ambassadeurs, Chefs de Missions diplomatiques et Représentants des Organisations internationales ainsi que les représentants de plusieurs associations et des médias.
Renforcer la prévention et mettre fin à la stigmatisation et à la discrimination
Selon le Président de la Commission nationale de coordination de lutte contre la drogue, M. Ousmane Baydo, à travers le thème choisi cette année, " les gens avant tout, mettons fin à la stigmatisation et à la discrimination, renforçons la prévention", l’ONUDC invite à mettre les droits humains au centre de la lutte contre les drogues et interpelle en même temps sur le statut des consommateurs qui sont en réalité les premières victimes du fléau et ont plus besoin de prise en charge et de protection que de répression. "Il faut donc faire des consommateurs, des alliés qui peuvent nous aider à combattre les trafiquants non seulement à travers la réduction de la demande, mais aussi à travers l'identification et le démantèlement des réseaux criminels", a-t-il indiqué avant de souligner que "le trafic et la consommation de drogues prennent de l'ampleur en témoignent le nombre sans cesse croissant d'interpellations et les quantités de drogues régulièrement saisies par nos services de répression". Le Président de la Commission n'a pas manqué de souligner que "les conséquences tant du trafic que de l'usage des drogues sont désastreuses tant sur le plan sanitaire, économique et social; la drogue détruit les personnes, désagrège les familles et déstabilise l'Etat". Dès lors, a estimé M. Ousmane Baydo, "le combat contre ce fléau devient pour tous une nécessité absolue ; responsables politiques, autorités administratives et coutumières à tous les niveaux, acteurs de la société civile, acteurs des médias, leaders religieux, leaders d'opinion, parents etc. chacun à un rôle à jouer et c'est à ce prix seulement que nous allons faire du Niger un pays sans toxicomanie".
Agir pour un monde sans toxicomanie
Dans son allocution le Ministre de l’Inferieur et de la décentralisation est revenu sur l'ampleur du phénomène au Niger, ses conséquences ainsi que les actions initiées par l'Etat pour lutter contre ce fléau. Pour M. Amadou Adamou SOULEY, c'est à juste titre que le thème de cette 36e édition de la Journée internationale de lutte contre la drogue constitue une invite « à l'action et à la coopération en vue de parvenir à un monde sans toxicomanie ».
Au Niger, a indiqué le ministre, plusieurs mesures en lien avec ce thème sont déjà intégrées dans les stratégies de lutte qui s'articulent autour des axes de prévention, de traitement des personnes dépendantes et de réadaptation sociale. "Notre action qui s'appuie aussi sur les données de la science, vise à prendre en charge les conséquences que l'usage de la drogue a sur le système nerveux et l'activité mentale, car celles-ci restent évitables et même traitables", a poursuivi le ministre Adamou Souley qui a déploré, cependant, que "faute de véritable prise en charge, on observe qu'un nombre croissant de personnes addictes à l'usage des drogues, sont souvent abandonnées à leur sort, sans appui familial et sans soutien des services de soins bien souvent peu ou mal outillées pour apporter la réponse adaptée à l'état de chaque personne se trouvant dans cet situation de vulnérabilité". Seuls, en effet, quelques-uns bénéficient de soins préventifs ou curatifs, alors que la grande majorité se trouvant dans la catégorie de personnes potentiellement à risque parce que porteuse d'autres pathologies souvent contagieuses, ne peut accéder aux soins dont elle a besoin a ajouté le ministre pour qui, il est essentiel de repenser cette démarche réductrice pour lutter contre la stigmatisation et la discrimination en accordant plus de moyens aux services de prise en charge. En effet, a estimé le ministre de l'Intérieur, "une lutte efficace contre le problème de la drogue dans le monde, nécessite que les services de santé et les services sociaux apportent des solutions intégrées conformes aux conventions internationales relatives au contrôle des drogues, aux obligations en matière de droits de l'homme et aux objectifs de développement durable".
Le ministre Amadou Adamou Souley n'a pas manqué de mettre en exergue que s'il est évident que la réponse pénale ne peut plus constituer la seule parade contre les trafics, il n'en reste pas moins que la drogue et les substances illicites dans le contexte de nos pays, alimentent la criminalité et l'insécurité, et entravent de ce fait le développement économique de ceux-ci. " Le trafic et l'usage illicite mettent en péril les droits humains et font courir des risques considérables à la santé publique, car ils tuent environ 200.000 personnes chaque année, brisent des familles, détruisent la vie de milliers de personnes et provoquent l'insécurité et la propagation du VIH", a souligné le ministre de l'Intérieur qui a rappelé que c'est conscient de la gravité du phénomène que l'Assemblée Générale de l'ONU a recommandé aux Etats le recours à une série de mesures relatives notamment à l'amélioration de l'accès aux traitements et aux programmes de prévention, à l'adoption des mesures soutenues de prise en charge des conséquences stupéfiants, sanitaires qu'engendre l'abus et au renforcement de la justice pénale.
"Notre pays qui est confronté à ces risques majeurs est en effet devenu un grand espace de transit pour de nombreux trafics très négatifs et déstabilisateurs du point de vue du développement socio-économique, financier et sanitaire. Bien qu'il ne soit pas producteur de substances illicites et de drogues, les statistiques des services de répression révèlent que d'importantes quantités de drogues sont de plus en plus saisies par les forces de sécurité. Je voudrais rappeler à cet égard qu'au titre de l'année 2022, la valeur marchande approximative des drogues saisies en 2021, sur l'ensemble du territoire national a été estimée à environ vingt-six milliard quatre-vingt-neuf million trente-sept mille (26.089.037.000) FCFA. Ce résultat est tout à l'honneur des forces de sécurité dont il faut saluer les efforts dans cette lutte, particulièrement l'OCRTIS, pour son professionnalisme dans la conduite des opérations, de la saisie jusqu'à l'incinération des produits illicites et les drogues". M. Amadou Adamou Souley, Ministre de l'Intérieur et de la Décentralisation.
Le Niger engagée dans la dynamique mondiale de lutte contre les drogues
Peu après les différentes allocutions, les autorités ont procédé à l'incinération symbolique des drogues saisies par les juridictions de Niamey au titre des années 2022, et 2023. Il s'agit notamment de:
- Cannabis : 945 briques, 21. 651, 76 grammes, 06 Boulettes et 02,38 cracks
- Tramadol : 465.845 comprimés
- Cocaïne : 72 boulettes,
- Cracks : 725, 82 grammes et 97 doses ;
- Exol : 19.001 comprimés,
- Diazepam : 16.177 comprimés
- Rivotril : 120 comprimés
- Carbonate de sodium sal : 10 tonnes et 5 sacs
- Codeiné: 08 Flacons
- Rohypnol : 825 Comprimés
- Codeiné : 08 flacons cartons
- Divers : jopan 935, Artalge 04 comprimés, Trajado 13, Comprimés et Mycold 02 Comprimés.
Selon le Président de la CNCLD, les drogues incinérées sont celles qui ont fait l'objet de décision de confiscation en vue de destruction, rendues par les juridictions de la ville de Niamey. "En voyant ces quantités de drogues partir en fumée, nous devons avoir à l'esprit que nous sauvons aussi la vie de plusieurs de nos jeunes", n'a pas manqué de se féliciter M. Ousmane Baydo.
Il convient de noter que cette activité initiée par la Commission Nationale de Coordination de Lutte Contre la drogue (CNCLD) et l’ONUDC s'inscrit dans le cadre de la célébration de la Journée internationale de la lutte contre l'abus des drogues et des substances illicites qui a été instituée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 07 décembre 1987. Elle vise à travers diverses actions, a incité les Etats à s’engager dans la dynamique de la lutte mondiale contre ce fléau au regard des dégâts qu’il cause sur la santé des individus et ses conséquences sur la paix, la sécurité et le développement.
A.K.Moumouni (actuniger.com)
Commentaires