Projet régional d'appui à la vaccination: avec le soutien de la KFW, l'Unicef renforce les systèmes de santé communautaires au Bénin et au Niger
En marge de l’atelier régional d’évaluation des interventions soutenues par la KFW et mis en œuvre par l'UNICEF pour atténuer l’impact des maladies transmissibles (COVID-19, maladies évitables par la vaccination, paludisme) et de la Santé communautaire au Bénin et au Niger, qui s'est déroulé à Niamey du 24 au 28 avril 2023, une mission conjointe des responsables sanitaires ainsi que des bureaux de l'Unicef des deux pays, a effectué, jeudi 27 avril 2023, une visite de terrain à Kodo, un village du département de Boboye, dans la région de Dosso. Au cours de cette visite à laquelle ont également pris part les autorités régionales, départementales et coutumières, les membres de la délégation ont pu s'enquérir de l'impact des interventions et des réalisations mis en œuvre dans le cadre du Projet régional « Appui à la logistique des vaccins au Niger et au Bénin », financé par la banque allemande KFW. Une visite de terrain qui a permis également de tirer des leçons enrichissantes et donc d'enrichir le partage d'expérience entre les deux pays afin de renforcer l'impact pour les populations de cette initiative qui a déjà produit des résultats satisfaisants qui mérite d'être consolider afin d'atteindre les objectifs visés à travers ce Projet, comme l'ont estimé les membres de la mission conjointe à l'issue des travaux de l'atelier et de la visite de terrain.
Kodo, un village de la commune de Fakara, dans le département de Boboye (Région de Dosso), fait parti de la zone d'intervention du Projet régional « Appui à la logistique des vaccins au Niger et au Bénin », financé par la banque allemande KFW. C'est donc tout naturellement qu'il est tout indiqué pour servir de cadre pour une visite terrain aux participants à l’atelier régional d’évaluation des interventions soutenues par la KFW et mis en œuvre par l'UNICEF pour atténuer l’impact des maladies transmissibles (COVID-19, maladies évitables par la vaccination, paludisme) et de la Santé communautaire au Bénin et au Niger, que la capitale nigérienne a abrité du 24 au 28 avril 2023.
A cette occasion et pour marquer l'évènement, une cérémonie de distribution de Moustiquaires Imprégnées à Longue Durée d’Action (MILDA) a été organisée en présence des membres de la délégation conjointe et qui est composée des responsables du Bureau régional Afrique de l'ouest et du centre ainsi que des représentations au Niger et au Bénin de l'UNICEF, des cadres du ministère de la Santé publique, de la Population et de l'Action sociale du Niger ainsi que leurs homologues du ministère de la Santé Publique de la République du Benin. C'est le Secrétaire général du Gouvernorat de la Région de Dosso, M. Soumana Karimoune qui a présidé la cérémonie de lancement officiel de distribution des moustiquaires MILDA aux populations du village de Kodo qui se sont massivement mobilisées pour la circonstance. Le choix du département du Boboye pour lancer cette campagne n'est pas fortuit car selon les statistiques du Ministère de la Santé Publique, de la Population et des Affaires Sociales, le département de Boboye a le plus fort taux de mortalité dû au paludisme. Selon le Directeur régional de la Santé publique de Dosso, cette opération va d’ailleurs concerner quatre (4) districts sanitaires de la région de Dosso (Dioundou, Gaya, Tibiri et Boboye) et touchera quelques 218.904 ménages estimés autour de 1.719 villages.
Une situation alarmante aggravée par la crise de la Covid-19
Dans le discours de lancement officiel de l'opération de distribution, le Secrétaire général de la Région de Dosso a rappelé la situation alarmante qui prévaut au niveau national avec, d'après les estimations de l’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS), qui estime à environ 6,3 millions de cas de paludisme enregistrés au Niger, soit 3% de la morbidité mondiale du paludisme. Plus inquiétant encore, 4% des décès dus au paludisme dans le monde surviennent du Niger. "La situation du paludisme est encore plus grave quand on sait que 50% des cas qui surviennent dans notre pays sont des enfants de moins de 5 ans et que 58% des décès qui surviennent sont encore des enfants de moins de 5 ans", a déploré M. Soumana Karimoune avant de rappeler qu’à l'instar des autres pays de la planète, le Niger a aussi été rudement affecté par la pandémie de la COVID 19 avec toutes les conséquences socio-sanitaires et économiques qui en ont résulté. Ainsi, a-t-il souligné, plusieurs indicateurs dans le cadre de l'utilisation des services de santé n'ont pas connu l'évolution souhaitée. "Les indicateurs de la vaccination de routine n'ont pas échappé à cette situation comme en témoigne l'épisode après COVID marqué par la recrudescence des épidémies de certaines maladies évitables par la vaccination comme la rougeole la diphtérie et la coqueluche. Fort heureusement et malgré cette crise engendrée par la pandémie du Covid-19, nous avons bénéficiés dans la région de Dosso des interventions multisectorielle du Projet intitulé : Appui à la logistique des vaccins au Niger et au Benin qui vise à accroitre les capacités nationales à atténuer transmissibles des (COVID-19, maladies paludisme, maladies évitables par la vaccination", a fait savoir M. Karimoune. Le SG de la région a saisi l'occasion pour rappeler que dans la mise en oeuvre du Projet, la région de Dosso a bénéficié d'importants investissements comprenant notamment le renforcement de la logistique dans le cadre de la vaccination de routine et la vaccination contre COVID 19; la dotation des Centres de santé intégrés d'ouvrages d’assainissement; l'appui à l'extension de la couverture sanitaire à travers les activités des relais communautaires qui sont dans des villages éloignés des formations sanitaires ainsi que la distribution des moustiquaires imprégnées d'insecticides à longue durée d'action aux femmes enceintes et aux enfants de moins de neuf (9) ans. En ce qui concerne ce dernier point, objet d'ailleurs de la cérémonie de Kodo, M. Soumana Karimoune a indiqué que la région a bénéficié de 560.000 moustiquaires, ce qui va permettre de couvrir tous les enfants de moins de neuf (9) ans et les femmes enceintes relevant de quatre districts sanitaires ciblés à savoir Gaya, Tibiri, Dioundiou, et Boboye. "Vous comprenez bien que c'est avec une grande satisfaction que nous lançons au nom du Gouverneur de la région à partir de Kodo les activités de distribution des MIILDA, qui cinq jours durant vont toucher dans la région de 218.904 ménages estimés autour de 1719 villages. Nous comptons beaucoup sur la détermination de tous les acteurs mobilisés autour de cette activité pour que les objectifs visés soient atteints", a-t-il déclaré avant de réitérer, au regard des actions dont la région a bénéficié, ses sincères remerciements à I'UNICEF et à la coopération allemande qui a bien voulu financer ce projet à travers la KFW. "Nous souhaitons que la mise en œuvre de ce projet se poursuive pour que cela permette de renforcer la résilience globale des populations", a souhaité, à la fin de son intervention, M. Soumana Karimoune, Secretaire général de la Région de Dosso.
Des interventions à fort impact saluées par les bénéficiaires
Après la cérémonie officielle de lancement, la délégation s’est rendue dans un ménage du village pour procéder à une remise symbolique de moustiquaires. "C'est un réel plaisir de recevoir ces deux moustiquaires imprégnées pour moi et mon enfant. Cela va nous protéger des moustiques et donc du paludisme qui constitue vraiment une véritable préoccupation pour nous les parents car nous connaissons les conséquences qui peuvent conduire au décès non seulement des enfants mais aussi des grandes personnes", s'est réjouie Mme Adama Illiassou, 24 ans et mère de quatre (04) enfants après avoir reçu son lot. Un autre récipiendaire, Mme Haoua Abdou, a aussi voulu témoigner et exprimé toute sa gratitude aux initiateurs de ce projet. "Avant nous étions obligés d'acheter des moustiquaires au marché, ce qui est difficile et surtout qu'ils ne sont pas de bonne qualité. Depuis l'ouverture du Centre de santé intégré (CSI) dans notre village et grâce à l'appui de ce projet, nous recevons gratuitement des moustiquaires lors des consultations pré ou post natales et mieux encore la construction de ce CSI nous soulage beaucoup car avant, nous devons parcourir plus d'une dizaine de kilomètres à pied pour nous faire consulter", a-t-elle déclaré.
Les membres de la délégation ont profité de cette opération pour échanger avec les différents acteurs ainsi que les bénéficiaires des interventions du Projet à l'image de M. Hama Abdou, relais communautaire qui fait une grande démonstration de son quotidien qui consiste à sensibiliser les populations et en particulier les femmes sur leur santé ainsi que celle de leurs enfants. "Je m’occupe des enfants de 2 à 59 mois. Je sensibilise la communauté sur les Pratiques Familiales Essentielles (PFE) et je mets à chaque fois l'accent sur la prévention contre le paludisme, la diarrhée et la pneumonie car ce sont des maladies mortelles mais qu'on peut éviter avec la vaccination", a-t-il expliqué en s'appuyant sur ces différents supports de communication.
Hama Abdou, relais communautaire
Pour le Directeur régional de la Santé publique de Dosso, Dr Mahamane Mamane Sani, "cette opération de distribution de moustiquaires imprégnées (MILDA) dont la cible sont les enfants de la tranche d'âge 0-9 ans, mais aussi les femmes enceintes est d'une importance capitale en ce sens qu'elle va contribuer à la prévention du paludisme, maladie qui est la première cause de décès ici au Niger. Je pense que c'est une activité supplémentaire qui permettra de renforcer la prévention contre cette maladie". Il a saisi l'occasion pour remercier les partenaires notamment l'UNICEF et la KFW qui ont bien voulu appuyer les efforts du gouvernement pour l'amélioration de la santé de la population. "Je tiens à rappeler qu'à travers ce projet, c'est tout un paquet d'interventions dont a bénéficié la région car en plus de la lutte contre le paludisme, il y a d'autres activités destinées à améliorer le taux de vaccination des populations. La vaccination, c'est indispensable pour promouvoir le bien-être des enfants mais aussi des femmes et globalement de toutes les personnes. Et c'est pourquoi cela a été une priorité de tous les temps pour les autorités en particulier la vaccination des femmes et des enfants qui sont les cibles du Programme élargi de vaccination (PEV) au Niger et dont l'UNICEF est depuis fort longtemps l’UNICEF, le partenaire majeur et principal qui nous vient en appui", a ajouté Dr Mamane Sani.
Au cours de la visite, les membres de la délégation ont visité les différentes réalisations dont a bénéficié le village de la commune de Kodo dans le cadre de la mise en œuvre du projet notamment le Centre de santé intégré (CSI) qui a bénéficié d'un important appui. Au niveau du site de vaccination, de la chambre froide ainsi que du poste d'eau autonome d'un débit de 15,49 m3/heure avec un réservoir 10 m3 ainsi que pour les latrines, ils ont échangé avec les principaux responsables ainsi que les bénéficiaires. "Le centre de santé intégré (CSI) de Kodo est de création récente puisque sa construction ne date que deux ans. A travers ce projet, l’UNICEF nous a appuyé particulièrement en matière d'accès à l'eau et à l'assainissement qui faisait défaut. Cela a considérablement permis d'améliorer la santé de la population car l'accès à l'eau potable et à l'assainissement est indispensable pour promouvoir l'hygiène et tant qu'il n'y a pas d'hygiène, il y aura le développement de diverses maladies ce qui s'accompagne indéniablement de conséquences dévastatrices pour le bien-être, et même la vie des populations" a mis en évidence M. Saidou Adamou, maire de la commune rurale de Fakara, dont relève le village de Kodo, et qui n'a pas tari d'éloges, tout au long de la visite, à l'impact des interventions du projet pour l'amélioration de la santé des populations de la commune.
La mission conjointe satisfaite des résultats des interventions sur le terrain
A la fin de la visite de terrain, c'est un sentiment de satisfaction qui a animé les membres de la délégation. La mission a été, en effet, assez enrichissante au regard de ce qu'ils ont constaté sur le terrain mais aussi des échanges avec les autorités régionales et locales ainsi que les populations bénéficiaires des interventions du Projet "Appui à la logistique des vaccins au Niger et au Benin", financé par la KFW et mis en œuvre par l'UNICEF. "J'ai été assez impressionné de ce que j'ai vu au cours de cette visite notamment ce qui se passe au niveau du Centre santé avec des services complets notamment des activités curatives, de promotion, de prévention ainsi que de sensibilisation des pratiques familiales essentielles (PFE) et tout ce qui a trait à la santé des populations. Le tout avec la participation des communautés et un fort engagement des autorités qui y accordent un intérêt particulier, ce qui est une bonne chose. J'ai été particulièrement émerveillé par la manière avec laquelle les responsables de la santé et les autorités sensibilisent les populations sur l’utilisation de la moustiquaire imprégnée et aussi des conseils qu’elles donnent pour la fréquentation des centres de santé", a témoigné Dr Blaise Guezo Mevo Directeur Général de l’Agence Nationale de soins de Santé Primaire (ANSSP) au Ministère de la Santé du Bénin, qui sur ce dernier point, a reconnu des similitudes dans les approches au niveau des deux pays voisins. "Comme je l'ai souligné lors de l'atelier, ce projet est venu booster nos systèmes de santé car cela a permis de renforcer particulièrement la logistique de vaccination par le biais d'acquisition de matériel roulant ou de chaîne de froid qui sont indispensables pour accroitre le taux d'accès des populations aux vaccinations mêmes dans les zones les plus difficiles d'accès. Nous avons aussi profité pour former et renforcer les capacités des principaux acteurs de la chaine de vaccination à savoir les relais communautaires et les agents de santé. L'appui du Projet nous a également permis d'organiser des campagnes de rattrapage pour que les enfants qui n'étaient pas vaccinés puissent en bénéficier et mieux nous avons aussi renforcé nos actions au niveau de la santé communautaire comme nous l'avons constaté lors de cette visite. Dans l'ensemble, un travail formidable a été fait et nous nous félicitons de ce Projet qui est venu à point nommé pour renforcer nos systèmes de santé que ce soit au Niger et également au Bénin", a indiqué Dr Blaise Guezo Mevo.
Dr Blaise Guezo Mevo
Des sentiments partagés par le Directeur régional de la Santé publique de Dosso, Dr Mahamane Mamane Sani pour qui, l'atelier d'évaluation ainsi que cette visite de terrain a été une très bonne opportunité pour échanger sur tout ce qui a été fait dans le cadre du Projet. "Nous avons partagé des expériences, tiré ensemble des leçons, identifié les défis et toujours ensemble, nous avons essayé de trouver des réponses adaptées pour faire face à ces défis, pour pouvoir les relever ensemble", a-t-il souligné avant d'ajouter que "l'important est que nous puissions ensemble, et avec l'appui de nos partenaires, agir et coordonner nos efforts pour le bien-être de nos populations et atteindre les objectifs assignés notamment dans le cadre de l'atteinte des objectifs de développement durable (ODD) dans le domaine de la santé". Selon lui, un élément extrêmement important à mettre en exergue et que le Projet à contribuer à renforcer, au delà des autres interventions, c'est aussi la pleine implication une plus grande contribution des communautés dans la réalisation des différentes actions dont elles se sont d'ailleurs appropriées à travers la sensibilisation, la formation et le renforcement des capacités particulièrement les relais communautaires qui jouent un rôle important en la matière. "Nous avons une faible couverture sanitaire car beaucoup de population n'ont pas accès géographiquement parlant à des formations sanitaires. Alors nous avons renforcé les capacités des relais issus des communautés et qui offrent des soins à leur niveau, surtout des soins curatifs, mais aussi des soins préventifs et promotionnels à la population. Je pense que c'est une très bonne chose et que nous devons pérenniser cette approche afin de permettre à toute la population du Niger d'avoir accès aux soins tout comme ceux des autres pays voisin dans le cadre de projet commun comme celui-ci mis en œuvre par l'UNICEF avec le soutien financier de KFW dont nous saluons l'initiative pour laquelle nous plaidons pour sa poursuite et son renforcement au vu des résultats satisfaisants obtenus", a-t-il conclu.
Opération " Grand Rattrapage" post-Covid de vaccination
Il importe de souligner que l’atelier régional d’évaluation des interventions soutenues par la KFW et mis en œuvre par l'UNICEF pour atténuer l’impact des maladies transmissibles (COVID-19, maladies évitables par la vaccination, paludisme) et de la Santé communautaire au Bénin et au Niger, a été initié par le Bureau régional pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, basé à Dakar, au Sénégal. Il s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du Projet "Appui à la logistique des vaccins au Niger et au Benin" avec comme principaux objectifs, d'évaluer les résultats atteints, les défis rencontrés ainsi que les leçons apprises pour renforcer les performances des programme concernés. Le but est de capitaliser cette expérience tant du point de vue programmatique que managérial ainsi que les mécanismes de coordination et de renforcement mutuels entre les 2 pays. Il convient aussi de noter que l'atelier, qui a réuni les responsables sanitaires et en charge de la mise en œuvre du projet du Bénin et du Niger ainsi que les représentants du Bureau de l'Unicef au niveau des deux pays, a coïncidé avec la Semaine Africaine de la Vaccination qui a été placée cette année sous le thème: « Le grand rattrapage » avec l'ambition, de manière globale, de rattraper les enfants qui ont manqué les services de vaccination au cours des 3 dernières années du fait de la pandémie de la COVID 19.
M. Abdoul Karim (actuniger.com)
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