Insécurité : 3 morts et 2 blessés graves dans une violente attaque dans les villages de Tsoungoulma et Mairounfa (Maradi)
3 morts, 2 blessés graves et un nombre indéterminé d'animaux emportés dans deux villages, c'est le triste bilan de la violente attaque essuyée la nuit du jeudi 18 août par les localités de Tsoungoulma et Mairounfa dans la commune de Tibiri, région de Maradi. L’attaque a été perpétrée par des bandits lourdement armés, venus en grand nombre, selon plusieurs sources sur place.
Vers 23h, des hommes armés sont arrivés au village de Tsougoulma où ils ont tiré à mort sur un adolescent qui a eu la mauvaise idée de braquer sa lampe sur eux et un autre jeune blessé par balle presque dans les mêmes conditions. Les deux autres morts ont été enregistrés au village de Mairounfa où les habitants de Tsougoulma étaient partis se réfugier, sans savoir que celui-ci était déjà encerclé par des bandits. Sur place 2 personnes tuées et 1 blessée, toutes ayant eu la malchance de croiser leur chemin. Des témoins des villages alentours comme Toda affirment avoir entendu 6 grosses detonations, preuve de la puissance avec laquelle les bandits avaient débarqué. Dans le village de Tsoungoulma, les bandits étaient directement allés chercher le chef du village, heureusement pour lui, il avait passé la nuit à Guidan Roumdji, auprès d'un parent malade.
Les soldats de l'opération Faraoutar bushiya, aussitôt alertés, se sont lancés à la poursuite des bandits... Pour les habitants de Tsoungoulma, cette sanglante vendetta n'a rien à voir avec les "attaques classiques" des petits groupes de 5 à 7 bandits, mais relèverait plutôt d'une véritable opération de vengeance mûrement planifiée. En effet, celle-ci survient un jour seulement après qu'un jugement par le Tribunal de Guidan Roumdji ait été prononcé entre le chef du village de Tsougoulma et un éleveur. Les animaux de ce dernier, une trentaine de petits ruminants, avaient détruit quelques jours auparavant le champ d'un agriculteur.
Un premier règlement à l'amiable a eu lieu chez le chef du village de Tsoungoulma où l'éleveur avait accepté de payer 500 F par tête pour les dégâts causés, soit 15 500F pour l'ensemble des dégâts. N'étant pas venu avec la liquidité, deux des animaux avaient été gardés pour gage, par le chef du village pour les lui remettre après le paiement de la contravention. Le jour suivant l'une de bêtes, une chèvre mal en point était sur le point de crever. N'ayant pas pu joindre l'éleveur pour l'en informer, le chef du village ordonna de l'égorger et de vendre la viande. La chèvre a été vendue à 14 500F.
Ayant pris connaissance de la nouvelle situation, l'éleveur partit se plaindre auprès du chef du groupement peul de Toda qui, à son tour porta l'affaire devant le Tribunal de Guidan Roumdji, où l'éleveur aurait exigé des dommages de 300 000F pour une chèvre égorgée. Au jugement, après avoir eu recours à l'expertise d'un "dillali" pour estimer réellement la valeur d'une chèvre, suivant les caractéristiques données par l'éleveur lui-même, le chef du village de Tsoungoulma fut condamné à payer 36 000F pour avoir séquestré et égorgé une chèvre mourante, un délit qu'il n'aurait pas dû commettre au regard de la loi.
Après cette sentence, à Guidan Roumdji, tout comme à Tibiri, l'on pensait que l'affaire était définitivement réglée. Mais voilà que la même nuit, une garnison entière de bandits armés envahit le village de Tsoungoulma, cherchant en priorité le chef, avant de tirer sans ménagement sur ses sujets et emportant au passage les animaux des deux villages. A Tsoungoulma, cette attaque, la première du genre étant donné les moyens humains et matériels engagés, est plutôt perçue comme une véritable opération de représailles.
Le Souffle de Maradi
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