3e Sommet des Filles Africaines : un Pré-sommet de plaidoyer des jeunes filles contre les pratiques néfastes
En prélude au 3e Sommet des Filles Africaines qui se tiendra du 16 au 18 novembre 2021 à Niamey, la capitale nigérienne abrite depuis hier samedi 13 novembre, un Pré-sommet des jeunes filles sur l’élimination des pratiques néfastes. Durant deux jours, les jeunes filles venues de tout le continent ainsi que du monde rural vont échanger et discuter avec les décideurs politiques, les responsables des organisations de la société civile et féminine, les représentants des partenaires techniques et financiers ainsi que les leaders traditionnels et religieux sur les voies et moyens permettant de mettre fin à ces pratiques et par la même occasion, faire entendre la voix des principales concernées afin que soient garanties les conditions de l’accomplissement effectif des droits des filles.
C’est la ministre de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant, Mme Alhahoury Aminata Zourkaleini, qui a procédé au lancement officiel du Pré-sommet des jeunes filles africaines au cours d’une cérémonie qui s’est déroulée le samedi 13 novembre au Centre International des Conférence Mahatma Ghandi de Niamey. On notait la présence à cette occasion, de la Directrice du Département de la Santé, des Affaires humanitaires et du Développement sociale de l’Union Africaine (UA), Mme Cissé Mariama Mohamed, des responsables des institutions nationales ainsi que des députés nationaux, des représentants du corps diplomatique, des organisations internationales et des partenaires techniques et financiers. On notait également la présence à l’évènement des cadres centraux et régionaux du ministère en charge de la promotion de la femme et de la protection de l’enfant, des représentants de l’Association des Chefs traditionnels du Niger, des leaders religieux et autorités locales ainsi que des représentants des organisations de la société civile.
Des progrès mais aussi des défis
A l’entame de la cérémonie, le Directeur pays de Care International Niger, M. Ben Mabrouk Abdallah, a pris la parole au nom de la Plateforme mettre fin au mariage des enfants (End Child Marriage Now, ECFM) dont il assure le lead, pour se féliciter de l’organisation de ce 3e Sommet des Filles Africaines au Niger. « Cela nous offre une opportunité unique de rassembler les jeunes et les décideurs africains au Niger pour, non seulement, examiner les progrès réalisés depuis les deux sommets précédents, tenus en Zambie en 2015 et au Ghana en 2018, mais également, analyser les défis et nous engager à les relever », a-t-il ajouté.
Le Directeur pays de Care International a ensuite rappelé que la plateforme « Mettre fin au mariage des enfants », qui a vu le jour en mars 2017, « est un cadre de mutualisation et de coordination regroupant plus de 60 organisations nationales, internationales, coopérations bilatérales et multilatérales, les Agences des Nations Unies ainsi que certains départements ministériels notamment celui de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant , engagées pour accélérer l'éradication du mariage des enfants au Niger et la promotion des droits des jeunes filles ». Il a en ce sens fait savoir que la Plateforme ECFM a un leadership tournant avec des co-leads assurant la coordination, le secrétariat et le suivi de la mise en œuvre du plan d'actions. A juste titre, M. Ben Mabrouk Ben Abdellah a profité de l’occasion pour saluer les efforts et les sacrifices fournis par chaque membre de la Plateforme pour la réussite de ce pré-sommet des jeunes filles.
Depuis 2015 lors du lancement de la campagne de l'Union Africaine « End Child Marriage Now », a poursuivi le Directeur pour le Niger de Care International, « le Niger a fait d’énormes progrès en matière de lutte contre le mariage des enfants ». Néanmoins, a-t-il reconnu, « il reste encore des efforts à déployer car trop de jeunes filles continuent d'être mariées à bas âge dans le monde entier et en Afrique, particulièrement au Niger ou 3 filles sur 4 sont mariées avant leur 18ème anniversaire ». Pour le chef de file de la Plate-forme EFCM, « cette situation renforce les inégalités de genre avec d'énormes conséquences sur les indicateurs socio-économiques du pays ». En effet, a-t-il précisé, selon l'étude de la Banque Mondiale réalisée en 2018 sur l'impact économique des inégalités entre les genres au Niger, la réduction de cette inégalité pourrait faire croitre le PIB par habitant de plus d'un quart au Niger d'ici 2030. Cependant, « les investissements dans l'éducation des filles et la réduction du mariage des enfants sont essentiels pour atteindre ces objectifs ». C’est pourquoi, au nom des organisations membres de la Plateforme, il a souligné compter sur le soutien de la Ministre et de l’ensemble de son département pour que « les questions des droits des filles restent au niveau le plus élevé des priorités du gouvernement ». En ce sens, M. Ben Mabrouk Abdallah s’est réjouit du fait que le Président de la République, SEM. Bazoum Mohamed, en a déjà planté le décor dans son discours d'investiture. « Les organisations membres de la Plateforme, par ma voix, vous assurent de leur disponibilité et de leur engagement pour que les filles du Niger aient un meilleur avenir qu’être mariées avant l’âge de 18 ans », a enfin, assuré le chef de file de la Plateforme ECFM à la ministre de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant.
Faire entendre la voix des filles
En procédant à l’ouverture officielle du Sommet, la ministre de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant, a tenu tout d’abord à saluer la chaleureuse bienvenue à toutes les délégations ainsi qu’à tous les participants et participantes à ce 3e Sommet des Filles Africaines qu’accueille la capitale nigérienne. Elle a ce sens transmis toute la gratitude des autorités et du peuple nigérien à l’Union Africaine (UA) pour avoir honoré le Niger en lui confiant l’organisation de cet important évènement, ainsi qu’à tous les partenaires techniques et financiers pour leur accompagnement dans la réussite de cette rencontre. « La cérémonie qui nous réunit aujourd’hui, consacre l’ouverture du Pré-Sommet des Jeunes Filles Africaines et cet important événement va permettre de jeter les bases d’une parfaite réussite du 3e Sommet », a souligné Mme Alhahoury Aminata Zourkaleini, qui a saisi l’occasion pour assurer les participants et l’ensemble des partenaires que les plus hautes autorités du Niger, au premier rang desquelles, le Président de la République SEM. Bazoum Mohamed et le Premier ministre SEM. Ouhoumoudou Mahamadou, accordent une grande importance à cette rencontre.
L’Union Africaine (UA), dont le Niger fait partie, a placé la question de la Femme et de la Fille parmi les piliers centraux pour atteindre l’objectif « l’Afrique que nous voulons d'ici à l’horizon 2063 », a rappelé la ministre Aminata Zourkaleini qui a ajouté, par la même occasion, que le premier plan décennal 2013-2023 de la mise en œuvre de l’Agenda 2063 démontre qu’avoir des citoyens africains bien éduqués est une condition préalable pour une Afrique prospère et stable. En outre, a poursuivi la ministre, la Commission de l'Union Africaine s'emploie à promouvoir l'égalité des sexes grâce aux cadres politiques et juridiques assignés à l'Agenda 2063.
Dans son allocution, la ministre de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant n’a pas manqué de relever qu'un certain nombre de politiques, programmes et projets ont été élaborés et mis en œuvre par les pays africains, avec l’appui des partenaires au développement pour traiter des questions de l'éducation des filles, y compris les Violences Basées sur le Genre (VBG), notamment dans les situations de conflits et de post-conflits. Aussi, a-t-elle ajouté, les projets phares de l’Agenda 2063, notamment la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAf) constituent une opportunité pour renforcer l'autonomisation économique des Femmes et des Filles. « L’objectif de ce Pré-sommet est donc de préparer les jeunes pour une participation de qualité au 3e Sommet des Filles Africaines et de rédiger des points forts pour le plaidoyer », a indiqué la ministre Aminata Zourkaleini, qui a, pour l’occasion, rappelé qu’ à l'issue du pré-sommet, il est attendu que « les organisations des jeunes soient outillées pour participer activement aux panels et aux réflexions, ainsi qu’à la formulation des recommandations pour la lutte contre les Pratiques Néfastes, y compris le mariage d’enfants ».
S’indigner avec les filles contre les pratiques néfastes
Peu après la cérémonie solennelle d’ouverture, les travaux du Sommet sont entrés dans le vif du sujet avec la présentation en plénière des objectifs de la rencontre, la méthodologie de travail ainsi que les modalités pratiques. La plénière s’est par la suite poursuivie par une introduction par le Professeur Saley Boube Bali, Directeur de l’Institut national nigérien des arts et de la culture (INAC) des thématiques et sous-thèmes du Sommet.
Les travaux se sont poursuivis avec des travaux en sous-groupes avec l’organisation de plusieurs panels portant, entre autres, sur « la voix des filles dans la prise de décision pour mettre fin au mariage des enfants et aux mutilations génitales » ; « mettre l’éducation des filles au service de l’Afrique que nous voulons » ; « l’impact de la Covid-19 sur les filles et les femmes : une réponse intégrée » ainsi que « l’amélioration du financement et du partenariat pour mettre fins aux pratiques de néfastes » ; « l’engagement des jeunes avec les Etats membres sur l’action et la responsabilité pour mettre fin aux pratiques néfastes » et « du langage à l’action : lutter contre les stéréotypes et les normes négatifs qui perpétuent les pratiques néfastes ».
Durant les deux jours de travaux, les participants vont également assisté à des séances de témoignage ainsi qu’à « la Fada des filles » qui a été une occasion pour « s’indigner contre l’exploitation des filles par la mendicité, le commerce ambulant et le travail domestique ». A l’issue des travaux, les résultats des différents panels seront restitués en séance plénière qui procédera à l’adoption des conclusions ainsi que l’élaboration des recommandations et des résolutions quoi seront soumises au Sommet.
Pour rappel, ce Pré-Sommet a été organisé par la Plateforme ECFM Niger qui inclue le Gouvernement du Niger, les Agences des Nations Unies (SNU), les ONG internationales et nationales ainsi que les Fédérations des Femmes Mata Masu Dubara (MMD) en collaboration avec GNB. Il est porté par des jeunes leaders engagés dans la lutte pour l’élimination du mariage des enfants avec comme principal objectif, selon les organisateurs, « d’engager les discussions préalables au sommet avec les différentes parties prenantes afin de proposer des recommandations et résolutions à présenter lors du sommet ». Plus précisément, il sera question durant les deux jours de travaux, d’offrir un cadre d’échange entre les organisations des jeunes filles, les Oulémas et les chefs traditionnels des différentes régions du Niger pour engager des discussions et jeter les jalons de l’opérationnalisation des résolutions et recommandations qui seront présentées et adoptées lors de ce Sommet de Niamey. C’est pourquoi, en plus des filles représentants les pays membres de l’UA qui sont présentes à Niamey pour participer aux échanges et discussions sur l'élimination des pratiques néfastes, plus de 200 filles nigériennes issues des zones défavorisées ont pris part à ces échanges en ligne et ont également partagé leur opinion afin que leurs voix soient également prises en compte.
Le 3e Sommet des Filles Africaines se tiendra du 16 au 18 novembre 2021 au Centre International des Conférences Mahatma Gandhi de Niamey sous le thème : «Culture, Droits Humains et Responsabilité : Accélérer l’Elimination des pratiques néfastes ». La cérémonie d’ouverture sera présidée par le Président de la République du Niger SEM. Bazoum Mohame, qui prononcera une importante allocution, et en présence de délégations de haut niveau de l’UA, des pays membres ainsi que des partenaires et organisations internationales engagées dans la promotion des droits des filles.
M.Adboul Karim (actuniger.com)
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