Justice : Chaibou Moussa promu procureur de la République près le Tribunal de grande instance hors classe de Niamey
Le procureur du Tribunal de grande instance de Zinder, le magistrat à la sulfureuse réputation, Chaibou Moussa, vient d’être nommé Procureur de la République près le Tribunal de grande instance hors classe de Niamey (TGI/HC). Il remplace à ce poste Maman Sayabou Issa qui s’en va rejoindre la Cour d’Appel de Niamey comme Substitut général après juste deux années à la tête du parquet du TGI/HC de la capitale.
C’est l’une des nominations décidées à la suite de la dernière session du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) du lundi 27 septembre dernier et qui va certainement faire le plus de vagues ! Le magistrat Chaibou Moussa, jusque-là procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Zinder, a été nommé en cette même qualité près le Tribunal de grande instance hors classe de Niamey où il remplace Maman Sayabou Issa qui a été lui nommé substitut général près la Cour d’Appel de Niamey cumulativement avec ses fonctions de Substitut général près le Pôle judiciaire spécialisé en matière économique et financière près la dite Cour.
Le nouveau chef du ministère public du TGI/HC de Niamey a défrayé la chronique ces dernières années avec plusieurs affaires qui ont beaucoup nui à la notoriété de l’ancien procureur du Tribunal de grande instance de Zinder. L’une des plus retentissantes s’est passée en 2019 lorsqu’ un plaignant dans une affaire pendante au niveau du TGI de Zinder avait saisi la Haute Autorité de lutte contre la Corruption (HALCIA) et la Commission Nationale des Droits Humains (CNDH) pour mette en cause Chaibou Moussa dans une affaire de suspicion de versement de pot-de-vin qu’aurait offert la partie adverse de l’affaire afin d’obtenir les faveurs du Proc’. Des preuves d’un transfert d’argent, qui confirmeraient la dénonciation, à destination du magistrat ont même été brandies et publiées sur les réseaux sociaux et l’affaire a fait les choux gras des médias nationaux et internationaux avant de finalement faire pschitt… ! Mieux, le procureur Chaibou Moussa sera même nommé en 2020, à la veille des élections générales, Président régional de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), ce qui a aussi provoqué une levée de boucliers particulièrement dans les rangs de l’opposition.
A la tête de la CENI de Zinder, le procureur Chaibou Moussa, fidèle à sa réputation, va aussi faire des vagues. En pleine campagne électorale, il a menacé de poursuivre tout celui qui osera « brandir le Coran » en guise de mesure destinée à garantir la transparence des scrutins, une pratique religieuse pourtant bien ancrée dans les mœurs sociales et culturelles de la capitale du Damagaram. L’affaire a aussi défrayé la chronique en son temps et au lendemain de la proclamation des résultats provisoires, qui a donné lieu à des manifestations, parfois violentes de l’opposition, le procureur Chaibou Moussa n’a pas hésité à envoyer plusieurs militants de l’opposition en détention.
Il faut le dire et bien que son statut de magistrat lui impose un devoir de réserve, la proximité du nouveau Procureur du TGI/HC de Niamey avec certaines personnalités des plus influentes du parti au pouvoir n’est qu’un secret de polichinelle. Sa nomination a été d’ailleurs vu par certains comme « une promotion en reconnaissance de services rendus ».
A Niamey où les dossiers brulants ne manquent pas, Chaibou Moussa aura de quoi s’occuper et surtout de se départir de cette sulfureuse réputation qu’il traine, à tort ou à raison. « J’ai la ferme conviction que la non observance par les magistrats de leurs obligations de poursuivre et de juger de manière équitable et honnête toutes les affaires qui leur sont soumises, en répondant à des injonctions ou en faisant valoir leurs intérêts propres, est la pire des injustices, car elle est appréhendée par les citoyens et elle constitue en vérité tout simplement un acte de corruption, de trafic d’influence ou exprime une forme d’ingérence dans le travail souverain que doit accomplir le magistrat », avait déclaré le Président Bazoum à l’inauguration de la dernière Session du CSM avant de s’engager « à veiller à ce que les manquements, les fautes disciplinaires et autres atteintes à la probité des membres du corps judicaire soient traités, de façon vigoureuse, sans équivoque, conformément au statut de chaque catégorie ». Les nigériens en jugeront à l’épreuve des faits…
Ikali Dan Hadiza (actuniger.com)
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