Insécurité: déclaration de presse de la société civile de Tillabéri
Les structures de la société civile de Tillabéri, réunies ce samedi 29 février 2020 à l’effet d’examiner la situation socioéconomique et sécuritaire du Niger en général et de la région en particulier font la déclaration dont la teneur suit :
-Considérant la constitution du 25 novembre 2010 ;
-Considérant la situation sécuritaire très précaire du pays ;
-Considérant l’insécurité qui prévaut dans les régions de Tillabéri et Diffa;
-Considérant les impacts négatifs des mesures de l’état d’urgence sur les activités socioéconomiques ;
-Considérant l’interdiction de la circulation des motos de jour comme de nuit dans les départements d’Abala , Ayorou, Balleyara, Banibangou, Bankilaré, Fillingué, Gothèye, Ouallam, Say , Téra, Tillabéri et Torodi ;
-Considérant l’inefficacité de la mesure de l’Etat d’urgence relative à l’interdiction de la circulation des motos ;
-Considérant le désœuvrement des jeunes de la région du fait des mesures de l’Etat d’urgence ;
-Considérant l’incapacité du gouvernement à assurer la paix et la sécurité des vaillantes populations du Niger, en particulier celles des Régions de Tillabéri et Diffa ;
Nous, population de Tillabéri, regroupée au sein des structures de la société civile de Tillabéri:
-Fustigeons et condamnons la démission et l’absence de l’Etat sur une bonne partie de la Région de Tillabéri;
-Condamnons l’interdiction de la circulation des motos qui produit plus d’effets négatifs que positifs, dans la région et exigeons sa levée ;
-Exigeons l’intensification des patrouilles militaires pour la traque des bandits armées qui circulent librement dans plusieurs communes de la région.
Mesdames et messieurs,
Comment comprendre, qu’en dépit de l’interdiction de circuler à motos, des bandits circulent librement dans plusieurs communes au vu au su de tout le monde sans qu’il n’y ait des réactions promptes et efficaces de la part de l’Etat. Cependant ces mesures de restrictions doivent logiquement permettre aux FDS de bien identifier les malfrats qui opèrent à motos et les mettre hors d’état de nuire. Mais malheureusement, ce n’est pas le cas au vu des multiples évènements survenus depuis l’instauration de ces mesures. Cela témoigne soit de l’inefficacité de la mesure ou de sa non mise en œuvre effective qui requiert une meilleure offensive devant se traduire par une forte militarisation de la zone avec des patrouilles régulières de grande envergure. Malgré ces mesures, les attaques et les exactions ont continué contre toute attente avec des motos. Nous pouvons citer l’attaque du Camp militaire de Sinégodar le 09 janvier qui s’est soldée par 84 morts et plusieurs blessés, l’attaque de l’hôtel Hippopotame à Ayorou avec un mort le 1er février, l’assassinat de 4 personnes le 06 février à Molia (Anzourou) dont un enseignant, l’attaque de 2 enseignants gravement blessés à leur domicile la nuit du 07 au 08 février à Sanguillé et Arsilamey, l’attaque du poste de police frontalier d’Ayorou à 2 reprises les 10 et 16 février ayant occasionnées la mort de 3 policiers et d’un civil, l’attaque d’un forestier à Tangatassou non loin de la ville de Tillabéri, le 15 février et qui a rendu l’âme quelques jours après, de suite de ses blessures et la dernière en date est celle survenue à Tamou ce vendredi 28 février 2020 où 5 véhicules ont été détruits et un policier porté disparu. A toutes ces attaques s’ajoutent les différentes menaces dont font l’objet beaucoup d’enseignants et des villages entiers , sommés de quitter les lieux dans certains cas et dans d’autres, de payer l’impôt sous peine de représailles .Il n’est donc pas exagéré de parler dans ce contexte d’un Etat dans un Etat. Cela fait installer tout naturellement la psychose au sein de cette population qui se voit abandonner à son triste sort devant ces épreuves qui, à priori, ne doivent pas laisser indifférents nos décideurs.
Les structures de la société civile de Tillabéri:
-Réitèrent ses condoléances aux familles de toutes les victimes;
-Apportent son soutien aux forces de défense et de Sécurité ;
-Exigent la dotation des FDS en matériels de pointe à la hauteur de l’ennemi et l’allègement des mesures protocolaires complexes entravant souvent l’efficacité des actions sur le terrain ;
-Exigent du gouvernement l’installation d’unités d’interventions rapides dans tous les chefs-lieux des communes de la région de Tillabéri se trouvant dans les zones d’insécurité et ou d’autoriser la création des comités villageois d’auto-défense sous l’encadrement et la supervision des FDS ;
-Exigent pour une meilleure prise en charge des questions sécuritaires, la nomination des responsables militaires à la tête des départements en proie à l’insécurité ainsi que la région ;
-Exigent la levée de l’interdiction de circuler à motos au vu de son impertinence à l’épreuve des multiples faits qui le démontrent.
Mesdames et messieurs, chère population,
Les structures de la société civile de Tillabéri:
-S’indignent contre l’attitude complaisante du gouvernement à travers son communiqué laconique dans lequel il ressort clairement son intention de protéger les criminels économiques qui figurent dans le rapport de l’audit diligenté au ministère de la défense. Des criminels dont, par leurs actes, notre pays a connu les périodes les plus douloureuses de son histoire sur le plan sécuritaire;
-Interpellent le président de la République, chef de l’Etat face à cette dérive grave, qui à tout point de vu, vise à étouffer cette affaire de détournement de fonds au ministère de la défense par cette immiscions dans les affaires judiciaires ;
-Lui rappellent par la même occasion que le seul fait de rembourser les sommes détournées n’absout pas les crimes commis. Au-delà de ces sommes d’argent, le Niger a perdu des dignes fils, morts dans l’honneur en défendant la patrie avec des moyens et des ressources insuffisants parce que certains sadiques et autres sangsues ont fait mains basse sur les allocations à eux allouées;
-Exigent la publication du rapport de cet audit et la mise à la disposition de la justice, toutes les personnes impliquées dans ce crime odieux pour que justice soit faite au peuple nigérien qui a consentis d’énormes sacrifices comme le témoignent l’allocation de ressources conséquentes au budget de la défense ces dernières années au détriment des secteurs sociaux de base tel que l’éducation et la santé qui battent de l’aille pour faute de ressources. C’est d’ailleurs l’occasion pour nous d’exprimer notre désarroi et notre indignation sur ce plan au niveau régional. En effet voilà pratiquement un an que l’appareil de radiographie de l’hôpital régional de Tillabéri ne fonctionne plus pour une simple pane technique, quand on sait que la plupart des blessés de ces différentes attaques sont directement admis dans un premier temps au CHR de Tillabéri. Or, cet établissement se voit malheureusement incapable d’effectuer des examens radiographiques d’où les multiples évacuations sur Niamey qui engendrent des coûts supplémentaires sans compter les éventuelles complications qui peuvent en découler avec les prises en charges tardives des blessés. L’école quant à elle, a cessé complètement de fonctionner dans certaines localités du fait de cette insécurité qui perdure par la persistance des pratiques ignobles de nos dirigeants qui sapent l’effort des vaillants soldats sur le front. Et paradoxalement c’est dans ces conditions que le gouvernement cherche à brouiller les pistes pour subtilement protéger ces apatrides qui ont exposé ce pays à des menaces de tout genre. Diantre ! Quel mépris pour le peuple ! il suffit de faire un tour dans les différentes prisons du pays pour s’en convaincre de cette politique de deux poids deux mesures. Des citoyens condamnés à des peines de plusieurs mois voire plusieurs années de prison pour une simple tentative de vol ou pour le vol d’une maigre chèvre alors que des individus qui volent des milliards tout en livrant le pays à ses ennemis sont tapis dans l’ombre du régime qui leur assure protection et promotion. Cela constitue en outre une haute trahison et un recul grave pour notre démocratie mise à rude épreuve par ce régime fondé sur la démagogie, la gabegie, l’exclusion, l’impunité et les multiples violations des droits et libertés des citoyens comme le témoignent les dénis de liberté de manifestation et d’association dont font l’objet systématiquement les organisations de la société civile.
Mesdames et messieurs, chère population,
Sur un tout autre plan, Les structures de la société civile de Tillabéri:
-Exigent des autorités régionales et du comité national Tillabéri tchandalo, le dédommagement de toutes les personnes déguerpies sur des aménagements bâtis que sont les commerces et les habitations et exigent par la même occasion, la poursuite des travaux non encore achevés.
Mesdames et messieurs, chère population,
Les structures de la société civile de Tillabéri Remercient tous ceux qui se battent quotidiennement pour le retour de la paix dans notre pays et les exhortent à continuer dans cette lancée et demande à la population, plus de vigilance et de patriotisme en bannissant certains comportements qui entretiennent la psychose déjà installée. Ainsi le traitement et la diffusion de l’information sur les réseaux sociaux doit être stratégique en obéissant aux principes du respect de l’honneur et de la dignité des populations tout en préservant la quiétude en leur sein.
Enfin, Les structures de la société civile de Tillabéri restent plus que jamais déterminer à poursuivre la lutte pour un retour rapide de la paix dans la région. A cet effet, elles lancent un vibrant appel à l’ensemble des citoyens, épris de paix, de justice sociale à se joindre à elles pour la réussite des prochaines journées d’actions citoyennes.
- A bas ! le népotisme !
-A bas l’impunité !
-A bas les ennemis du peuple !
-Vive le Niger paisible et prospère !
-Vive la République souveraine du Niger !
-Vive la convergence citoyenne !
-Que Dieu protège le Niger et son peuple !
Amine !
Fait à Tillaberi, le samedi 29 février 2020
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