Orange Niger : entretien exclusif avec les repreneurs, Mohamed Rhissa et Moctar Thiam
Comme nous l’annoncions en exclusivité sur Actuniger, c’est l’homme d’affaires nigérien Mohamed Rhissa « RIMBO », et son associé Moctar Thiam, qui ont finalement signé un accord avec le groupe Orange pour la reprise de ses actifs au Niger. Déjà actionnaires minoritaires de l’entreprise, ils ont usé de leurs droits de préemption, conformément aux statuts, afin de sauver Orange Niger de la situation difficile qu’elle traverse depuis des années, et qui l’a poussé à quitter le marché nigérien. Malgré les risques, les deux partenaires ont décidé de tenter le pari et ainsi pérenniser l’activité et par la même occasion, sauver des dizaines de milliers d’emplois directs et indirects.
L’annonce de cette reprise a fait couler beaucoup d’encre, au Niger et ailleurs, et a donné lieu à diverses interprétations. Selon une source proche du dossier chez Orange, le choix de ces repreneurs s’est fait « en toute responsabilité » et s’explique par « l’environnement de marché au Niger ». La même source a tenu à préciser que le départ d’Orange ne veut aucunement dire la fin d’Orange Niger, et l’accord avec les repreneurs est très clair sur ce point. « Nous mettons tout en œuvre pour accompagner cette transition dans le meilleur intérêt de l’entreprise, et des salariés », souligne-t-on à Orange.
Sur les futurs repreneurs, notre source nous confirme qu’ils ont collaboré avec les repreneurs pendant toutes ces années au Niger, et avec Moctar Thiam dans d’autres opérations en Afrique de l’ouest. « Cette collaboration a toujours été d’excellente qualité. De notre point de vue ils ont une bonne connaissance de l’entreprise et sont conscients des défis à relever pour relancer Orange Niger », poursuit notre interlocuteur qui est bien placé dans les négociations et le processus en cours. « Nous travaillons avec eux pour lever toutes les conditions suspensives de la cession, nous savons par ailleurs qu’ils se préparent activement à assumer pleinement leurs responsabilités dans le cadre de la reprise. A titre d’exemple, ils s’engagent à apporter des fonds propres à l’entreprise dès la reprise », ajoute notre source à Orange Niger, qui rappelle que « notre engagement responsable est que la reprise par nos partenaires actionnaires minoritaires réussisse dans l’intérêt des femmes et des hommes et de la société Orange Niger, et au-delà du pays tout entier ».
Dans cet entretien, les deux partenaires évoquent pour la première fois, l’évolution du processus en cours pour la reprise d’Orange Niger, ainsi que leurs ambitions pour l’entreprise, les employés mais aussi pour l’Etat.
Il y a aujourd’hui beaucoup de rumeurs sur la reprise d’Orange Niger. Vous qui connaissez bien l’entreprise pour en être actionnaire, quelle est la réalité des choses ?
Moctar Thiam : Je connais effectivement l’entreprise puisque j’accompagne le Groupe Orange au capital de la société Orange Niger depuis son lancement en 2008. La société Orange Niger traverse des difficultés économiques importantes depuis plusieurs années dues au contexte de marché. Le secteur des télécommunications au Niger subit une crise persistante depuis 2015, qui se traduit par le ralentissement voire la baisse globale de la valeur du marché. Pour faire face à ces difficultés, différentes initiatives ont été mises en œuvre par les actionnaires, parmi celles-ci, la recherche par le Groupe Orange d’un partenaire capable d’accompagner le redressement et le développement de l’entreprise. Mon partenaire et moi avons décidé de participer à ce processus, et avons conclu avec le Groupe Orange un accord pour reprendre l’intégralité de sa participation au capital d’Orange Niger.
Nous travaillons actuellement avec le Groupe Orange à la levée de toutes les conditions nous permettant de prendre le contrôle de la Société. C’est l’occasion pour moi de saluer ici le sens des responsabilités de ce partenaire que nous connaissons depuis plus de 10 ans, qui a toujours eu à cœur la pérennité de l’entreprise et celle des emplois. Pour preuve et à titre d’exemple, la contribution globale d’Orange, que ce soit en apports en capital ou en avances en compte courant et abandons de créances qu’elle s’est engagée à consentir dans le cadre de la cession, établira son investissement global à 200 milliards de FCFA, à fonds perdus.
Que pouvez-vous nous dire du climat social actuel de l’entreprise suite à l’annonce de l’accord conclu avec le Groupe Orange sur la cession de sa participation ? Etes-vous impliqués dans la gestion du conflit ?
Mohamed Rhissa : Nous ne sommes pas impliqués dans la gestion opérationnelle de l’entreprise. Toutefois, de ce que nous avons pu voir, la direction générale d’Orange Niger a eu le souci permanent d’établir un dialogue social nourri et régulier avec les représentants du personnel et l’ensemble du personnel pour leur transmettre les informations utiles sur la situation économique et financière de l’entreprise.
Les dirigeants actuels d’Orange Niger sont très soucieux de la préservation des centaines d’emplois directs de l’entreprise et des dizaines de milliers de Nigériens qui vivent grâce à son activité. Dans nos discussions, leur objectif comme le nôtre est, et demeure, de pérenniser les activités de la société et tous ces emplois. Nous sommes conscients que la réussite d’Orange Niger s’appuie aussi sur les femmes et les hommes de cette entreprise. D’ailleurs, dans le cadre de notre accord sur la cession par Orange de sa participation, nous avons pris des engagements fermes et précis de maintien des emplois pour une période de deux ans.
Nous nous inscrirons dans cette dynamique de dialogue le moment venu si la transaction en cours se clôture favorablement.
Vous êtes parvenus à un accord qui reste toutefois conditionné. Quelles sont les prochaines échéances ?
Moctar Thiam : L’accord que nous avons signé pour la cession des actions d’Orange Groupe au capital d’Orange Niger est soumis à des conditions suspensives. Il s’agit notamment de l’obtention de l’agrément des autorités, mais également d’un accord de rééchelonnement de leurs créances par les banques et les principaux créanciers. Nous concentrons nos efforts avec le soutien d’Orange à la levée de ces conditions suspensives, sans lesquelles l’avenir de la société serait compromis. La situation de la société est difficile, mais nous sommes confiants.
Mohamed Rhissa : Orange Niger doit sortir de cette situation difficile et devenir une réussite. Nous souhaitons que les salariés, les dirigeants et les actionnaires de l’entreprise restent soudés et se battent pour préserver les emplois et assurer la continuité de l’activité, au service des millions de clients qui font confiance à Orange Niger.
A.Y.Barma (actuniger.com)
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