MADAROUNFA/INSÉCURITÉ : 4 morts et plus de 200 tètes de bétails emportées suite a des attaques de bandits armes à Dan Issa
Du 2 au 14 octobre, la commune rurale de Dan Issa, département de Madarounfa, jusque là épargnée par l’insécurité, a enregistré une série de trois attaques attribuées aux bandits armés en provenance du Nigéria voisin, avec malheureusement un lourd bilan : 4 personnes dont un enfant et une vieille femme, ont été froidement assassinés dans un même village, plus de 200 têtes de bétail et biens matériels emportés, ainsi que deux boutiques pillées.
« C’est la panique totale dans tous les villages frontaliers » dixit Hamza Garba, maire de la commune, tentant de décrire l’état d’esprit de ses administrés !
Des attaques en série
La première attaque a eu lieu le mercredi 2 octobre à Karé 2, un village à moins d’un km de la frontière. 8 bandits armés, à pieds investissent le village à 1 heure du matin en tirant en l’air. Ils réussissent à emporter deux troupeaux composés d’une centaine de bovins et une quarantaine de brebis, pour après disparaitre dans la nature.
Le jeudi 10 octobre, c’est une armada de 50 à 60 bandits, lourdement armés qui encercle vers 2 heures du matin, le village de Maidabaro un village frontalier à 1 km à l’est du célèbre village de Firji. D’après le chef de village, les bandits ont fait du porte à porte, confisquant portables et argent. C’est ici qu’ils ont abattu froidement 4 personnes : Un père et son fils de 10 ans, mitraillés sous le lit qui leur servait de cachette ; une veille femme de plus de 60 ans elle aussi mitraillée derrière la porte de sa chambre et un homme qui aurait tenté un acte héroïque, abattu sans ménagement. Outre ce massacre, les assaillants ont emporté environs 170 têtes de bétails et dévalisé deux boutiques.
La troisième attaque a eu lieu le lundi 14 octobre au village de Amoré aux environs de 22h. Des bandits, environ une dizaine, réussissent, sans tirer un coup de feu, à emporter tout le bétail du village. Pour l’heure, on ne connait pas encore le nombre de têtes emportées.
Message inquiétant
« Nous ne dormons plus au village. Chaque nuit les uns vont à Jibia et les autres vers les villages plus au nord pour se réfugier », nous confie Mallam Souley du village de Karé 2. Le maire est inquiet pour sa population. « J’en appelle aux plus hautes autorités pour qu’elles réagissent promptement avant que la situation ne dégénère », nous confie-t-il.
Son inquiétude est davantage justifiée, d’autant que les assaillants, décrits comme des « peuls en provenance du Nigéria », font insidieusement passer leur message. « Nous sommes en mission. On nous a dit de diriger nos opérations sur le Niger », ont-ils dit à certaines de leurs victimes et à d’autres : « Dites à vos autorités de négocier avec nous… » Faisant sans doute allusion aux négociations que les 3 gouverneurs du Nord Nigéria ont eu avec eux et qui auraient abouti à un improbable « accord de paix ».
Joint au téléphone sur la question, le Préfet de Madarounfa Harouna Maidabo, n’est pas du tout surpris. « Nous avons l’habitude de ces plaisantins. Ils savent mieux que quiconque, que le Niger ne négociera avec aucun bandit, fut-il un nigérien, a fortiori un étranger ! » Le Gouverneur Zakari Oumarou est encore plus catégorique : « Ces bandits seront traités comme tel. D’ores et déjà, le dispositif sécuritaire en place est en train de monter en puissance pour que, plus aucun bandit, quelque soit ses complicités, ne puisse échapper après s’être introduit dans notre territoire ».
Aux dernières nouvelles, dans la nuit du 15 octobre, vers 23 heures, 4 individus présumés membres des gangs nigérians, sans armes d’après des témoins, sont venus à Karé 1 cette fois-ci, et ont copieusement molesté un habitant, pour des raisons encore inconnues.
El Kaougé Mahamane Lawaly, Le Souffle de Maradi
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