Bassin du Lac Tchad : à Niamey, une rencontre de concertation avec la société civile sur la stratégie de stabilisation régionale (SRS)
La capitale du Niger abrite, du 18 au 20 juin, un pré-Forum de concertation avec la société civile sur la Stratégie régionale de stabilisation (SRS) des pays riverains du Bassin du Lac du Tchad.
La rencontre qui se tient à l’hôtel Sahel, a été initiée par la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT), avec l’appui de l’Union africaine (UA), du PNUD, ainsi que de l’Agence allemande de développement (GIZ) et de l’ONG internationale Crisis Management Initiative(CMI). Le pré-forum vient en prélude au Forum des gouverneurs des régions riveraines du Lac Tchad, prévu également à Niamey en juillet prochain, et vise à échanger avec les organisations de la société civile, les associations des jeunes et des femmes, les chefs traditionnels et religieux ainsi que les universitaires des pays membres de la CBLT, et particulièrement des zones touchées par l’insurrection de Boko Haram.
Une approche régionale intégrée et cohérente
C’est le ministre d’Etat en charge de l’Intérieur, de la sécurité publique et de la décentralisation, Bazoum Mohamed, qui a présidé l’ouverture des travaux du pré-forum. A cette occasion, le ministre d’Etat a rappelé le contexte dans lequel se tiennent ce pré-forum avec une pression démographique croissante, la réduction drastique des ressources naturelles, et des tensions communautaires qui ne cessent de s’exacerber entre agriculteurs et éleveurs. Toutefois, a poursuivi le ministre Bazoum Mohamed, « c’est surtout l’activisme du groupe Boko haram dans l’Etat de Borno à l’origine et surtout l’implantation de ces éléments dans le lit du lac Tchad qui apparaissent comme la menace sécuritaire dans cette zone ». Selon le ministre, les défis pour les Etats riverains est donc de « définir une approche convergente de la maitrise et de l’éradication de la menace pour éviter à la région le destin d’une nouvelle zone grise à la merci de dynamiques incontrôlables ». C’est ainsi qu’au niveau des régions et des Etats fédérés des pays riverains, la Stratégie Régionale de Stabilisation (SRS) a mis l’accent sur le rôle clé des gouverneurs concernant la préparation et la mise en œuvre des plans d’action territoriaux, afin d’assurer, selon le ministre, « une approche régionale cohérente ». Dans cette optique, le ministre d’Etat a souligné que le Forum des Gouverneurs du Bassin du Lac Tchad a été identifié comme un mécanisme primaire de promotion de la coopération politique transfrontalière, en même temps que la plateforme régionale de la société civile. « Il est important que, collectivement, nous exigions un plus grand leadership de la part de tous les acteurs, que ce soit les politiciens, les forces de défense et de sécurité, les autorités locales et les chefs communautaires traditionnels et religieux, pour la consolidation de la paix dans le bassin du lac Tchad », a plaidé le ministre Bazoum Mohamed.
De son côté, la Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général de l’ONU en Afrique de l’Ouest, Mme Ruby Sandhu-Rojon, a tenu à féliciter les acteurs de ce Forum pour leur engagement dans la lutte contre Boko-Haram, avant de saluer les efforts que déploie la Force mixte multinationale dans ce sens. « Au niveau de l’ONU, nous sommes interpelés par l’augmentation des activités de Boko-Haram et toutes les menaces qui se posent sur la paix et la sécurité dans la Région du Sahel avec les conséquences dramatiques au niveau humanitaire avec près 100 000 déplacés au Niger », a ajouté la représentante spéciale adjointe, qui a profité de l’occasion pour attirer l’attention des participants sur la résolution 23-49 du Conseil de Sécurité des nations unies. Cette résolution insiste en effet sur la nécessité d’avoir une Stratégie régionale sur les causes profondes de la crise ayant permis à Boko-Haram de s’étendre, « une approche qui aligne la sécurité, la gouvernance et le développement, tout en soulignant le rôle que doit jouer ces participants pour atteindre un tel objectif », selon Mme Ruby Sandhu-Rojon.
Le rôle clé de la société civile
Dans leurs allocutions, l’ambassadeur d’Allemagne au Niger, le représentant du coordinateur résident du système des nations unies au Niger, Attaher Maiga, ainsi que celui de la CBLT ; ont tour à tour rappelé les enjeux de cette rencontre ainsi que l’ampleur des défis socioéconomiques pour les Etats riverains du lac Tchad. Ils ont aussi insisté sur le rôle clé de la société civile notamment pour ce qui est des phases de mise en œuvre, de suivi et d’évaluation de la Stratégie régionale de stabilisation.
A noter que durant les trois jours de travaux, les participants seront d’abord imprégnés sur les principaux axes de la stratégie à travers différents panels. Des échanges sont également prévus afin de parvenir à l’inclusion et à la participation effective de la société civile dans le processus de stabilisation avec un accent sur l’autonomisation des femmes et des jeunes. Le pré-forum de Niamey permettra aussi la mise en place d’un cadre de concertation entre les participants qui font partie des communautés affectées dans le bassin du lac Tchad, afin qu’ils partagent leurs expériences respectives et les bonnes pratiques et échangent sur les modalités de participation effective de la société civile aux efforts de stabilisation avec un accent sur l’appui des femmes et des jeunes. Enfin, les débats porteront sur la mise sur pied, le rôle et le cadre d’une plateforme de la société civile organisée et inclusive à l’échelle régionale en vue de soutenir la mise en œuvre de la SRS en veillant à la coordination et à l’inclusivité, selon les organisateurs de l’évènement.
Mamane Adamou (Actuniger.com)
Commentaires