Route Tchadoua - Mayahi : le plus grand défi relevé par une entreprise nigérienne !
Petite anecdote : lors de la cérémonie d’inauguration de la Route Tchadoua- Mayahi le jeudi 11 avril, aussitôt après son « mot » de bienvenue, le Maire de la Commune Urbaine de Mayahi monsieur Abdou Neino a demandé publiquement au Président de le République Issoufou Mahamadou, la permission de disposer de quelques minutes supplémentaires, pour procéder à la remise d’un témoignage officiel de satisfaction des populations de sa commune au responsable de l’entreprise EGBTP monsieur Amadou Oumarou Mainassara.
Le geste était peut-être anodin vu d’ailleurs, mais pour les populations de Mayahi et les « connaisseurs de la chose », l’Entreprise Générale des BTP (EGBTP), méritait bien plus qu’une simple reconnaissance publique, au vue de la manière avec laquelle elle a relevé un défi pourtant qualifié de « improbable » à ses début, par tous les commentateurs.
Lancés le 15 janvier 2016, juste avant le début de la « campagne électorale » et confiés à une « entreprise nigérienne », sous la formule de « Partenariat Public Privé » (PPP), les travaux de cette route étaient perçus, principalement à Mayahi et Maradi, par beaucoup d’observateurs à l’époque, comme de la poudre aux yeux d’un électorat traditionnellement acquis au MNSD. Un PPP de cette envergure (32 milliards CFA), avec une entreprise nigérienne, était l’argument principal mis en avant par les « détracteurs politiques » du projet.
L’Honorable Moctar Sabo, natif de Mayahi, grand entrepreneur lui-même, Président de la fédération régionale PNDS de Maradi, était monté au créneau plusieurs fois, pour rassurer l’opinion régionale sur la capacité de cette entreprise à exécuter le projet. « Un peu de patience… je connais ce monsieur, c’est l’un des plus sérieux qu’on a sur le marché… L’Etat ne va rien lui donner jusqu’à ce qu’il finisse. Donnez-lui juste le temps d’aller chercher l’argent et le matériel nécessaire pour faire ces travaux », disait-il à chaque fois qu’il était interpelé à Mayahi ou Maradi sur le retard que prenait le démarrage des travaux.
Et puis EGBTP commença à convoyer du matériel tout neuf sur sa base-vie de Mayahi. Sur place, l’entreprise procéda à un recrutement massif d’ouvriers et distribuait à tour de bras des contrats de construction et de prestations diverses aux entreprises locales. La perception autour de la capacité de l’entreprise changea radicalement. Personne ne se plaignit d’une marginalisation quelconque ni dans le recrutement, ni dans les indemnisations, encore moins dans l’exécution du cahier de charge environnemental et social.
Les travaux proprement dits démarrent tambour battant en 2017, 7j/7, en trois équipes et ne sont arrêtés que le temps d’une fête nationale ou des retards dans l’arrivée d’une commande d’un produit. Aussi tous les villages traversés par la route vont bénéficier d’une ou plusieurs réalisations. Ainsi apprend-on, 2512 arbres y ont été plantés, 9361 mètres linéaires y ont été construits pour clôturer les services sociaux (écoles, dispensaires, services départementaux), 12 salles de classes et 4 forages ont été également offerts par l’entreprise, sans compter les 7.35 km de voirie dans la ville de Mayahi.
La route bitumée est aujourd’hui une réalité pour les habitants de Mayahi. Une route longue de 53.58 km, la seule dans la région répondant aux normes de la CEDEAO, notent les techniciens. Pour les populations de Mayahi, Serkin Haoussa, Jan Toudou et Tchadoua, c’est 50 ans de leur rêve qui viennent de se matérialiser.
A Maradi, « capitale économique », cette prouesse d’EGBTP et de son patron Amadou Oumarou Mainassara, sonne comme un pied de nez au cartel des opérateurs économiques, « toujours prompts à embêter le Président Issoufou avec leurs audiences intempestives, mais jamais capables de remblayer un trou à 1 milliard seulement qui menace pourtant leur ville », constate avec humour Elh Achirou Wambèye ce trublion de la scène maradienne, réputé ne pas avoir sans langue dans sa poche.
Pour dire simple et vrai, EGBTP et son patron viennent ici d’administrer une cinglante leçon de patriotisme à toutes les entreprises et à tous les entrepreneurs « opportunistes » qui empochent l’argent de l’Etat sans rien livrer ou qui abandonnent sans gêne, pendant plusieurs années leurs chantiers, juste après avoir mis la main sur l’avance de démarrage.
El Kaougé Mahamane Lawaly, Le Souffle de Maradi
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