Tillabéry : la société civile s’inquiète de la dégradation de la situation sécuritaire (Déclaration)
Nous, population de Tillabéri, regroupée au sein du cadre de concertation et d’actions citoyennes de la société civile nigérienne indépendante de Tillabéri, réunies ce samedi 15 décembre 2018 à l’effet d’examiner la situation sécuritaire très préoccupante de la Région, faisons la déclaration dont la teneur suit :
- Considérant la constitution du 25 novembre 2010 ;
- Considérant l’insécurité de plus en plus grandissante qui prévaut dans la Région de Tillabéri notamment dans les zones frontalières avec le Mali et le Burkina Faso ;
- Considérant les multiples attaques meurtrières perpétrées contre des positions de nos forces de défenses et de sécurité et sur les paisibles citoyens en quête de leur pitance quotidienne ;
- Considérant les exactions et l’extorsion dont sont victimes les populations du nord de la Région, en l’occurrence celles des communes d’Anzourou, d’Inates et de Dessa ;
- Considérant l’insuffisance de postes de contrôle et de surveillance des FDS le long de ces frontières peu étanches avec des sous effectifs souvent peu ou mal équipés ;
- Considérant l’attitude complice des bases militaires étrangères présentes au Niger avec des drones qui nous survolent et nous surveillent en permanence ;
- Considérant l’état d’urgence instauré dans dix des treize Départements de la Région ;
- Considérant le ralentissement ou l’abandon de certaines activités économiques dus à l’état d’urgence dans ces zones, compromettant du coup les maigres chances de développement qu’elles offrent à ces populations déjà éprouvées qui font face aux multiples chocs climatiques ;
- Considérant les impacts négatifs de l’état d’urgence sur les droits fondamentaux des populations (droit à l’éducation, droit à la santé, droit aux loisirs…) ;
Considérant que les mesures de l’état d’urgence impactent négativement la cohésion sociale si chère à ces populations ;
- Considérant l’incapacité du gouvernement à assurer la paix et la sécurité des vaillantes populations du Niger, en particulier celles de la Région de Tillabéri ;
- Considérant le faible engagement des élus nationaux au titre de la Région de Tillabéri devant l’insécurité grandissante qui y sévit ;
Le cadre de concertation et d’actions citoyennes de la société civile nigérienne indépendante de Tillabéri :
- Fustige et condamne l’importation de l’insécurité, jadis étrangère à la Région ;
- Regrette le manque de sérieux de la part du régime dans la lutte contre l’insécurité qui sévit dans la Région ;
- Condamne l’instauration de certaines mesures de l’état d’urgence qui produisent plus d’effets négatifs que positifs, dans dix Départements de la Région de Tillabéri.
A l’épreuve des faits, l’état d’urgence rend beaucoup service à ces malfrats qu’aux populations qu’il est censé protéger. En effet, la restriction des mouvements des citoyens et la fermeture de plusieurs marchés accentuent la pauvreté ambiante et la frustration des populations et n’ont nullement conduit à une réduction conséquente des attaques dans la Région.
Avec l’état d’urgence, plusieurs droits humains des populations jusqu’aux plus intimes ne sont pas garantis.
Sur le plan sanitaire, les évacuations nocturnes sont impossibles et augmente du coup le taux de mortalité surtout infantile et maternelle. Dans le domaine de l’éducation, la restriction des mouvements des enseignants contribuent à la perte du temps scolaire.
Rappel au gouvernement que le seul fait d’instaurer l’état d’urgence sans mesures d’accompagnement ne saurait être un moyen de dissuasion de ces forces obscurantistes.
Par conséquent, le gouvernement doit consulter les populations et prendre en compte leurs préoccupations concernant leur propre sécurité.
Il doit aussi redéfinir l’état d’urgence et le cadrer de sorte qu’il puisse prendre en compte les aspirations légitimes des populations.
Convaincu que la paix et la sécurité, requièrent la participation de toutes les énergies, nous Cadre de Concertation et d’Actions Citoyennes de la société civile nigérienne indépendante de Tillabéri, encourageons toute initiative inclusive visant à ramener la paix dans la Région.
Ainsi le cadre exige du gouvernement la mise à la disposition de nos forces de défenses et de sécurité des moyens conséquents (ressources humaines , matérielles , et techniques adéquates) pour anéantir ces forces du mal sans foi ni loi qui terrorisent les habitants déjà en proie à l’insécurité économique pour que règnent définitivement la paix et la sécurité.
- Aux forces de défense et de sécurité, le cadre apporte son ferme et indéfectible soutien quant à leur exaltante et noble mission de défense et de protection des populations avec lesquelles il les invite à créer des relations de confiance pour une meilleure et parfaite collaboration dans la traque de notre ennemi commun souvent invisible.
- Aussi, le cadre rend un hommage mérité à toutes les FDS tombées sur le champ d’honneur et présente ses condoléances à leurs familles respectives, leurs corps de métiers respectifs et au peuple nigérien;
- Aux populations des zones d’insécurité, le respect des consignes de sécurité pour faciliter aux FDS leur mission sur le terrain.
- Exige le départ immédiat et sans condition des bases militaires étrangères dont la présence sur le sol nigérien n’a fait que divertir nos forces nationales et exacerber l’insécurité. Nous leur disons à cet effet: « allez-vous en ! Notre armée nationale nous suffit ! »
- Aux élus municipaux, Régionaux et nationaux de prendre leurs responsabilités de représentation, de protection et de défense des populations aux différents échelons.
- Enfin, invite les oulémas et l’ensemble du peuple à intensifier les prières pour un retour de la sécurité et une paix durable dans le pays.
- Vive le Niger paisible et prospère !
- Vive la République souveraine du Niger !
- Vive la convergence citoyenne !
- Que Dieu protège le Niger et son peuple !
Amine !
Fait à Tillabéry, le samedi 15 décembre 2018
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