Banque de l’Habitat du Niger (BHN) : démarrage officielle des activités pour booster l’offre de logements
La Banque de l’Habitat du Niger (BHN) démarre officiellement ses activités au Niger. Après plusieurs mois de préparation, les premières opérations d’ouverture de compte sont effectives en principe à partir de ce lundi 3 décembre, en prélude à l’inauguration, prévue le 15 décembre prochain en présence de SEM Monsieur Issoufou Mahamadou, de ce nouvel opérateur bancaire qui vient étoffer le marché financier national.
C’est l’explication donné par le Directeur général de la BHN, M. Rabiou Abdou, qui animé une conférence de presse le samedi 1er décembre dernier à Niamey, afin de faire l’état des lieux des préparatifs ainsi que dévoiler les ambitions de la dernière-née des banques nigériennes. Le DG de le BHN était pour l’occasion, accompagné de tout son staff notamment M. Sabiou Yaou, le directeur comptable, en charge du contrôle de gestion et du reporting, Mme Issoufou Maimouna, la directrice commerciale et du réseau, M. Ibrahim Kaley, le directeur du crédit, M. Wadato Mamane Lawal, celui en charge de l’informatique, Mme Foukoye Aichatou, la directrice de l’administration et des ressources humaines, ainsi que M. Abdoul Aziz Kindo, le directeur des opérations. Des représentants du cabinet tunisien, spécialisé dans les solutions logicielles pour les banques et les institutions financières, qui a accompagné la BHN dans son processus de démarrage, étaient également présent à la conférence de presse au cours de laquelle le staff de la banque a donné d’amples explications sur les activités et la stratégie de la nouvelle institution, dont le siège national est situé à Niamey, place Toumo.
Améliorer l’offre et le financement de l’habitat au Niger
Dans son mot introductif, le DG de la BHN a détaillé le contexte qui a justifié la création d’une banque de l’Habitat au Niger, l’un des trois pays (avec le Togo et la Guinée Bissau), à ne pas disposer d’une telle institution malgré les recommandations de l’organisation communautaire. La BHN va ainsi servir de locomotive à l’amélioration du financement et donc de l’accès au logement dans un pays où, selon Rabiou Abdou, « le déséquilibre entre l’offre et la demande est criard ». Selon en effet les données de l’Institut national de la statistique (INS), l’offre nationale annuelle moyenne est estimée à 4.275 logements à Niamey et de 11.420 logements pour l’ensemble urbain du territoire national. Les logements, selon les mêmes données, sont construits à 95% par les circuits informels avec une qualité déficiente, en raison notamment d’une prédominance sur le marché, de l’autopromotion et des lotissements non viabilisés. « La production formelle est de ce fait assez faible et les prix sont élevés. La demande annuelle additionnelle, en terme de flux, est ainsi estimée à 5.000 logement rien que pour la capitale, et 40.000 à l’échelle national en milieu urbain.
Par ailleurs, depuis la liquidation du Crédit Niger en 2010, le crédit immobilier est distribué de manière transversale par 12 banques et 48 Systèmes financiers décentralisés qui ont survécu à l’opération d’assainissement conduite par les autorités dans le secteur. Ainsi, le financement de l’Habitat au Niger est actuellement largement insuffisant avec une moyenne de 14,2 milliards en 2013 et un peu moins de 20 milliards en 2017, ce qui représente 4% du total des crédits contre 2% en zone UEMOA. « C’est donc pour faire face à ces défis et améliorer l’offre que le gouvernement, sous l’impulsion du président de la République , a décidé d’apporter une réponse d’envergure à travers la mise en place d’un mécanisme permanent pour prendre en charge la problématique de financement et la production de logements notamment sociaux », a expliqué le DG de la BHN qui n’a pas manqué de rappeler dans le programme Renaissance acte 2, le gouvernement a prévu la réalisation de 25.000 logements sociaux sur la période 2016-2020. L’engagement des autorités s’est traduit d’un certain nombre d’initiatives dont la création de la BHN et du Fonds National de l’Habitat (FNH). Ce fonds qui sera logé au sein de la BHN, a été adopté en conseil des ministres en décembre 2017, et est venu compléter le dispositif institutionnel de mise en œuvre de la Politique nationale de l’habitat au Niger. Il devrait permettre de mobiliser et d’allouer des ressources destinées à l'habitat et au développement urbain, à la bonification des taux d'intérêt pour les populations à faibles revenus. Le Niger dispose, en effet, et depuis 1998 d’une politique nationale de l’habitat qui a prévu la création d’une banque de l’habitat et d’un fonds national de l’habitat. Malgré quelques projets réalisés, notamment par des partenariats public-privés, le déficit du pays n’a cessé de s’amplifier car entre 1960 et 2011, moins de 3 000 logements sous forme d’habitat ont été construits. Selon le gouvernement, « cette situation se justifie par la rareté des capitaux mobilisables pour des actions à mener dans le secteur, et résulte de l’absence de mécanismes de financement fiables dans le secteur, aptes à répondre aux exigences des populations notamment, celles à faibles et moyens revenus ».
Avec l’opérationnalisation du Fonds national pour l’habitat (FNH) et le lancement des activités de la Banque nationale de l’habitat (BHN), les autorités ont donc pris le taureau par les cornes en apportant une réponse structurelle et adaptée à la problématique de logements au Niger, et particulièrement de son financement, une problématique aux enjeux sociaux économiques au regard de la contribution du secteur à la croissance inclusive et durable. « Grace aux vertus et mécanismes d’intermédiation financière, la BHN est en mesure de faire résorber le stock antérieur de demandes cumulées non satisfaites de logements sociaux jusqu’à la date d’aujourd’hui », a estimé le DG Rabiou Abdou, pour qui « la BHN est en outre un instrument permanant de financement de l’habitat social qui permettra de faire face aux besoins présents et futurs de financements de l’habitat social au Niger ».
La BHN, une banque universelle aux grandes ambitions
Société anonyme, la BHN est dotée d’un capital initial de dix (10) milliards de FCFA répartis entre actionnaires institutionnels publics privés nigériens et aussi étrangers. Le tour de table de la banque est ainsi reparti comme suit : CNSS (25% des parts), Etat du Niger (20%), SOPAMIN (20%), SONIDEP (20%), Nia Assurances (0,5%), privés nigériens (0,5%) et la BOAD (8,25%). Elle a pour mission principal d’apporter son concours financier à la promotion immobilière en général, et à l’amélioration de l’habitat social en particulier, de mobiliser les ressources adaptées au financement des promotions immobilières ; et d’offrir toutes les gammes des produits et services financiers bancaires innovant à la clientèle. Selon les explications de la directrice commerciale, Mme Issoufou Maimouna, les modalités de financements de logement de la BHN sont constituées de deux principaux axes. Il s’agit notamment de collecter l’épargne et la mettre à la disposition de ceux qui n’ont pas de revenus d’accéder à un logement à prix abordables, et aussi pour les personnes disposant d’un revenu, de leur permettre d’avoir un prêt sur le long terme avec des échéances qui peuvent aller jusqu’à 30 ans. Malgré sa vocation, la BHN est banque universelle telle qu’elle a été agréée par la commission bancaire de l’UEMOA (COBAC). A ce titre, elle est autorisée à mener toutes les activités que font les autres banques, sans aucune restriction. « Nous avons une vocation, le financement de l’habitat, cela ne veut pas dire que nous faisons exclusivement que du financement de l’habitat, nous sommes autorisés à faire toutes des activités de banque de par notre agrément », a répondu le DG Rabiou Abdou en réponse à la question d’un journaliste.
Pour l’heure, la BHN entend d’abord être opérationnelle à Niamey, avant de se déployer par la suite dans les autres chefs-lieux de région. Selon le DG, cela s’explique par le fait que « le financement de l’habitat en tant que tel, de façon général, est plus un problème urbain, parce que dans les villages, ça ne se pose pas avec le même type d’acuité que dans les grandes villes ». « Nous mettrons en ouvre à partir des chefs-lieux de régions, une politique de financement de l’habitat dans toute la région », a souligné Abdou Rabiou, ajoutant toutefois, « qu’avec le temps et selon les opportunités, il peut arriver que nous ouvrions des agences dans certains départements et même dans des communes s’il y a un projet immobilier d’envergure ». Lors de la conférence de presse, plusieurs questions pertinentes ont été soulevées et le staff de la BHN a apporté tous les éclaircissements nécessaires. C’est le cas par exemple des relations entre la BHN et la SONUCI. « Il n’y a pas de concurrence entre la BHN et la SONUCI puisque ce sont des entités totalement différentes qui ont également des missions totalement différentes » a expliqué le DG Rabiou Abdou, mettant en exergue le fait que la Sonuci est un promoteur immobilier, et est donc appeler à devenir client de la BHN auprès de qui la société va pouvoir trouver du financement pour viabiliser des terrains, les vendre, construire des cités et les vendre à des personnes à revenus régulier. En réalité, « la Sonuci est client de la BHN, leurs activités ne sont pas concurrentes. Nous sommes complémentaires », a insisté le DG de la BHN. Rabiou Abdou n’a pas manqué de développer un aspect important qu’entend promouvoir la banque, celui du rôle des nigériens de l’extérieur. « Le rôle de la diaspora au niveau de la mobilisation des ressources pour le financement de l’habitat de l’immobilier, est important. Pour exemple au Sénégal, sur 300 milliards de dépôt de la BHS, les sénégalais de l’étranger contribuent pour près de 200 milliards. Les sénégalais de l’extérieur procurent à la banque de l’habitat du Sénégal les 2/3 de ces ressources », a souligné le DG de la BHN, qui dispose déjà d’une convention d’assistance technique entre la BHN et la BHS. « Nous souhaitons donc vivement que la diaspora nigérienne puisse faire quelque chose de semblable. Pour ce faire, nous allons mettre à la disposition de la diaspora nigérienne l’infrastructure financière qui va leur permettre de rapatrier leur épargne au Niger », a expliqué Rabiou Abdou qui a annoncé, l’ouverture prochaine et dans un premier temps d’une agence à Paris et d’une autre à New York. Une bonne nouvelle pour les nigériens de l’extérieur désireux d’investir dans le pays, ou même de réaliser leur projet de logement, qui peuvent désormais profiter de cette nouvelle offre de la BHN, « la banque des grades ambitions », et dont le slogan résume l’essence de la mission : « un toit pour tous !».
Abdoul Karim Moumouni (Actuniger.com)
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