Médias: le fisc saisit le matériel de plusieurs journaux, pour non-paiement d’impôts par "Le Courrier"
La Direction générale des impôts (DGI) a procédé, dans la journée du lundi 17 septembre, à la saisie du matériel de plusieurs journaux nigériens notamment « Les Courriers », « Le Monde d’aujourd’hui » et « Le Canard en Furie ».
Selon les explications du fondateur du journal « Les Courriers », Ali Soumana, plusieurs agents des impôts accompagnés par des éléments de la police sont venus, à bord de six véhicules 4X4, emporter tout le matériel de son organe mais aussi des autres journaux qui ont eu le malheur de partager les mêmes locaux. Le siège du journal a également été fermé par le fisc pour non-paiement d’impôts.
L’affaire remonte à plusieurs semaines, à la suite de la procédure engagée par la DGI contre plusieurs entreprises de presse pour non-paiement d’impôts. Selon le fondateur du journal, « Les Courriers », l’ancien journal qu’il dirige, « Le Courrier », devrait payer 10 millions de FCFA au fisc, « une somme que l’entreprise ne pouvait pas débourser dans l’immédiat au regard de la conjoncture », explique-il. Malgré les tentatives de règlement à l’amiable qu’il a sollicité auprès de la DGI comme les autres médias, il a reçu une fin de non-recevoir et « Le Courrier » a été fermé. C’est après cette déconvenue et conformément aux dispositions légales, qu’il a fondé « Les Courriers », et à cette fin, il en a informé le parquet qui lui a donné récépissé pour la création de son nouvel organe. Le journal « Les Courriers » n’est pas donc pas « Le Courrier », fait savoir Ali Soumana, qui ajoute que l’Etat et donc la DGI est au courant à travers le parquet. Pourtant, la lettre de la DGI qui a été adressée au directeur du journal « Les Courriers », porte la mention « anciennement Le Courrier ».
Pour le fondateur du journal « Les Courriers », c’est donc la cabale qui se poursuit contre son organe qui a dernièrement publié plusieurs affaires impliquant le directeur général de la DGI. Il s’agit notamment des cadeaux fiscaux accordés par le fisc à un opérateur télécoms de la place, Celtel Niger qui opère sous la marque Airtel Niger. Ali Soumana dit détenir les preuves ainsi que le protocole signé par le ministre des finances, le directeur de la DGI ainsi que celui des douanes sur cette affaire au cours de laquelle l’Etat a perdu plusieurs dizaines de milliards de FCFA. En sus, même les 10 milliards qui devrait être perçus par le Trésor, ont pris d’autres destinations, à en croire Ali Soumana. Le journal, « Le Courrier » et maintenant « Les Courriers », n’est pas à son premier coup d’éclat, pour avoir publié plusieurs scandales impliquant le régime dont la fameuse affaire des « 200 milliards », celle du litige Africard et d’autres encore plus sulfureuses qui ont valu à Ali Soumana, plusieurs séjours à la PJ et en prison.
En attendant la suite, le fondateur des journaux, « Les Courriers » et « Le Courrier », n’entend pas se laisser faire. « Nos avocats vont porter plainte pour soustraction frauduleuse des biens d’autrui », a promis Ali Soumana, qui fait savoir que ce ne sont pas seulement les biens appartenant à son journal qui ont été emportés, mais également ceux du « Monde d’aujourd’hui » et du « Canard en furie ». Or, alors que la cabale de la DGI battait son plein, « Le Monde d’aujourd’hui », un autre journal très critique à l’égard du régime, a publié un article dans lequel il apportait les preuves qu’il était en règle avec le fisc. Avec cette saisie, l’affaire est donc loin d’avoir tirée son épilogue et le jeu de cache-cache entre d’une part, « Le Courrier » et « Les Courriers », et d’autre part, la DGI, est loin d’avoir tirée son épilogue.
Ikali (Actuniger.com)
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