Front social : la société civile poursuit sa fronde contre le régime d’Issoufou Mahamadou (déclaration de presse)
Depuis le 25 mars 2018, plus d’une vingtaine de personnes dont des responsables des organisations de la société civile, croupissent dans différentes maisons d’arrêts de la région de Tillabéry (Filingué, Kollo, Ouallam, Téra, Tillabéry et Say) et de Zinder. L’arrestation et la détention de ces défenseurs des droits humains s’inscrivent dans le cadre de la répression du mouvement citoyen lancé par la société civile contre certaines mesures antisociales et impopulaires contenues dans la loi de finances 2018, la mauvaise gouvernance et le bradage de la souveraineté nationale marqué par la présence des forces militaires étrangères.
En effet, les autorités en place, déterminées à mettre en œuvre un train sans précèdent des mesures d’austérités, et extrêmement hostiles à l’exercice des libertés publiques n’ont eu d’autre choix que la stratégie de la confrontation avec les organisations de la société civile, pourtant disposées, comme toujours, au dialogue et à la concertation. Ce choix s’est traduit par une série d’interdiction de manifestions pacifiques sur fond d’occupation et de militarisation illégales des locaux de certaines associations, les menaces et intimidations à l’encontre des responsables et militants associatifs etc. Dès le début du mouvement social, les autorités en place affirmant que l’objectif dudit mouvement était de les renverser n’ont pas caché leur refus de tout dialogue autour des revendications posées par les organisations de la société civile. Elles continuent encore à proclamer à cor et à cri leur refus du dialogue en persistant systématiquement dans les interdictions de manifestation sous divers prétextes les uns aussi fallacieux que les autres.
De mémoire des Nigériens, les libertés de manifestation, de réunion et de culte n’ont jamais été aussi violées au Niger que sous le régime de Issoufou Mahamadou. Quel triste record!
Face à la dérive autoritaire du régime en place ; la remise en cause de la démocratie ; l’installation de la dictature ; et après une analyse approfondie de la situation, résolument engagé à se battre pour l’exercice des droits individuels et collectifs consacrés par la Constitution de notre pays et par divers autres instruments juridiques régionaux et internationaux régulièrement ratifiés par l’État du Niger, nous, Collectif des Organisations de la Société Civile Nigérienne :
1- Condamnons et dénonçons avec véhémence les arrestations arbitraires et illégales de plusieurs défenseurs des droits humains et autres manifestants qui passent ce 25 mai 2018, leur 60ème jour de détention dans les différentes geôles de la région de Tillabéry ;
2- Constatons avec surprise qu’il a fallu attendre la sortie médiatique des avocats des détenus et cela après plus de 40 jours de détention en violation flagrante des lois et règlements de la république, avant d’assister à un début d’audition des défenseurs des droits humains. Ce qui conforte l’opinion sur le fait que l’ultime objectif de l’instruction confiée au sieur Ali Akiné, Doyen des Juges d’Instruction du Tribunal Hors Classe de Niamey n’est rien d’autre que de placer sous mandat de dépôt, nos camarades dans différents cachots et de les oublier en vue de décapiter le mouvement ;
3- Exprimons notre profonde surprise d’entendre les autorités avec à leur tête Issoufou Mahamadou proclamer que l’intention du mouvement n’est rien d’autre que de renverser le régime comme pour tenter de justifier leur refus catégorique de négocier avec les organisations de la société civile nigérienne face à leur juste et légitime revendication en les qualifiant d’une minorité contestataire ;
4- Affirmons avec force que les 27 camarades arrêtés ne sont ni plus, ni moins que des otages de Issoufou Mahamadou et de son gouvernement ;
5- Exprimons notre désapprobation et opposition catégorique face la volonté clairement affichée d’instrumentaliser et de manipuler la justice, pourtant seul rempart contre l’injustice et l’arbitraire dans une démocratie normale ;
6- Rassurons l’opinion publique nationale et internationale quant à notre détermination à poursuivre notre noble combat contre les mesures antisociales et impopulaires contenues dans la loi des finances 2018, la mal gouvernance et le bradage de la souveraineté nationale, sans nous laisser divertir par des dirigeants en perte de mémoire à travers des accusations fallacieuses les unes plus ridicules que les autres ;
7- Invitons la diaspora nigérienne vivant à l’extérieur à une forte mobilisation partout où le président Issoufou effectuera une visite afin de dénoncer les dérives totalitaires en cours dans le pays ;
8- Exhortons les ONG et associations des défenses des droits humains du Nord à se mobiliser le lundi 04 juin prochain pour interpeller le Président Issoufou Mahamadou sur la situation grave en cours au Niger, à l’occasion de sa visite prévue à Paris et Bordeaux ;
9- Prenons acte de la complicité de certaines chancelleries accréditées au Niger dont la France en tête qui sont de connivence avec le régime de Niamey qui leur a tout concédé dans leurs politiques sécuritaires et migratoires ;
10- Saluons et encourageons les organisations de défense des droits humains qui se mobilisent à travers les quatre coins du monde pour fustiger et condamner la restriction de l’espace civique en cours au Niger ;
11- Lançons un appel pressant à tous les citoyens et les citoyennes, à toutes et tous les démocrates sincères à sortir massivement le mardi 05 juin 2018 à partir de 08h pour un meeting à la place de la concertation pour exprimer notre refus à cautionner la remise en cause de la démocratie et de l’état de droit au Niger.
Fait à Niamey le 25 mai 2018
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