ASUSU S.A : Amadou Hamani Bachir, «un redresseur » comme administrateur provisoire
Depuis la mise sous administration provisoire de la SFD ASUSU S.A, le jeudi 3 mai, c’est Amadou Hamani Bachir, un cadre retraité de la BCEAO, qui a pris les rênes de l’institution. Le nouveau administrateur provisoire est une figure bien connue du secteur de la finance au Niger et surtout à Dakar où il a presque passé l’essentiel de sa carrière au siège de la banque centrale des pays de l’UEMOA.
Dernièrement, c’est lui qui a été appelé par le gouvernement pour conduire l’opération de redressement de la Banque Agricole du Niger (BAGRI) de juillet 2013 à mars 2014. En somme donc un fin connaisseur des situations de crise du secteur bancaire qui justifie d’une expérience assez solide et qui aura la charge également de jouer sur une période de six (6) mois, le rôle de « redresseur » de ASUSU.
Parcours de banquier
Cadre justifiant d’une vingtaine d’année de service au niveau de différents départements et institutions de la BCEAO, Amadou Bachir, est titulaire d’un baccalauréat série D, un diplôme qu’il a obtenu en 1971 après ses études primaires et secondaires à Zinder puis à Niamey. Il poursuivit son cursus académique à l’Université du Bénin puis à celle de Lomé au Togo avant d’obtenir, en 1975, une maitrise en Sciences économiques, option « Economie Générale » à l’université nationale d’Abidjan-Cocody en Côte d’Ivoire. Il compléta sa formation universitaire avec un DESS en mars 1978 de l’Université Paris I, Panthéon-Sorbonne. La même année et jusqu’au mois de juin 1981, il intégra la fonction publique nigérienne et fut affecté au ministère du Plan comme Chef de service de la Planification régionale. C’est à cette époque qu’il commença une riche carrière à la BCEAO où il fut recruté comme Chef du service des études à l’Agence principale de la BCEAO de Niamey, poste qu’il occupa de juin 1981 à septembre 1989. Inspecteur à la Direction de l’inspection au siège de la Banque centrale à Dakar, il servit successivement et par la suite au secrétariat général de la Commission Bancaire à Abidjan, jusqu’en octobre 1991, date à laquelle il retourna encore au siège de la BCEAO à Dakar. Tour à tour, adjoint puis directeur central des relations internationales, il fut nommé de février 1996 à décembre 2006, Directeur central de l’émission. En janvier 2007, Amadou Bachir fut promu au rang de Conseiller spécial du gouverneur de la BCEAO, échelon le plus élevé des fonctionnaires de la Banque centrale. Sa retraite de droit en 2008 ne fut que de courte durée puisqu’il fut recruté, l’année suivante, au poste de directeur général du groupe Institut supérieur de gestion-School of Management (GISGO-SM) à Ouahigouya au Burkina Faso.
Nouveaux challenges
L’administrateur provisoire d’ASUSU S.A a donc six (6) mois pour redresser l’institution que le ministère des Finances considère comme « virtuellement en faillite ». Conformément aux textes, la période pourrait être renouvelée surtout que la tâche est assez immense si l’on se réfère à la situation présentée par l’Autorité de régulation du secteur de la micro finance (ARSM). Il s’agit entre autres et selon la tutelle et l’ARSM qui affirment se baser eux-aussi sur le constat dressé par la Commission bancaire (Cobac) de la BCEAO, « des irrégularités dans la dernière augmentation du capital social », « un système d'information et de gestion non fiable », « une dégradation du portefeuille de crédits », « un fort endettement auprès du système bancaire et de la clientèle particulièrement celle des entreprises publiques » ainsi que « des charges d'exploitation importantes de personnels et de services extérieurs ». Le cahier de charge qui a été assigné à Bachir Amadou consistera donc à « assurer la continuité des activités d'ASUSU et le respect des prescriptions légales, règlementaires et statutaires, à prendre toute mesure utile afin de préserver les intérêts des associés et des clients d'ASUSU SA, à diligenter un audit organisationnel et financier de l'institution ainsi que du Système d'Information et de Gestion de l'institution et toute autre vérification demandée par le comité de suivi ». Il sera épaulé dans cette mission par un Comité de suivi d’administration provisoire qui remplace le Conseil d’administration et qui est chargé d'émettre des avis sur la conduite des opérations, le Plan de redressement et de manière générale, l'exécution du Cahier des charges.
Au delà de ces missions, le plus grand défi pour le nouvel administrateur provisoire d’ASUSU sera de maintenir la confiance de la clientèle ainsi que des partenaires et faire face aux mêmes difficultés conjoncturelles misent en avant par l’ancienne PDG de l’institution et qui tiennent, à bien des égards, à des facteurs externes auxquels l’économie nigérienne dans son ensemble est également confrontée.
A.Y.B (Actuniger.com)
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