Crise scolaire: le gouvernement opte pour la fermeté dans son bras de fer avec l’USN
La fermeté, un peu de lest mais surtout la fermeté! C’est visiblement l’option qu’a décidé de privilégier le gouvernement dans la crise qui secoue le système éducatif national et qui a pris une nouvelle tournure depuis une semaine à la suite des violentes échauffourées enregistrées mercredi 18 avril dernier sur le campus universitaire de Niamey et la grève illimitée du Comité directeur de l’USN.
Après le conseil des ministres du vendredi dernier au cours duquel le gouvernement a déploré « les actes de vandalisme » et rappelé aux élèves et à leurs parents que les examens sont maintenus aux dates et jours prévus, c’est au tour des ministres en charge de l’Enseignement supérieur et de la formation professionnelle, de monter au front. Lundi dernier, Yahouza Sadissou et Abdoulkadri Tidjani ont conjointement animé une conférence de presse sur la situation qui prévaut au sein des universités, écoles et instituts ainsi que les décisions qui seront prises par le gouvernement pour faire face à la situation.
Le ministre Yahouza souffle le chaud et le froid
C’est le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (MESRI) qui a donné le ton. Contrairement à son dernier passage au Parlement où sa prestation assez conciliante a été largement appréciée par l’opinion, cette fois, c’est un autre Yahouza Sadissou qui s’est découvert aux nigériens. Dans un ton grave et avec des propos menaçants, le ministre n’a pas pris de gants pour dire tout ce qu’il pense du contexte universitaire ambiant. A vrai dire, le ministre Yahouza a soufflé le chaud et le froid car s’il a fait montre auparavant fait d’une prédisposition au dialogue, renvoyant la responsabilité de la déliquescence de l’enseignement supérieur sur le dos de tous les acteurs, cette fois c’est avec un ton ferme, donc de non recevoir, qu’il a tenté d’expliquer la position du gouvernement. Les échauffourées du mercredi 18 avril ont apparemment sonné la fin du dialogue qui était en cours avec les étudiants et dont le ministre avait même annoncé une probable fin heureuse lors de son allocution devant les députés. Il n’est plus question donc de dialoguer donc si on se tient à la position affichée par Yahouza Sadissou qui a affirmé que « le gouvernement va assumer ses responsabilités en prenant les mesures qui s’imposent ». Ainsi, et sans revenir sur les conditions de la fermeture du campus universitaire, le ministre a « laissé entendre que le campus sera rouvert mais une fois que le gouvernement l’aura assaini ». En matière de mesures d’assainissements, il s’agit dans les faits de la sécurisation du campus « afin de mettre fin aux violences sur et autour du territoire universitaire ». Le ministre n’a pas manqué à ce sujet d’accuser explicitement la CASO, de perpétrer régulièrement des « actes de violence » et a même clairement cité « des cas de torture et de meurtres commis par la CASO » en renvoyant ceux qui veulent en avoir les preuves, de se référer aux nombreuses plaintes déposées dans les commissariats de Niamey. « La CASO, c’est tout simplement une milice qui fait régner sa loi sur le territoire universitaire » a poursuivi le MESRI avant d’annoncer que «le gouvernement prendra toutes les mesures nécessaires pour arrêter les dérives de la CASO parce qu’il est inacceptable qu’il y’ait un Etat dans un Etat». Toujours parmi les mesures d’assainissement annoncées, Yahouza Sadissou a annoncé la reprise en main de la gestion du restaurant et des autres œuvres sociales comme le restaurant ou l’attribution des chambres, une gestion qui sera désormais et totalement assurée par le CNOU qui est le seul organe habilité à le faire. Là, le ministre a dénoncé le fait que près de 200 chambres sont actuellement occupées par les dirigeants des étudiants et les membres de la CASO et qu’elles seront par conséquent réattribuées aux étudiants régulièrement inscrits. Au niveau du resto, l’accès sera aussi désormais réguler par l’exigence d’un ticket obligatoire qui ne sera décerné qu’aux étudiants ayant légalement droit.
Menaces et intimidations
En somme donc et comme il y apparait, les étudiants et leurs différentes structures (CD/USN, CE/UENUN et autres CASO) seront définitivement déchargées de toute implication dans la gestion des œuvres universitaires et mieux encore, le ministre Yahouza Sadissou a annoncé que l’Etat ne permettra désormais plus que, pour des crises cantonnées à l’université, les activités académiques soient perturbées dans les écoles ou instituts privés et autres établissements scolaires.
C’est dans le même sens que s’est inscrite l’intervention du ministre de l’Enseignement technique et de la formation professionnelle. Avec moins de verve certes mais le ton se voulant tout aussi grave au point de s’en mêler les pinceaux, Abdoulkadri Tidjani a tenu à rappeler encore une fois , « que les examens se dérouleront sur tout le territoire national aux dates et jours choisis par le gouvernement ». Selon le ministre, toutes les dispositions matérielle et financière pour en créer les conditions nécessaires, sont en train d’être prises. Il a cité notamment le paiement actuellement en cours des bourses et allocations et a rappelé les investissements déjà consentis par le gouvernement dans le secteur. « Le gouvernement tient à réaffirmer qu’il n’accepterait plus que des troubles soient perpétrés au niveau des différents établissements, publics comme privés » a martelé encore le ministre Tidjani allant jusqu’à prévenir que « les fauteurs et auteurs seront interpellés et transmis à la justice ». « Nous sommes dans un Etat de droit, on ne peut pas accepter que des agitateurs parce qu’ils suivent d’autres intérêts, compromettent le droit des autres » a estimé nécessaire de conclure le ministre de l’Enseignement technique et de la formation professionnelle qui n’a pas manqué d’inviter les scolaires à revenir sur de meilleurs sentiments.
Intervention du ministre l’Enseignement supérieur Yahouza Sadissou
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Intervention du ministre l’Enseignement technique et de la formation professionnelle Abdoulkadri Tidjani
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Bras-de-fer engagé face à une opinion médusée
Le gouvernement opte donc pour la fermeté et assure que toutes les dispositions sont prises pour une reprise des cours malgré le mot d’ordre de grève illimitée qui a été déclenchée le même jour par le CD/USN sur toute l’étendue du territoire national. Il faut dire que depuis et pour joindre les actes aux paroles, les autorités sont en train de prendre des mesures pour « casser » le mouvement des scolaires. Des instructions ont été données aux différentes autorités administratives (gouverneurs et préfets ainsi qu’aux responsables d’établissements publics et privés) de mettre tout en œuvre pour sensibiliser les parents d’élèves et autres à rejoindre les classes. Le ministre Yahouza Sadissou a d’ailleurs fait remarquer dans on intervention qu’au niveau de Niamey, toutes les mesures sont prises pour la poursuite des activités académiques.
Par la suite, les autorités universitaires ont pris le relais à travers différents communiqués, pour rappeler aux étudiants que les activités académiques se poursuivent normalement et que celles qui ont été prévues ne seront en aucun cas reprogrammées.
Les injonctions du gouvernement restent pour le moment sans impact significatif car si les cours se poursuivent dans certains établissements scolaires de la capitale et de l’intérieur du pays, le mot d’ordre du CD/USN, est largement suivi principalement au sein des différentes universités du pays. Le CD a d’ailleurs décidé de maintenir son mouvement malgré les menaces et intimidations du gouvernement selon ses membres et ce mercredi, la situation au niveau de la plupart des établissements laissent présager que la grève est bien suivie.
Avec ce bras de fer qui se profile, il y a fort à parier que la situation se dégrade davantage puisque d’autres établissements risquent de se joindre à la fronde comme c’est le cas de l’université de Maradi où les étudiants étaient déjà en débrayage depuis la semaine dernière. Ce mercredi 25 avril, plusieurs universités du pays ainsi que des écoles ont été quadrillés par d’importants dispositifs sécuritaires afin d’empêcher toute tentative de manifestations ou de perturbation des cours, ce qui risque d’amplifier les tensions. Comme c’est le cas de l’Université de Tahoua où le comité exécutif des étudiants a déjà prévenu qu’il n’acceptera pas la présence des FDS sur le campus, la crise qui a explosé sur le campus de l’Université de Niamey, risque d’embraser les autres établissements d’enseignements supérieurs du pays.
A quelques mois du début des examens de fin d’année, l’opinion assiste médusée à ce qui prend l’allure d’une véritable guerre de tranchées au regard des positions radicales de part et d’autres. L’Association des parents d’élèves et étudiants a certes appelé les deux parties au dialogue mais pour l’heure, il n y a aucune chance que les tentatives de médiation (Médiateur national, président du Conseil national des jeunes) fassent bouger les lignes. Même le Conseil national de dialogue social (CNDS), la CNDH ou l’Assemblée nationale qui a pourtant semblé prendre conscience de l’ampleur de la situation ainsi que les associations habilitées (religieuses ou coutumières), semblent dépassées par la situation puisqu’ils répondent encore aux abonnés absents.
C’est pourtant l’avenir du pays qui en dépend…
A.Y.B (Actuniger.com)
Commentaires
ibm, tu ne comprends rien en tant qu