Malgré l’interdiction des autorités, la société civile maintient sa manifestation du dimanche 25 mars
Dans une déclaration rendue publique ce matin, à l'Espace Frantz Fanon, le collectif des Organisations de la Société Civile a décidé de maintenir toutes les actions prévues pour demain dimanche. Voici l'intégralité de la déclaration.
Déclaration du collectif des Organisations de la Société Civile
Sur instructions de leur tutelle, plusieurs autorités municipales de notre pays, en particulier celles de Niamey, Maradi, Zinder et Tahoua, ont pris la grave décision d’interdire les manifestations pacifiques prévues pour demain 25 mars 2018, par les organisations de la société civile, dans le cadre de la Journée d’actions citoyennes contre la loi de finances 2018 et le bradage de la souveraineté nationale. Les arrêtés d’interdiction pris par ces autorités municipales invoquent notamment des raisons évidentes de sécurité, en référence au contexte sécuritaire actuel au Niger et dans la sous-région, notamment les récentes attaques terroristes commises aux environs immédiats de la ville de Niamey.
Après une analyse approfondie de la situation, résolu à se battre pour l’exercice des droits individuels et collectifs consacrés par la Constitution de notre pays et par divers instruments juridiques ratifiés par l’État du Niger, le collectif des organisations de la société civile nigérienne tient à faire la déclaration suivante :
-Considérant que la liberté de manifestation est une liberté fondamentale, un droit individuel et collectif, consacrée par la Constitution du 25 novembre 2010 et divers instruments juridiques internationaux et régionaux régulièrement ratifiés par l’État du Niger, à l’effet de donner la possibilité aux citoyens et citoyennes et à toutes les personnes vivant sur le territoire national de se faire entendre des autorités, de défendre leurs droits, d’exprimer leur opposition à toute politique susceptible d’avoir des effets négatifs sur leur vie, de manière pacifique;
-Considérant le caractère fallacieux et spécieux des raisons invoquées par les autorités municipales de Niamey et d’autres villes du pays pour interdire les manifestations pacifiques entrant dans le cadre de la journée d’action citoyenne du 25 mars 2018, manifestations qui, à l’heure actuelle, constituent le seul moyen dont les citoyens et les citoyennes peuvent user pour faire valoir leurs droits et pour obliger le gouvernement à revenir sur les mesures antisociales contenues dans la loi de finances 2018 et sur sa politique de bradage de la souveraineté nationale;
-Considérant que les soit disant raisons de sécurité évidentes, invoquées par le président de la délégation spéciale de la ville de Niamey, ne s’appliquent visiblement qu’aux seules manifestations des organisations de la société civile, et pas à celle du PNDS Tarayya, qui tient en ce moment même son congrès et diverses festivités nocturnes;
-Considérant que les interdictions de manifestations décidées par les autorités municipales s’inscrivent clairement dans une démarche visant à instaurer au Niger un régime politique fondé sur la dictature, l’arbitraire, l’impunité, l’injustice, la corruption, la concussion, le régionalisme, l’ethnocentrisme, le népotisme, le pouvoir personnel et le culte de la personnalité, toutes choses contre lesquelles le peuple nigérien souverain a réaffirmé clairement son opposition absolue, à travers le préambule de la constitution du 25 novembre 2010;
-Considérant que toutes les manifestations organisées par le collectif des organisations de la société civile ont toujours revêtu un caractère pacifique indéniable, preuve de l’esprit de responsabilité et de civisme aussi bien des organisateurs que des milliers de participants;
-Considérant les dispositions de l’article 15 de la Constitution de notre pays qui stipulent clairement que « nul n’est tenu d’exécuter un ordre manifestement illégal »;
Nous, organisations de la société civile nigérienne, regroupées au sein du Cadre de concertation et d’action citoyenne, convaincues de notre bon droit et résolues à poursuivre notre lutte, conformément à notre devoir sacré de résistance à toute forme d’injustice et d’arbitraire :
-Rejetons purement et simplement l’arrêté d’interdiction pris par le président de la délégation spéciale de la ville de Niamey, comme contraire aux dispositions pertinentes de notre Constitution et des instruments juridiques internationaux, et décidons en conséquence de maintenir toutes les manifestations pacifiques prévues pour le dimanche 25 mars 2018, conformément à l’injonction qui nous est faite par la constitution de ne pas obtempérer à un ordre manifestement illégal;
-Exprimons notre profonde indignation de voir les autorités en place invoquer la situation sécuritaire dans le pays pour restreindre les espaces de liberté aux organisations de la société civile, apportant ainsi la preuve que la crise sécuritaire à laquelle le pays est confronté constitue d’abord pour elles une opportunité historique d’instaurer une dictature, de brader la souveraineté du pays en favorisant l’installation des bases militaires étrangères et de s’enrichir sauvagement sur le dos du peuple en empochant une part considérable des ressources financières colossales destinées aux dépenses de sécurité;
-Rappelons à tous, en particulier aux autorités en place, que ce sont justement le refus systématique du dialogue avec les forces sociales et politiques, le piétinement des valeurs et principes de la démocratie, les violations des droits humains, la culture de l’impunité, les injustices sociales diverses, la corruption généralisée, en particulier celle affectant les institutions devant servir de recours pour les citoyens lésés dans leurs droits, qui ont fait le lit du terrorisme contre lequel elles prétendent vouloir protéger les populations;
-Exhortons les responsables et éléments des forces de sécurité à se rappeler qu’ils sont au service des citoyens et non d’une quelconque autorité politique passagère, à tenir compte des dispositions de l’article 15 de la Constitution de notre pays, qui stipulent clairement que « Nul n’est tenu d’exécuter un ordre manifestement illégal », en gardant à l’esprit qu’ils sont individuellement comptables de toute atteinte à la vie et à l’intégrité physique et morale des personnes, commise à l’occasion d’une manifestation pacifique;
-Lançons un appel pressant à tous les citoyens et les citoyennes de sortir massivement demain dimanche 25 mars 2018 à partir de 16h pour exprimer, de manière pacifique et responsable, leur refus d’obtempérer à une interdiction illégale de manifester, de se laisser imposer une loi de finances antisociale et de voir notre pays redevenir une colonie, en gardant à l’esprit que c’est de la résignation des opprimés face aux injustices quotidiennes que se nourrissent partout dans le monde les régimes dictatoriaux.
Enfin, appelons tous les citoyens et les citoyennes à se tenir prêts pour une journée pays mort le lundi 2 avril 2018, date anniversaire de l’investiture du Président de la République Issoufou Mahamadou.
Fait à Niamey le 24 Mars 2018
Commentaires
Car souvenez-vous tres bien, la question ne date pas d'aujoudhui. Elle date de bien avant le conflit malien ou libyen, mais du temps de la Transition de Salou Djibo et du debut du premier mandat de Issoufou. ..1/
Tout ceci,date de bien avant l'argument du "contexte securitaire" dont il avance pour faire avaler au peuple cette mascarade. 3/
NON AUX BASES MILITAIRES ETRANGERES
NON AU BRADAGE DE LA SOUVERAINTE NATIONALE
NON AU BRADAGE DES RESSOURCES NATIONALES
NON A LA CORRUPTION..
La lutte continue