Manif contre manif : Le Niger à l’épreuve de la « soudanite » !
Soudanite : « Maladie non encore mentionnée dans les ouvrages médicaux qui se traduit par une irritabilité extrême, des emportements, des écarts de langage et des extravagances proches parfois de la folie. Sa principale caractéristique est de ne pas faire souffrir celui qui en est atteint, mais seulement ceux qui l’entourent… ». Marcel d’Orient, Souvenirs d’une campagne au Soudan.
Les auteurs français attribuaient cette « maladie collective » aux seuls colons blancs, à l’instar de Voulet et Chanoine qui ont littéralement disjoncté en Afrique (au Niger particulièrement) en s’adonnant à toutes les atrocités possibles. Mais ces mêmes auteurs ont oublié de mentionner que cette « pathologie comportementale » survenait particulièrement pendant la saison chaude (de février à juin) et que les africains eux-mêmes n’étaient point épargnés.
Nul doute que le soleil a une influence sur les nerfs des sahéliens que nous sommes. Habitant d’un pays situé sur « l’équateur thermique », le Nigérien est fondamentalement plus « nerveux » que ses frères côtiers par exemple. Le pays aborde actuellement cette période à haut risque. D’ores et déjà des internautes rapportent des scènes de « colères et bagarres inexplicables » dans la circulation et les ménages à Niamey la capitale réputée la plus chaude du globe. Pour être davantage édifié sur cette « influence solaire », il suffit de consulter la carte des « évènements douloureux » qui ont jalonné la trajectoire de notre pays. L’on constate clairement que ceux-ci sont intervenus, dans leur majorité, pendant cette période dite de chaleur. Les dates de 9 février, 18 février, 9 avril, 15 avril, résonnent dans notre mémoire collective comme autant rendez-vous sanglants que manqués.
Sans compter les JID, les JAD, les JAC, les villes mortes, les déclarations incendiaires… Tout ceci est aujourd’hui de retour, au même moment, comme dans un parfait remake de l’histoire. Rien qu’en ce mois de mars, on ne compte plus les marches et les contre marches organisées par l’opposition, la société civile et les partisans du pouvoir à Niamey et dans les grandes villes du pays. Le plus marrant, c’est de constater que ces manifestations à répétition drainent de plus en plus des foules, comme si quelque part les gens sont dopés par …le soleil !
Une autre marche de la société civile est programmée pour le 25 mars, quelques heures seulement après la tenue du congrès du parti présidentiel le PNDS Tarayya. Nombreux sont les analystes qui trouvent en ces deux rendez-vous concomitants, une meilleure occasion pour mesurer l’ampleur de la soudanite qui s’empare du pays, notamment à travers les gestes et les paroles des forces en présence.
« To jama’a, a yi hattara ! » Le soleil là ne fait pas que briller dans le ciel. La soudanite est une réalité qui a cette vertu d’impacter notre comportement collectif dans le sens de la nervosité et de la confrontation. D’ores et déjà, des différentes forces en face à face, aucune ne veut lâcher un millimètre carré de sa prétendue « légitimité », créant ainsi une atmosphère hautement inflammable où toutes les étincelles sont à surveiller.
Heureusement qu’Allah dans son infinie Bonté a prévu deux temps forts pour réguler toute cette ire collective : Le Ramadan (Mai) et la saison pluvieuse (Juin). Le premier nous obligera à mettre toutes nos pulsions grégaires entre parenthèse, la seconde viendra rafraichir nos cœurs et nous redonnera le sourire !
El Kaougé Mahamane Lawaly, Le Souffle Maradi.
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