Lutte contre la migration clandestine : le ministre français Gérard Collomb à la rencontre des migrants clandestins à Agadez
Après avoir pris part, le vendredi 16 mars dernier à Niamey, à une réunion de coordination Afrique-Europe, consacrée à la lutte contre le trafic illicite de migrants, le ministre de l’Intérieur français Gérard Collomb était, le samedi 17 mars dernier, à Agadez. C’est pour se rendre compte de la situation sur le terrain que M. Collomb s’est rendu sur le terrain, aux portes de la Libye.
Accueilli au rythme des chants traditionnels par des groupes artistiques en costumes d'apparat, le ministre a visité la mission de police de l'UE "Eucap Sahel Niger" et s'est rendu au centre de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) où plus de 300 migrants sont accueillis, dans l'attente de leur retour volontaire.
Des hommes patientent sous des préaux, les femmes surveillent leurs enfants dans le quartier réservé.
Agadez, il a pu entendre les expériences des rescapés de Libye, où les candidats à l’immigration sont emprisonnés, rançonnés, traités en esclaves.
En effet, un nombre croissant de personnes arrive à Agadez en provenance d’Algérie et/ou de la Libye, avec des récits pleins de tritesse.
‘‘On veut rentrer à la maison. C'est trop horrible. Je reviens de Libye, c'était une expérience terrible", explique en se tordant les mains Jennifer, une Nigériane, au ministre.
"Mon mari voulait passer en Europe. J'ai préféré revenir toute seule. Je n'ai pas de nouvelles", explique au ministre Aïcha, une Sierra-Leonaise enceinte, avant d'éclater en sanglots.
Le récit est souvent difficile, face aux visiteurs. "J'ai perdu trois amis en Libye", déclare un jeune Libérien, avant de plonger la tête dans ses mains et de quitter la table où plusieurs migrants font le récit de leurs épreuves.
Samuel, un Camerounais, a passé deux mois en prison, après avoir été rattrapé en bateau par les gardes-côtes libyens, alors qu'il touchait les eaux internationales. "Les Libyens n'ont aucune pitié. Ils vous kidnappent et vous mettent en prison. La rançon c'est 200.000 francs CFA (300 euros) pour les hommes, 250.000 pour les femmes. Et si ta famille ne paie pas, on te tue", raconte-t-il.
Mais à l'heure où certains pays africains et européens multiplient les efforts pour fermer la route passant par la Libye, un nombre croissant de personnes arrivent à Agadez en provenance d'Algérie, avec des récits pleins d'amertume.
Le ministre Collomb a aussi écouté les témoignages des refoulés d’Algérie
"Nous les Noirs en Algérie, on est trop fatigués. Mon idée n'était pas d'aller en Europe, juste de m'occuper de ma famille. Mais là-bas, on nous prend pour des animaux", assure un jeune Burkinabè "rapatrié" de force d'Algérie.
‘‘Ces gens croyaient trouver l’eldorado, mais ils se sont aperçus qu’il n’y avait que des chimères à vouloir partir’’, a estimé le ministre qui a fait, avec les autorités nigériennes, de la lutte contre l’immigration irrégulière une priorité.
Gérard Collomb a promis de se faire « le porte-parole d’Agadez » en France et au niveau européen pour doper les projets de soutien à la reconversion de l’économie régionale. « Nous sommes conscients qu’il faut essayer de reconstruire une économie alternative » à celle des passeurs de migrants, pour redonner des perspectives d’emploi aux jeunes.
Abdoul Nasser Hassane
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