Lutte contre la migration clandestine : Polémique autour de l’envoi des militaires italiens au Niger
Par rapport à la lutte contre l’immigration irrégulière : Oui pour un appui technique militaire de l’Italie au Niger mais Non à la présence d’une force militaire (de près de 500 hommes) sur le sol nigérien. C’est ce que semble dire le ministre de l’Intérieur Bazoum Mohamed, hier lundi 12 mars, sur les ondes de RFI.
Le ministre de l’Intérieur réagissait ainsi aux récentes affirmations de la presse italienne concernant l’envoi de militaires italiens dans le pays. Il a réitéré la position du Niger, annonçant qu'une telle intervention militaire serait inconcevable.
Le quotidien italien Corriere della Sera, daté du 10 mars, indiquait que cette situation de refus met l'Italie en difficulté. En effet, le journal fait mention de deux lettres demandant une intervention à l’Italie. Ces lettres ont été envoyées à la ministre italienne de la Défense, Roberta Pinotti, et signées par son homologue nigérien, Kalla Moutari. Or, pour le Niger, ces lettres n'existent pas, précise RFI.
« Nous n'avons jamais adressé de telles lettres à l'Italie. Cela ne relève pas tout à fait de la réalité », explique le ministre Bazoum, qui appelle la presse italienne à cesser de polémiquer. Il réitère la position, déjà annoncée, de son pays refusant définitivement l'envoi d'une mission militaire de 470 hommes au Niger, entérinée par le Parlement italien, le 17 janvier dernier.
Le Niger entend ainsi protester contre le fait qu'il était informé sur l’envoi de cette mission par la presse et non pas par les voies officielles. Niamey accepte cependant des aides techniques italiennes pour l'armée et la police.
« La seule chose sur laquelle nous venons d'exprimer un point de vue définitif, c’est la présence inconcevable de troupes qui seraient stationnées ici, comme l'idée en a été discutée au parlement italien. A part cela, il est tout à fait concevable qu'il y ait des instructeurs italiens, des personnels militaires experts dans tel ou tel domaine qui viendraient renforcer les capacités de nos forces de défense et de sécurité », a spécifié le ministre Bazoum Mohamed.
Cet appui, coordonné avec les Italiens, aura pour but d'aider les autorités locales à renforcer le contrôle du territoire par lequel transitent de nombreux migrants en direction de l'Europe.
L’Italie aidera financièrement le Niger dans la lutte contre la migration clandestine
Par ailleurs, l’Italie a décidé d’aider financièrement le Niger pour freiner le phénomène de migration vers l’Europe. En visite éclair, le 10 novembre dernier à Niamey, et après une rencontre avec le président Issoufou Mahamadou, le ministre italien des Affaires étrangères Paolo Gentiloni a déclaré que son pays mettra à la disposition du Niger 200 millions d’euros.
Pour Paolo Gentiloni, « les problèmes des migrations illégales, on ne peut pas accepter de [les] laisser dans les mains des organisations de trafic illégal. Récemment, l’Union européenne a décidé un nouveau fonds spécial [contre] l’immigration irrégulière de 500 millions d’euros. »
« L’Italie elle-même a décidé un fonds spécial de 200 millions d’euros, indiquait le ministre italien des Affaires étrangères. Cela doit se transformer en une coopération avec les autorités du Niger pour renforcer leur équipement, leur capacité de gestion des frontières, leur capacité d’assistance humanitaire. »
« En fait, réduire le nombre de migrants irréguliers qui traversent le Niger n’est pas seulement un intérêt européen, mais on est d’accord pour mettre nos ressources économiques à disposition du Niger pour travailler ensemble sur ces résultats », concluait M. Gentiloni.
Abdoul Nasser Hassane
Commentaires