« Ba aro, ba haya », la démonstration de force de la société civile de Zinder
Les manifestations de la rue à Zinder se suivent et semblent se ressembler mis à part le degré de mobilisation qui ne baisse pas d’un iota! C'est le moins que l’on puisse dire avec cette véritable démonstration de force de la société civile locale, ce dimanche 11 mars. Les manifestants sont en effet massivement sorties dans les principales artères de la capitale du Damagaram en réponse à l’appel du collectif des organisations de la société civile qui poursuit ainsi sa contestation contre la loi des finances 2018.
Ce n’est pas la première fois que Zinder manifeste mais cette fois, la mobilisation était plus des plus impressionnantes. D’autant qu’elle intervient 24H après celle des partis de la mouvance présidentielle qui, la veille, a également et aussi surprenant que cela puisse paraitre, enregistrée une participation massive.
« Ba aro, Ba haya » : «sans prêt, ni location »
C’est donc une réponse du berger à la bergère que la société civile a voulu adresser aux partis de la majorité. Et il faut reconnaitre que la mobilisation était à la taille durant tout le nouvel itinéraire de la manifestation. De la Place des martyrs en passant par la route « ex assemblée », Kassuwa Kouda, embranchement RTT Zinder ou l’école Aissata Kondo, la Pharmacie N'wala rue et enfin à la Tribune officielle où s’est tenu un imposant meeting, c'est une véritable marrée humaine qui a convergé pour suivre les différentes interventions des leaders du collectif locale. Au passage, les manifestants scandaient des slogans hostiles au régime et brandissaient des pancartes sur lesquels on peut lire des textes acerbes contre les gouvernants et surtout la loi des finances.
Le slogan qui a exceptionnellement fait feu pour ce dimanche, c’est « Ba aro, ba haya », autrement dit « sans prêt, ni location », une expression populaire pour signifier que la participation massive des citoyens était « citoyenne et surtout désintéressée ». Un coup de pied à la manifestation de la veille où les accusations font état de participants « soudoyés et transportés » pour grossir la mobilisation de soutien au régime.
Au cours du meeting, plusieurs interventions ont été enregistrées notamment celle des représentants des fronts de l'opposition (FRDDR et FOI), ainsi que ceux des partis non affiliés et surtout la déclaration du cadre de concertation et d'actions citoyennes de Zinder. Le représentant du cadre Illiya Dan Malam a rappeler en premier lieur que ces journées d'actions citoyennes qui sont organisées depuis le mois de décembre ont été l'occasion, « pour les organisations de la société civile de faire une démonstration de force à travers leur capacité de mobiliser librement les nigériens, sans aucun kopecks, ni location de consciences pour dire non à la corruption, non au clientélisme et arrogance qui caractérisent la gestion actuelle de notre pays ». Aux revendications nationales contre la loi des finances et la gouvernance, le cadre des OSC de Zinder a largement évoqué certains maux qui minent le développement de la région, notamment la question de la redevance au titre de la région où depuis 6 ans de mise en service de la raffinerie aucun rond n'a été versé aux comptes des communes bénéficiaires et la région. C’est aussi la même situation pour les expropriés qui attendent encore d’être indemnisés ou encore le projet « Zinder Saboua » dont le montant du budget a été jugé « insignifiant et ambiguë » par la société civile zinderoise. A la fin de la manif, des engagements ont été pris pour la poursuite de la mobilisation jusqu’à satisfaction des revendications portées par les organisations de la société civile et les citoyens qui s’approprient de plus en plus le mouvement.
Actuniger avec notre correspondant à Zinder, Mahamaman Moutari Magagi
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