DÉCLARATION : La société civile répond à Massaoudou et interpelle les partenaires extérieurs
Déclaration du cadre de concertation des Organisations de la Société Civile Nigérienne
Le collectif des organisations de la société civile a suivi, avec beaucoup d’intérêt, la déclaration, faite le 28 février 2018, par le Ministre de finances, M. Hassoumi Massaoudou, lors de sa rencontre avec les partenaires techniques et financiers au sujet de la loi de finances 2018, largement décriée par les Nigérien(ne)s; une déclaration au cours de laquelle le tout puissant Ministre, fort sans doute du soutien de son patron et convaincu d’obtenir celui des partenaires extérieurs, a tenu à rappeler que le gouvernement ne cédera rien sur la loi de finances 2018.
Convaincues de la justesse de leur lutte contre la loi de finances 2018 et le bradage de la souveraineté nationale, totalement confiantes en la capacité du peuple à vaincre n’importe quelle force, et plus que jamais résolues à combattre la régression sociale et politique à l’œuvre, conformément aux dispositions de notre Constitution qui nous en donne le plein droit, nous, organisations de la société civile nigérienne :
-Réfutons sans ambages les insinuations du ministre de finances tendant à faire croire à l’opinion et à ses interlocuteurs que les organisations de la société civile sont contre le principe même de l’impôt, faisant ainsi l’impasse sur tous les efforts que nous accomplissons pour promouvoir le civisme fiscal et dénoncer la mauvaise utilisation des ressources mobilisées;
-Prenons acte non seulement de la volonté clairement affichée par les autorités en place de ne rien céder sur la loi de finances 2018, mais aussi de la caution apportée par certains partenaires techniques et financiers aux mesures antisociales contenues dans cette loi;
-Exprimons notre profonde indignation d’entendre le représentant officiel de l’Union Européenne au Niger qualifier de courageuse l’attitude d’un gouvernement qui impose d’énormes sacrifices au petit peuple, fait des cadeaux fiscaux aux compagnies étrangères, et qui refuse tout dialogue avec les forces sociales;
-Considérons les encouragements des partenaires extérieurs au gouvernement comme un signe de mépris à l’égard des milliers de personnes qui, répondant librement à l’appel des organisations de la société civile, n’ont eu de cesse depuis trois (3) mois de manifester dans les rues pour protester et exprimer leur refus conscient et éclairé d’une politique clairement antisociale;
-Rappelons aux autorités en place et à leurs soutiens extérieurs que le peuple nigérien est un peuple libre, ayant de la mémoire, conscient et jaloux de sa souveraineté, qui ne se laisse ni impressionner, ni intimider par les fanfaronnades de responsables politiques acquis aux intérêts étrangers;
-Exprimons notre surprise d’entendre un ministre de finances, pris la main dans le sac dans l’affaire de 200 milliards FCFA de l’Uraniumgate, donner de leçons d’intégrité et de civisme fiscal aux Nigériens, notamment ceux qui exercent dans le secteur informel à Katako et ailleurs;
-Exhortons l’ensemble des citoyens et des citoyennes à rester confiants en eux-mêmes et à garder à l’esprit qu’aucun pouvoir sur terre, ni celui des princes qui nous narguent, ni celui des puissances extérieures qui les soutiennent, n’est éternel et capable de vaincre un peuple mobilisé, déterminé et résolu à défendre sa dignité;
-Invitons tous les citoyens et toutes les citoyennes, convaincus du caractère injuste des mesures fiscales contenues dans la loi de finances 2018 et soucieux de la préservation de la souveraineté, à se mobiliser partout dans le pays, le dimanche 11 mars 2018, pour dire « Non » au diktat des puissances extérieures et de leurs valets locaux et défendre leur dignité;
Enfin, nous encourageons et prions toutes les bonnes volontés à s’investir non seulement dans les actions d’information et de mobilisation de proximité, mais aussi le transport et toute la logistique nécessaire au succès de la prochaine journée d’action citoyenne du 11 mars 2018 contre la loi de finances 2018, et pour la défense des droits humains, des valeurs et principes de la démocratie et de la souveraineté de notre pays.
Fait à Niamey le 03 Mars 2018
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