SOCIÉTÉ CIVILE : A Zinder aussi, des revendications sociales et une fronde contre la mauvaise gouvernance
Les Organisations de la société civile (OSC) de Zinder ont également répondu à la marche suivie de meeting du 14 janvier 2018. Les manifestants étaient venus en nombre pour protester contre les « dispositions antisociales » de la loi des finances ainsi que plusieurs autres doléances portées par ce mouvement social qui n’est pas prêt de s’estomper. L’occasion aussi pour les OSC de la région de rendre public leurs doléances locales et régionales avec plusieurs problématiques soulevées par les manifestants.
Voici en intégralité, la déclaration de la société civile de Zinder qui a également passé en revue, l’évolution de la situation sociopolitique et économique du pays ainsi que les problèmes de gouvernance auxquels fait face la région.
DECLARATION DES OSC DE ZINDER A L’OCCASION DE LA MARCHE CITOYENNE DU 14 JANVIER 2018
En ce Dimanche historique du 14 Janvier 2018, nous voici encore une fois de plus, réunis comme un seul homme, pour réaffirmer notre détermination et notre engagement sans faille, à combattre la mauvaise gouvernance qui caractérise la gestion actuelle de notre pays.
Mauvaise gouvernance qui a pour nom : la gestion scandaleuse des deniers publics, la corruption, la concussion, le clientélisme, le trafic d’influence, l’opacité dans l’exploitation des ressources naturelles et l’instauration d’une pensée unique sans précédant, autant des pratiques qui jurent d’avec les fondamentaux sur lesquels repose notre république
Mmes et Mrs
C’est le lieu de nous indigner contre l’attitude irrespectueuse et irresponsable du gouverneur de la région de Zinder quand il réagissait par rapport à notre manifestation du 21 Décembre dernier qui ironisait la mobilisation citoyenne en infantilisant les participants. A supposer que c’est vraiment le cas, est ce à dire que les enfants n’ont pas le droit d’exercer leur liberté ?
Le plus regrettable ici est la légèreté avec laquelle nos autorités traitent les questions d’intérêt national, ce qui démontre un temps soit peu leur insouciance face aux légitimes préoccupations citoyenne.
Aussi, le gouverneur prétendait que la société civile se mêle de ce qui ne la regarde pas. C’est donc le lieu de lui rafraichir la mémoire qu’au nom de la transparence, la société civile a le devoir de mener le contrôle citoyen de l’action publique dans tout le domaine.
Comme vous le savez mesdames et messieurs ;
Notre pays traverse un contexte particulièrement difficile marqué au plan économique par une pauvreté généralisée de la population, une gestion désastreuse et chaotique des richesses publiques et une main basse sur les ressources naturelles par les puissances extérieures.
Au plan social la situation se caractérise par une désagrégation de notre système éducatif et de santé, une détérioration graduelle de la sécurité nationale par des attaques répétées et des enlèvements des personnes auxquelles s’ajoute la peine dont éprouve la majorité des nigériens à faire face à leurs besoins quotidiens
Le contexte politique quand à lui se traduit par une mauvaise gouvernance sans pareille avec des multiples violations de la constitution, une gestion patrimoniale et opaque des affaires publiques. Ainsi que des multiples violations des droits humains et bâillonnements des libertés publiques.
C’est dans ces conditions on ne peut plus désastreuses que le gouvernement de la septième république n’a trouvé d’autres alternatives à présenter au peuple qu’une loi de finance scélérate au titre de l’année 2018 et qui fait objet de la présente contestation populaire.
Mmes et Mrs ;
Cette loi de finance introduit une batterie de mesures administratives et fiscales dont la conséquence est l’asphyxie du peuple par la hausse du cout exorbitant de la vie déjà trop élevé. Notamment les mesures relatives à la taxe de l’habitation, à la suppression des certains produits de la liste d’exonération à la TVA, à l’assujettissement des produits agricoles non achetés auprès des producteurs, celles sur la profession du secteur de commerce et de transport, sur l’abonnement audiovisuel ou encore celles relative à l’abrogation de la (TATTIE) et à la mutation par décès jugées trop inadaptées à nos mœurs et à notre religion.
A ce niveau nous nous posons la question suivante :
Comment accorder des avantages et des cadeaux fiscaux à des firmes, qui passent tout leur temps à frauder, à spolier et à escroquer nos peuples et accabler de manière concomitante et impitoyable les citoyens des lourds impôts et taxes?
C’est pourquoi nous exprimons de vive voie notre désapprobation face à cette loi inique et injuste et demandons le retrait pur et simple de toutes les dispositions impopulaires qu’elle contient et exigeons la prise en compte de toutes les observations formulées et présentées par nos structures aux commissions parlementaires (commission affaire économique et commission finance de l’assemblée nationale.)
Dénonçons le comportement de nos députés nationaux qui au mépris de leur fonction de représentation du peuple ont privilégié leur intérêt politique et clanique au détriment des aspirations légitime de ce dernier.
Rejetons énergiquement les piètres allocations financières accordées aux secteurs sociaux comme l’éducation, la formation, la santé…etc
Jugeons le budget 2018 fantaisiste car négligeant le secteur essentiel de la vie publique au profit des dépenses des prestiges liés à la gestion d’une kyrielle d’employés politiques.
Chers participants à ce grand rendez vous citoyen ;
Si nous sommes là aujourd’hui c’est aussi pour dénoncer un certains nombres de problèmes au niveau régional. Ces problèmes sont :
Depuis déjà deux ans que la ville de Tanout est entrain de connaitre les coupures répétitives d’électricité, le non payement de la redevance pétrolière au compte des communes et de la région de Zinder, le non règlement des droits à l’expropriation des champs occupés pour causes d’utilité publique dans le cadre de la construction de la SORAZ en violation flagrante de la constitution et des lois de la république. A tous ces dérapages il faut ajouter la déliquescence du secteur éducatif et sanitaire, la gestion catastrophique de notre ville de Zinder et de nos cinquante cinq communes en général.
Dans la région de Zinder, il n’est un secret pour personnes que le secteur éducatif connait des nombreux problèmes : manque crucial d’infrastructures, d’équipement (tables bancs), de support pédagogique, et de personnel en particulier cette année avec l’évaluation et les licenciements abusifs des enseignants, le retard de paiement de pécules…etc. Les conséquences de cette situation sont : la désorientation éducative, les classes pléthoriques, les exclusions, les redoublements et les abandons massifs, de façon générale la déperdition scolaire et le maintien de l’analphabétisme.
Dans le domaine de la santé on peut relever les problèmes suivants : le disfonctionnement des structures sanitaires à tous les niveaux par la rupture de certains produits (anesthésiques, réactifs pour certains examens ….),la panne de certains matériels et appareil (cas de scanner à l’hôpital de Zinder…) l’abandon de la pratique de culture etc.…
A ce problème technique on note une insuffisance criarde de personnel, la politisation outrancière de la gestion par la nomination des cadres non qualifiés aux postes de responsabilité, la frustration des agents par des manœuvres dilatoires des menaces, des violations des droits syndicaux et des accumulations d’arriérés de pécules des agents contractuels.
C’est pourquoi nous organisations de la société civile de Zinder exigeons du gouvernement, des autorités régionales et communales le règlement urgent et définitif de tous ces problèmes tant en ce qui concerne l’éducation que la santé. S’agissant de l’université de Zinder demandons une allocation conséquente des ressources financière pour efficacement prendre en charge les questions salariales des enseignants et du personnel administratif et technique, de bourse et des œuvres universitaires. Aussi demandons le déblocage sans délai de la crise qui prévaut actuellement dans cette institution, ainsi que de résoudre définitivement le problème d’électricité de la ville de Tanout.
Sur le plan de la gestion des collectivités le constat est amer :
Une gestion chaotique caractérisée par le détournement des maigres ressources, le bradage du domaine foncier et une incapacité notoire à faire face aux charges (salaire, eau, électricité …) et aux compétences à elle transférée. C’est pourquoi du haut de cette tribune demandons la dissolution du conseil de ville de Zinder pour la réussite du projet de modernisation de la ville de Zinder (Zinder SABUWA) et l’audit de la gestion de toutes les cinquante cinq communes de la région de Zinder.
Mesdames et messieurs ;
Je ne terminerai mon allocution sans pour autant évoquer la question sécuritaire. Ainsi notre pays le Niger fait face à des attaques terroristes du fait de sa position charnière aux carrefours des foyers de tension (la Libye, le lac Tchad et le Mali). Comme remède à ce fléau, les autorités ont engagé une sous-traitance sécuritaire en engageant des forces étrangères sur notre territoire national. Cependant, cette politique de mise en hypothèque de la défense nationale n’a pas épargner notre pays des atrocités terroristes, des lourdes pertes en vies humaines tant dans le rang militaire que civil, des enlèvements et des exécutions extrajudiciaires.
C’est le lieu de présenter nos condoléances aux familles touchées, d’encourager, de féliciter nos vaillantes forces de défenses et de sécurité engagées sur le front et de souhaiter un prompt rétablissement à tous les blessés.
Mais c’est aussi l’occasion de dénoncer et de fustiger la recolonisation de notre pays par l’installation militaire des puissances étrangères.
De condamner avec véhémence le laxisme du gouvernement qui ne fourni aucun effort pour sauver les trente neufs (39) femmes enlevées par la secte BOKO HARAM dans la commune rurale de Ingaléwa dans la région de Diffa.
De condamner les lynchages des populations civiles dont les cas les plus éloquents sont ceux du bombardement des populations par un avion non encore identifié à ABADAM et les exécutions sommaires perpétrées à KARAMGA.
Nous saisissons également cette opportunité pour déplorer le détournement de l’assistance humanitaire par certains esprits maléfiques et du fond destiné à la gestion de la sécurité par le commandement militaire, paramilitaire et civil en charge de la question.
Mmes et Mrs chers participant à cette gigantesque action citoyenne, avant de terminer, nous demandons une fois encore au président de la république chef de l’Etat, la révision pure et simple de la loi de finance 2018 pour intégrer les différentes propositions présentées à l’assemblée nationale.
Au gouvernement et aux autorités locales de prendre toutes les mesures nécessaires afin de résoudre toutes les préoccupations si haut évoquées. Faute de quoi nous les tiendrons pour seul responsable de tout ce qui adviendra.
Enfin je réaffirme ici toute notre détermination à poursuivre la lutte jusqu’à l’aboutissement de nos justes et légitimes préoccupations.
VIVE LE NIGER ;
VIVE LA DEMOCRATIE ;
LA PATRIE OU LA MORT, NOUS VAINCRONS ;
LA LUTTE CONTINUE.
Fait à Zinder le 14 Janvier 2018
LE COLLECTIF DES OSC DE ZINDER.
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