La société civile a battu le pavé ce dimanche contre la loi des finances et la mauvaise gouvernance
Des milliers de manifestants ont répondu présent, ce dimanche à Niamey et dans plusieurs autres villes du pays, à l’appel du Cadre de concertation de la société civile indépendante (CCAC/OSCI). A Niamey, les manifestants se sont d’abord regroupés aux premières heures de la journée à la Place Toumo avant de marcher vers la Place de la Concertation, devant l’hémicycle, où s’et tenu un grand meeting. Cette fois encore, la société civile entend protester contre les « dispositions antisociales de la loi des finances 2018 » mais également « la mauvaise gouvernance » du régime d’Issoufou Mahamadou.
A Zinder également, des centaines de manifestants ont répond présent à l’appel de la société civile locale tout comme à Dosso où le mouvement de contestation a été bien suivi par une bonne partie de la population.
La mobilisation était certes moins importante que celle du 29 octobre dernier, laquelle avait dégénéré en émeutes, mais elle a rassemblé plus de monde que celle de l’opposition politique du 31 décembre dernier.
REVENDICATIONS SOCIALES
A la Place de la concertation, plusieurs discours ont été tenus par les initiateurs de la manifestation et un mémorandum a été rendu public afin de rappeler les principales revendications des organisations de la société civile. Dans son mémorandum, la plate-forme a fustigé l’interdiction de sa dernière tentative de manifester avant de détailler les raisons qui motivent son rejet de la loi de finances 2018 pourtant adoptée depuis novembre dernier par le Parlement. Selon les OSC, « elle comporte toute une batterie de mesures à caractère fiscal et administratif susceptibles d’affecter sérieusement la situation, déjà difficile, des ménages nigériens ».
« Le gouvernement nigérien envisage, à travers ce projet de loi de finances, d’accentuer la pression fiscale sur les couches défavorisées de la population, tout en accordant des cadeaux fiscaux inacceptables à certaines catégories de contribuables, notamment les compagnies de téléphonie et les marketteurs et promoteurs indépendants du secteur des hydrocarbures » ont dénoncé les responsables de la société civile.
Le mémorandum remet également en cause les raisons avancées par les autorités pour expliquer la conjoncture actuelle notamment les déclarations du président du président du PNDS Tarayya Bazoum Mohamed, qui la veille avait justifié les nouvelles mesures fiscales par la récession économique que connait le Nigeria et la chute des prix des matières premières. « Ces mesures sont l’illustration parfaite de la propension des autorités en place à privilégier et défendre les intérêts étrangers, notamment celles des grosses compagnies multinationales, au détriment de ceux du peuple nigérien » a plutôt dénoncé la société civile.
Le mémorandum a également mis en exergue le fait « qu’aucune mesure n’est prise pour réduire le train de vie de l’État et mettre fin à la pratique des emplois fictifs entretenue par les plus hautes autorités à travers la nomination massive de ministres à la présidence, de conseillers et chargés de mission en tous genres ». De plus, la société civile note que « l’examen des budgets affectés à certaines institutions et ministères, notamment la Présidence de la République, l’Assemblée nationale, les ministères des finance, de l’intérieur et de la défense, montre qu’il est possible de faire des économies de l’ordre de 55 milliards de francs, affectés à des dépenses superflues ou de prestige telles que la construction d’un nouveau palais présidentiel, la construction de divers bâtiments administratifs, l’acquisition de moyens de transport ».
FRONDE POPULAIRE CONTRE LA MAUVAISE GOUVERNANCE
C’est pour toutes ces raisons que le collectif des organisation de la société civile s’est dit déterminé à poursuivre sa lutte contre la loi de finances 2018, « sans oublier tous les autres problèmes auxquels notre pays est confronté depuis des années ». Il s’agit, entre autres, de la défense et la protection des libertés d’association et de manifestation, le renforcement de l’indépendance de la justice, la réalisation d’audits systématiques des finances et des marchés publics, des contrats miniers et pétroliers, des contrats de partenariat public privé. Dans son mémorandum, la société civile a également dénoncé « les accords de défense secrets liant l’État du Niger à d’autres puissances » tout en exigeant « la fermeture immédiate de toutes bases militaires étrangères établies dans notre pays ». Enfin, les revendications sociales portent également sur la réforme du système éducatif, l’amélioration progressive de l’accès des populations aux soins de santé ainsi que l’adoption et la mise en œuvre de mesures visant à lutter contre la cherté de la vie. « Notre lutte s’appuie donc sur une plate-forme prenant en compte les préoccupations populaires, elle vise à faire barrage à la régression sociale et démocratique en marche dans notre pays » a conclut la société civile dans son mémorandum.
Il convient de rappeler que cette manifestation contre la loi des finances fait suite à celle du 31 décembre dernier organisée par l’opposition politique. Il reste à attendre si, malgré la mobilisation, le gouvernement va prendre en compte les revendications sociales. Au regard des positions affichées jusque-là, il y a lieu de douter que les autorités fassent marche arrière, d’autant que les dispositions de la loi des finances, adoptée à une large majorité par le Parlement, sont déjà entrées en vigueur depuis le 1er janvier.
A.Y.B (Actuniger.com)
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Le pouvoir n'est pas une