Manifestation de la société civile : ville morte peu suivie à Niamey, mobilisation réussie à Zinder et Tillabéry
« L’action citoyenne » de ce jeudi 21 décembre lancée par une coalition d’association de la société civile a connu diverses fortunes à Niamey et à l’intérieur du pays. Le mot d’ordre de « ville morte » a été peu suivi notamment dans la capitale mais les marches pacifiques suivies de meetings ont mobilisé des foules à Zinder et à Tillabéry. Le mouvement de la société civile de ce jeudi n’a pourtant pas de quoi vraiment remettre en cause l’adoption depuis le 26 novembre du projet de loi de finances 2018 adopté presque l’unanimité des députés de la majorité (MRN) sans pour autant altérer la légitimité des revendications d’une partie d’une partie des nigériens, tant de la majorité que de l’opposition, sur l’évolution du contexte sociopolitique et économique du pays.
Le mouvement social a été initié par trois associations de la société civile, le MPCR, Alternative Espaces Citoyens et Croisade, auxquels se sont greffés plusieurs autres associations, syndicats professionnels et partis de l’opposition. Ils entendent par « cette action citoyenne » protester contre « la mauvaise gouvernance », « le contenu antisocial de la loi de finances 2018 », « l’enrichissement illicite », « les violations répétées de la constitution » ou le « bradage des ressources naturelles et de la souveraineté du pays ».
Comme il fallait s’y attendre, sur les réseaux sociaux, c’est la guerre des images entre pro et anti régime. Les médias aussi, publics et privés, chacun à sa manière ont rapporté « leurs faits », chacun en fonction de son positionnement. Pour notre part, nous avons estimé nécessaire de faire un tour d’horizon avec nos correspondants et les témoignages de nos sources et témoins sur place.
Niamey : La capitale n’a pas été « morte »
PHOTOS : Grand marché de Niamey
La capitale n’a pas été vraiment impactée par l’action citoyenne de la société civile. Il est vrai que les autorités municipales ont décidé d’interdire la marche suivie de meetings qui étaient prévus initialement mais même le mot d’ordre de « ville morte » n’a pas été vraiment suivi. L’ambiance dans la ville depuis la matinée a été des plus normales même si certaines échoppes, notamment dans certains marchés, ont baissé leurs rideaux. De manière générale, aucune impression d’une ville vraiment « morte » n’a été ressentie. Les administrations publiques tout comme les banques et autres établissements publics ou privés ont fonctionné normalement tout comme les transports en communs. Comme en 2016 à l’occasion d’une autre « ville morte » initiée par la société civile qui n’a pas eu aucun grand effet sur la vie quotidienne des habitants de la capitale. En attendant la manif du samedi prochain ou la société civile compte mieux montrer ses muscles avec la marche suivie de meeting qui ont été reportés pour ce jour, et interdits aussi pour le moment, Niamey n’a connu que les « habitudes » de ces derniers jours, c'est-à-dire au rythme des grèves et débrayages des scolaires ou étudiants qui eux étaient déjà en fronde pour d’autres raisons. Cependant, malgré l’interdiction, la société civile compte manifester le samedi prochain alors que le président français Emmanuel Macron sera en visite au Niger auprès des soldats de la force Barkhane et rencontrera paralèllement les autorités dont une audience avec Issoufou ce vendredi.
Zinder : la palme d’or de la mobilisation
PHOTO : Manifestation de Zinder
A Zinder, c’est tout ou presque le contraire de Niamey. La marche suivie de meeting a mobilisé une foule assez impressionnante comme en témoignent les images qui ont été largement relayées sur les réseaux sociaux. Il faut dire que dans la deuxième ville du pays, en plus de la campagne de sensibilisation des principaux acteurs locaux de la manifestation, un consensus a été trouvé entre la société civile et les autorités. Du coup, aucune des manifestations programmées pour cette journée n’a été interdite et les responsables de la marche ont tenu à faire respecter le mot d’ordre « pacifique » de la manifestation. Résultat, en dépit d’une forte présence des Forces de sécurité, la population a largement convergé au centre ville avant de se diriger vers le siège du gouvernorat pour rendre public son mémorandum sur les principales raisons de la manifestation et les revendications de la société civile. Cependant, les marchés n’ont pas fermées, ce qui n’a entaché en rien l’ampleur de la mobilisation.
Tillabéry : La société civile a répondu présente !
PHOTO : Manifestation de Tillabéry
Tillabéry, à quelques kilomètres de la capitale a aussi répondu à l’appel de la société civile. Pas de ville morte vraiment importante à signaler mais la marche suivie de meeting a mobilisé pas mal de personnes. La manifestation aurait pourtant pu ne pas se tenir comme à Niamey car les autorités avaient aussi interdit le mouvement mais le juge des référés qui a été saisi à cet effet a annulé la décision administrative d’interdiction. Le meeting s’est donc bien déroulé et la mobilisation a été au rendez-vous grâce aussi aux actions de sensibilisation qui ont précédé la journée et l’action citoyenne.
Agadez, Mardi et Dosso : Opération « ville morte » mitigée
PHOTO : Ville morte à Dosso
A Dosso, c’est plus le mot d’ordre ville morte qui a été un peu observé par les adhérents au mot d’ordre de la société civile avec toutefois un succès mitigé pour ne pas dire circonscrit à certains sites commerciaux tout comme à Maradi, la capitale économique ou à Agadez. Les activités quotidiennes n’ont pas été vraiment perturbé mais la fermeture de certaines commerces ou officines dont certains plus par peur des dérapages qu’autre chose, a permis de sentir que la journée n’était pas vraiment ordinaire. Sans plus.
A.Y.B (Actuniger.com)
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