Budget satanique de 2018 : Le front social en ébullition
Au Niger, le consommateur, bien que représentant le groupe économique le plus important, reste le maillon faible de la chaine de consommation. Sa protection s’impose au regard de sa situation de vulnérabilité et de sa position parfois précaire sur le plan économique. C’est du reste ce qui a mis le front social nigérien en ébullition depuis que les organisations de la société civile se sont emparées du projet de lois des finances relativement au budget programme 2018.
Cette première expérience de budget programme au titre de l’année 2018 fait objet de grande polémique tant au sein de la classe politique déjà divisée qu’au sein de l’opinion publique principalement en raison des nouvelles mesures fiscales et de taxation touchant le consommateur en général et en particulier le citoyen lambda qu’il soit locataire ou bailleur.
La nouvelle loi dispose en son Art. 226-(nouveau) : Le taux normal de la taxe sur la valeur ajoutée est de 19%. Toutefois, sont soumises à un taux réduit de 5% les opérations d’importation ou de vente à l’intérieur des produits suivants : le sucre ; l’huile alimentaire ; les aliments destinés aux animaux d’élevage ; le lait manufacturé ; les pâtes alimentaires ; la farine de maïs, de mil, de millet, de sorgho, de riz, de blé et de fonio ; le matériel informatique destiné aux établissements d’enseignement technique et professionnel à l’exclusion des consommables.
Bien avant le budget satanique dit budget programme 2018 parce qu’il divise plus qu’il unit le peuple, le consommateur nigérien a toujours été impuissant face aux différentes mesures sociales, fiscales et commerciales dans leurs tendances haussières. Une situation qui se complique surtout par rapport à certains produits, exonérés de taxes tels que le sucre et le riz pendant le mois de Ramadan. Au lieu de trouver les moyens des les assouplir au consommateur nigérien toujours faible et impuissant, le Gouvernement actuel a plutôt choisi ce contexte de grande sécheresse financière pour non seulement créer des mesures encore plus lourdes mais aussi en élevant certaines déjà existantes.
Par exemple : Aux termes de l’Art.169 un vicies-(création) : La Taxe d’Habitation des redevables visés à l’article 169 bis est déterminée, après conversion, comme suit : 1000 FCFA pour une puissance supérieure ou égale à 3 et inférieure à 6 KWh; 2000 FCFA pour une puissance supérieure ou égale à 6 et inférieure à 12 KWh; 3000 FCFA pour une puissance supérieure ou égale à 12 et inférieure à 18 KWh; 4000 FCFA pour une puissance supérieure ou égale à 18 et inférieure à 30 KWh; 5000 FCFA pour une puissance égale à 30 kWh ;enfin 6000 FCFA pour une puissance supérieure à 30 kWh.
Pour l’acteur de la société civile, Nouhou Mahamadou Arzika, président des Organisations pour la Défense des droits des Consommateurs (ORCONI), cela est une provocation au peuple. Nouhou Mahamadou Arzika estime que les plus hautes autorités du pays auraient mieux fait de songer à revoir la taille du Gouvernement (plus de 40 ministres), puis certaines institutions budgétivores afin de réduire le train de vie de l’Etat.
Pour le Secrétaire Général de l’Association Alternative Espace Citoyen, Moussa Tchangari, les raisons qui justifient ce projet de budget programme ne tiennent pas surtout quand on sait la mal gouvernance, l’impunité, l’enrichissement illicite, le détrônement des deniers publics qui caractérisent la gestion du régime en place. Dans ces conditions on ne doit pas imposer au citoyen de supporter des taxes qui n’iront pas dans les caisses de l’Etat.
Une marche populaire gigantesque, des activités d’informations et de sensibilisation seront organisées par les structures de la société civile nigérienne pour obtenir du Gouvernement et du parlement la modification de ce budget avant son adoption par l’assemblée actuellement en session.
Affaire à suivre….
Mamane Moctar Bawa
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