Le désert nigérien, « un cimetière à ciel ouvert » pour les migrants africains
Une trentaine d'élus de la région d'Agadez, au nord du Niger, se sont alarmés lundi de la situation dans le désert du Ténéré nigérien, devenu d'après eux un "véritable cimetière à ciel ouvert" pour les migrants africains.
Les drames se multiplient dans le désert du Ténéré nigérien. Au début du mois de juin, une quarantaine de migrants, parmi lesquels des bébés, y avaient été retrouvés morts, à proximité d’Agadez, dans le nord du Niger, alors qu’ils tentaient de se rendre en Libye voisine, puis probablement vers l’Europe. Face à cette situation, 37 élus du conseil régional d’Agadez ont tiré la sonnette d’alarme lundi 3 juillet dans un communiqué commun relayé par l’AFP. Le désert du Ténéré nigérien est devenu un « véritable cimetière à ciel ouvert pour les bras valides d’Afrique de l’Ouest et du centre, attirés par le mirage européen », pointent les élus. Ils estiment ainsi que « des centaines de migrants ouest-Africains ont été retrouvés morts, portés disparus ou sauvés in extremis dans le Sahara nigérien » depuis le début de l’année.
Des routes de plus en plus dangereuses
Porte du Sahara, Agadez est la plus grande ville du nord nigérien, et représente une plaque tournante du trafic d’êtres humains voulant gagner l’Europe. Pour lutter contre les trafiquants, Niamey a voté en 2015 une loi rendant leurs crimes passibles de peines allant jusqu’à 30 ans de prison.
Pour éviter les patrouilles de l’armée qui tentent d’intercepter les convois transportant des clandestins, les candidats à l’immigration empruntent des routes de plus en plus dangereuses. Dans leur communiqué, les élus expliquent notamment que « les passeurs contournent » désormais les pistes habituelles menant en Libye où se trouvent les « points d’approvisionnement en eau ».
Un appel à l’aide à la Cedeao
Face à cette situation, les 37 élus « exhortent » la Communauté économique des État d’Afrique de l’Ouest (Cedeao, 15 États) « à mettre en place des mécanismes consensuels » qui « empêcheraient » ces migrants « d’arriver jusqu’à Agadez » et de « continuer leur périple périlleux ».
En juin dernier, le ministre de l’Intérieur, Mohamed Bazoum avait déjà regretté que le désert nigérien soit « plein de corps des migrants », lors d’une tournée de sensibilisation dans le Nord sur la migration irrégulière.
Jeune Afrique