Six mois de prison requis contre l’opposant nigérien Amadou Djibo
Six mois de prison ont été requis par le ministère public à l'encontre de l'opposant et ex-député nigérien Amadou Djibo Ali, accusé de "complot" visant à "renverser" le président Mahamadou Issoufou, a annoncé aujourd'hui l'un de ses avocats.
Les débats ont été houleux devant un public composé, en majorité, de militants de l'opposition nigérienne.
Détenu depuis quinze pour un flagrant délit de complot, le jugement d'Amadou Djibo a duré près de trois heures. Après le rejet de toutes les exceptions soulevées par la défense, le débat sur le fond de l’affaire a enfin eu lieu dans la salle d’audience des flagrants délits. Amadou Djibo était seul à la barre, conseillé par un collectif d’avocats.
Accusé d’avoir proposé aux militants de l’opposition de détruire un régime constitutionnellement élu, Amadou Djibo, président du Front des partis d’opposition, a tout nié en bloc.
« Mes propos ont été dénaturés et sortis de leur contexte par la police judiciaire », a-t-il déclaré à la barre avant d’ajouter qu’à « aucun moment » il n’avait « demandé aux militants de se soulever ».
« Donc, vous avez proposé aux militants de sortir ? », lui a demandé la juge.
« Non, votre honneur. J’ai toujours prôné la non-violence dans mes propos », a répondu Amadou Djibo.
Tout au long du procès, l’expert-comptable et opposant Amadou Djibo est resté de marbre. Même la traduction de ses propos en langue locale djerma, lus par le procureur, ne l’a pas désarmé.
« Je viens de découvrir la traduction de mes propos dont je n’ai pas pris connaissance », a-t-il répondu au procureur, à propos de cette traduction qui a occupé tous les débats.
La présidente du tribunal a déclaré ne pas être en possession de ce précieux document dans son dossier. Les avocats – qui ne l’ont pas également – ont sauté sur l’occasion.
Le bâtonnier Marc Le Bihan n’a pas hésité à lancer une pique. « Nous sommes en matière politique », a-t-il déclaré. Pour lui, il n'y a aucune pièce dans ce dossier qui puisse accuser son client. « Dans ce dossier, il n'y a vraiment aucune base légale, et en plus le procès a violé tous les droits de la défense parce qu'aucune pièce ne nous a été communiquée. Pour un complot, il faut deux ou plusieurs personnes. Il est seul et il n'a comparu avec personne. La relaxe s'impose dans ce dossier. »
Tout en dénonçant le « tâtonnement juridique et le rétropédalage », Maître Souley Oumarou a conclu que l’on veut « décimer » l’opposition nigérienne.
Après les débats houleux entre la défense et le ministère public, le procureur a requis six mois d’emprisonnement ferme. Le jugement est mis en délibéré au 6 juin prochain.
"Pour un complot, il faut au moins deux personnes, ou plusieurs, mais nous n'avons eu que M. Ali devant les tribunaux", a-t-il observé, dénonçant une tentative de "museler l'opposition".
L'affaire a été "mise en délibéré au 6 juin", a précisé Me Marc Le Bihan, un autre avocat du prévenu."Il y a eu les débats au fond ce matin et je suis vraiment triste que pour des arguments aussi légers, aussi illégaux et sans preuves qu'on amène quelqu'un en flagrant délit et on qu'on le détienne pendant 15 jours", a-t-il poursuivi.
Une demande de remise en liberté provisoire de M. Ali a été refusée par le juge, a regretté l'avocat, qui espère tout de même une "relaxe" pour son client.
Actuniger.com avec Presse
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