NIGER TELECOM : Enfantement douloureux, démarrage difficile
La nouvelle société née de la fusion de la Société Nigérienne des Télécommunications (SONITEL) et de SAHELCOM, depuis le 27 Décembre 2016, peine à démarrer ses activités. Elle est pour l’instant au stade de touches, de retouches et de balbutiements. En effet, comme vous le savez, la nouvelle société a vu le jour pour pallier à une insuffisance, celle de voir le pays se doter d’une compagnie de téléphonie à la pointe de la technologie.
Vu la léthargie qui a caractérisé les deux sociétés précédentes, SONITEL et SAHELCOM, il fallait mettre en place une structure à l’image de la SONATEL, la société de téléphonie sénégalaise qui reste et demeure l’unique ou la plus grande compagnie de téléphonie au Sénégal. Les voyageurs qui séjournent dans ce pays sont conscients de la force de cette société. Mais au Niger, les gouvernants ont priorisé les compagnies de téléphonie étrangères qui continuent de gruger le peuple, avec des milliards de profits qui ne servent qu’à une minorité des nigériens, le reste du magot transporté à l’extérieur du pays.
Il faut dire qu’avant l’avènement de Niger Télécom plusieurs tergiversations ont été constatées entre les différents responsables. Certains sont pour et d’autres tirant leurs profits, sont farouchement opposés. D’abord la pression des compagnies étrangères qui font la pluie et le beau temps, ensuite la stagnation au niveau de la société mère qui est la SONITEL. Cette dernière, ne répondant plus aux normes internationales avec un personnel vieillissant et des matériels devenus caducs. La SONITEL est en tout cas la seule société à disposer des matériels dans la totalité du pays, mais qui malheureusement ne profitent en rien. En dehors de quelques actions sporadiques, rien de sérieux n’est constaté au niveau de cette nouvelle société. Les quelques jeunes compétents n’ont pas leur mot à dire dans la marche de la société. C’est devenu comme une chasse gardée de certains vieux loups qui l’utilisent à leur guise avec des salaires faramineux et des rendements nuls. Ensuite est née SAHELCOM qui elle, s’occupe du volet téléphonie cellulaire et tous les autres services comme l’Internet et les SMS. Cette société qui devrait concurrencer les autres étrangères a été gérée comme une entité privée. Les différents responsables qui se sont succédé n’ont aucune volonté pour créer les conditions d’une culture de l’excellence. Résultat : plusieurs années de présence sur le terrain, mais elle reste toujours dernière, derrière Airtel, Orange et MOOV.
Il fallait donc repenser le secteur pour offrir à la clientèle des services à la pointe de la technologie. C’est dans ce cadre qu’a vu le jour Niger Télécom. Mais depuis sa création, cette nouvelle société stagne. Rien n’est observé qui puisse donner un espoir à la clientèle. C’est totalement le statu quo. Le personnel vieillissant mène toujours la danse. Le nouveau Directeur Général de la Société, selon les témoignages des agents, veut insuffler une nouvelle dynamique à la société, mais est confronté à des problèmes de tous ordres. Au lieu de procéder à une redynamisation de la boîte, seuls quelques agents de SAHELCOM ont vu leur salaire drastiquement diminué.
Au rythme actuel, il n’y a aucune possibilité qu’elle rattrape le retard accusé dans la couverture du pays en produits de télécommunication innovants. Pour le moment, aucun produit Niger Télécom ne circule sur les marchés dans les grandes villes du pays à plus forte raison dans les autres départements, communes, villages et hameaux. Cette situation est-elle liée au manque de moyens de démarrage ou simplement, c’est la pression des compagnies étrangères qui continue de jouer ? Comment faire pour affranchir la nouvelle société du joug de l’interventionnisme politique pour qu’elle soit enfin sur les rails ? Où se situe réellement le blocage ? En tout cas, les nigériens ont porté leur espoir sur cette société qui peine à décoller. Si l’on y prend garde, elle risque de subir le même sort que ses devancières, la SONITEL et SAHELCOM. Il y a aussi un manque criard de communication, car la population ne ressent aucun changement sauf les quelques décorations sur les murs de l’ancienne SONITEL. Aucun produit n’est visible sur le marché. Le nouveau Directeur Général, Abdou Harouna doit nécessairement prendre les dispositions pour bien asseoir la société dans ce paysage concurrentiel. Il est important que le pays dispose d’une société de télécommunication étatique crédible qui puisse se mesurer aux autres sociétés de téléphonie des autres pays. Avec le réseau SONITEL et SAHELCOM, même la connexion Internet fait défaut. Les clients sont confinés dans l’utilisation des appareils qui ne répondent plus aux normes internationales. Au lieu de pousser les nigériens à consommer nigérien, on crée les conditions de leur éloigner encore plus des produits nigériens. Le Ministre des Télécommunications et de l’économie numérique Sani Maigochi, apparemment n’a pas de marges de manoeuvre pour faire bouger les choses. Sinon, avec deux séjours à ce poste, il aurait dû aujourd’hui mettre en place une société de téléphonie digne de ce nom. A moins que lui aussi ne «mange » dans la gamelle des autres sociétés de téléphonie étrangères ?
Ibrahim Amadou
Hérisson Nº 144
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