COMMUNIQUE DE PRESSE RENDU PUBLIC PAR UN GROUPE DE JOURNALISTES ET PATRONS DES TÉLÉVISIONS CE MERCREDI 3 MAI 2017
Ce Mercredi 03 Mai 2017, les journalistes nigériens célèbrent à l’instar de leurs collègues du monde entier la Journée Internationale de la Liberté de la Presse. En cette belle journée, nous avons une pensée particulière pour notre confrère Baba Alpha, journaliste au Groupe de Presse Bonferey, incarcéré à la Maison d’arrêt de Niamey depuis le 03 avril 2017 pour une «présomption de faux et usage de faux en écriture publique», et à son collègue du Groupe de Presse Canal 3, Ulric Benjamin, violemment agressé par des éléments de la police nationale le 10 Avril 2017 lors de la manifestation des étudiants sur le campus de l’Université Abdou Moumouni Dioffo.
Nous sommes particulièrement préoccupés par les menaces, intimidations, le non-respect par les pouvoirs publics des textes qui militent en faveur d’une presse professionnelle et indépendante, l’instrumentalisation de l’appareil de l’Etat pour mettre au pas les journalistes qui critiquent le régime, etc.
Le Groupe de Presse Alternative, la Radio et Télévision Labari, la Radio et Télévision «Bonferey», la Radio et Télévision «Ténéré», la Radio et Télévision «Canal 3», le bihebdomadaire «L’Evénement», l’Hebdomadaire «Le Courrier», le quotidien «L’Enquêteur», retrait de l’accréditation à la Correspondante de TV5 au Niger, Nathalie Prévost, en sont quelques exemples illustratifs.
Pour le cas de notre confrère Ulric Benjamin la plainte déposée par l’Administration de Canal 3 contre l’auteur de cette barbarie et ses complices n’a pas connu à cette date un début de traitement judiciaire, tout comme celle déposée par la Maison de la presse en 2015, pour les mêmes raisons.
S’agissant de Baba Alpha, il est utile de relever qu’avant d’enclencher une procédure judiciaire contre lui, certains proches du régime l’avaient approché dans la perspective de l’amener à se ranger du côté des thuriféraires avec à la clé des promesses diverses.
Aux dernières nouvelles, la demande de mise en liberté provisoire introduite par son conseil a été rejetée. Curieusement celle du monsieur avec lequel il a été arrêté au sujet de ladite affaire, un proche du régime, a eu gain de cause. Nous ne plaidons pas pour qu’une impunité puisse être accordée à notre confrère. Toutefois, nous restons convaincus que si Baba Alpha avait accepté de se ranger du côté régime, il ne serait pas aujourd’hui dans les geôles du pouvoir.
En termes clairs, la situation actuelle de la presse est similaire à celle des années précédentes, marquée par diverses sortes d’entraves à l’encontre des journalistes. Ce sont du reste ces pratiques liberticides qui font dégringoler le Niger dans les classements de Reporters Sans Frontières.
A titre illustratif, le Niger a reculé de son rang enviable de 29ème en 2012 à la 61ème place en 2017, selon le classement de Reporters Sans Frontières, se retrouvant ainsi dans le lot des pays à problèmes.
Aussi, au regard de cette situation, pas du tout reluisante nous journalistes nigériens signataires du présent communiqué :
- Dénonçons la dégradation du métier de journalisme au Niger et condamnons avec la dernière énergie les arrestations, intimidations et l’utilisation de l’appareil de l’Etat pour museler la presse ;
- Exigeons la libération sans condition du journaliste Baba Alpha et l’examen sans délai de la plainte déposée par le Groupe de Presse canal 3 pour violences physiques sur la personne de notre confrère ainsi que celle qui a été introduite en 2015 par la maison de la Presse pour les mêmes raisons.
Vive la Liberté de la Presse !
Vive la Presse nigérienne libre et indépendante !
Fait à Niamey le 03 Mai 2017
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