MÉDIAS: La maison de la presse demande aux journalistes de boycotter l'Iftar présidentiel
Depuis son accession au pouvoir, le Président de la République Issoufou Mahamadou, à l’occasion du mois béni de Ramadan, a initié des cérémonies de rupture collective de jeûne. Toutes les couches socioprofessionnelles sont ainsi conviées à la présidence de la République pour l’Iftar. Ce moment de communion et de pardon est unanimement salué par tous.
Cette année, les responsables des organes de presse et des organisations socioprofessionnelles des médias et les journalistes sont invités le dimanche 3 juillet 2016 à la présidence de la République pour la traditionnelle cérémonie de rupture de jeûne.
Cependant, il est à remarquer que malgré la profession de foi du Chef de l’Etat à promouvoir la liberté d’expression notamment avec la signature de la Déclaration de Table de Montagne (DTM) les hommes de medias sont confrontés à de multiples entraves dans l’exercice de leur métier.
Aux termes de l’article 67 de l’ordonnance N° 2010-035 du 04 juin 2010 portant régime de la liberté de Presse «En matière de délit de presse, la détention préventive est interdite. Le juge ne peut décerner ni un mandat de dépôt ni un mandat d'arrêt».Pourtant, il y a quelque jour seulement nos confrères Ali Soumana et Moussa Dodo, respectivement fondateur et directeur de publication du journal Le Courrier ont été interpellés et jetés en prison douze jours durant. Le seul et unique tort de ces journalistes est d’avoir éclairé les Nigériens sur l’implication de certaines personnalités du régime dans ce qu’on appelle désormais « L’’affaire de concours de recrutement de la fonction publique au titre du Ministère de la santé ». Une affaire dans laquelle certains concitoyens « pris en flagrant délit » croupissent en prison. Par ailleurs, le Directeur de publication du quotidien L’ENQUETEUR et imprimeur du journal Le Courrier a également séjourné dans les locaux de la Police Judiciaire pour avoir imprimé ledit journal.
Dans le même temps, notre consœur Nathalie Prévost, correspondante de la chaîne TV5 au Niger s’est vue retirée son accréditation à la suite d’un article sur la situation sécuritaire qui prévaut au sud-est de notre pays. Cette vague d’arrestations et d’intimidations à l’égard des journalistes est tout arbitraire. Mieux ces agissements constituent une remise en cause de la liberté de la presse dans notre pays. En dépit de la dépénalisation des délits commis par voie de presse, le pouvoir en place rêve d’une presse aux ordres.
En réalité, le Président Issoufou Mahamadou ne fait visiblement plus honneur à ses engagements librement souscrit pour promouvoir la liberté de presse et n’attend apparemment des medias que des basses flatteries.
Face à ces entorses répétées à la liberté d’informer, le bureau exécutif de la Maison de la Presse :
- Invite le Conseil Supérieur de la Communication à ne pas répondre à l’invitation du Président de la République en solidarité avec les hommes de médias, qui constituent la raison même de son existence ;
- Demande aux responsables des organes de presse et des organisations socioprofessionnelles des medias à boycotter ladite cérémonie ;
- Demande aux journalistes, aux médias publics et privés à ne pas couvrir la cérémonie de rupture collective de jeûne à la Présidence de la République ;
Enfin, le Bureau Exécutif de la Maison de la Presse présente ses condoléances attristées aux familles des FDS tombés sur le champ d’honneur. Que l’âme des disparus reposent en paix. Amen !!!
Pour le BEN de la Maison de la Presse
Le PRESIDENT BABA ALPHA
Fait à Niamey le 01 juillet 2016
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