Election au Niger: les jeunes peuvent faire basculer la présidentielle
Au Niger, la campagne électorale se termine ce 19 février 2016. Les 15 candidats à la présidentielle dont le président Issoufou ont eu trois semaines pour convaincre les électeurs. 75 % des électeurs ont moins de 35 ans selon le dernier recensement électoral de 2015.
Vu leur nombre, les jeunes électeurs du Niger peuvent clairement faire pencher la balance de l'élection présidentielle d’un côté ou de l’autre. Mais se sentent-ils au moins concernés ?Il est difficile de généraliser, mais il y a bien sûr des jeunes engagés, sur Facebook et sur Twitter notamment.
C’est le cas de ce blogueur Islamane Abdou, qui n’hésite pas à secouer les politiques mais aussi à appeler à des élections apaisées. Sur Twitter, Islamane a créé le hashtag#NigerVote : « Il est très important de s’engager parce que c’est de là que commence le changement. Et cet engagement-là doit se faire pour chacun d’entre nous, dans son domaine. Et en tant que blogueur je me suis dit en créant le hastag #NigerVote je vais beaucoup plus regrouper les avis des jeunes. Et nos décideurs qui sont de plus en plus sur ces réseaux sociaux-là vont pouvoir connaître les préoccupations de la génération consciente, la jeunesse donc, et si possible aussi répondre à ces préoccupations-là une fois au pouvoir ».
Il y a aussi ceux qui ne se reconnaissent pas dans les grands partis traditionnels et qui ne sont pas dupes face aux hommes politiques qui leur font des promesses. Ils en ont marre disent-ils d’être du «bétail électoral». Une expression qui revient souvent. « Ils ont tous eu l’occasion de faire quelque chose de bien pour le pays et ils ne l’ont pas fait ! Jusque-là, ils ne l’ont pas fait ! C’est quand il y a les élections qu’ils reviennent avec toujours le même discours ! Le même programme ! Quand la campagne arrive, ils nous promettent ce qu’on appelle le 'paradis'. Mais après, un mois après, on va se rendre compte que ce n’est vraiment pas ce qu’ils ont dit qu’ils vont nous faire. Donc moi, je ne crois vraiment pas aux hommes politiques. Mais par devoir de citoyenneté, je vais aller voter juste pour celui que je pense un peu mieux. Je vais voter pour lui », se désespère Mounkaila, un étudiant en anglais de 22 ans.
Les jeunes Nigériens souhaitent la sécurité, la justice, mais surtout surtout, ils demandent qu’on mette l’accent sur l’éducation, la formation, qu’on leur offre de bonnes conditions d’études et que leur diplôme leur serve à avoir un travail.
A l’université de Niamey, les étudiants ne pensent qu’à ça : « Après avoir fini les études il n’y a pas de travail. On cherche beaucoup et on ne trouve pas », dit l'un d'entre eux.« Qu’attends-tu en fin d’études ? C’est un emploi ! Ce qui décourage surtout c’est qu’on voit beaucoup de nos aînés qui ont soutenu leurs thèses, qui nous disent qu’il n’y a pas de boulot. En fait ça nous décourage. On voit beaucoup de gens qui abandonnent juste à cause de ça », regrette un autre.
Et c’est précisément parce qu’ils n’ont pas de travail, que beaucoup de jeunes se laissent courtisés pendant la campagne. Mahamane Tahirou Ali Bako est chercheur au Lasdel, le grand laboratoire de sociologie de Niamey : « Ce sont les gens qui font les cortèges en moto, ceux sont eux qui font les affiches sur les lieux publics. Donc, le gros du travail de la campagne électorale est fait par les jeunes. C’est l’un des rares moments ou périodes où les jeunes sont mis au-devant de la scène et l’un des rares moments où les jeunes ont la confiance des adultes. Parce que c’est à ce moment qu’ils rencontrent des personnalités. C’est à ce moment qu’ils rencontrent des grands hommes politiques qui vont à la télé qui demandent leur engagement. C’est une sorte de reconnaissance pour eux ! C’est surtout leur affirmation ! Vous savez, la jeunesse a besoin de s’affirmer au Niger ». Des jeunes qui attendent beaucoup donc et qui feront peut-être la différence dimanche 21 février dans les urnes.
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