Le Niger s’engage incontestablement dans un programme électronucléaire
Troisième producteur mondial derrière le Canada et l’Australie, le Niger a produit 4.000 tonnes d'uranium en 2011, 5000 tonnes en 2012. Et, la tendance se maintient. La production cumulée en uranium a dépassé les 100.000 tonnes.
Du coup, l’uranium est devenu la principale ressource stratégique de l'industrie minière du Niger. Découvert à Azelik en 1957 par le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) français au cours de ses explorations à la recherche de cuivre, l’uranium est devenue la principale ressource d’exportation.
Pour satisfaire la demande croissante de la France, la Commission de l'Energie Atomique (CEA) a mené des recherches poussées dans le territoire nigérien, et a fait des découvertes, notamment à Abokurum en 1959, à Madaouela en 1963, à Arlit en 1965, à Imouraren en 1966 et à Akouta en 1967.
Les réserves d'uranium sont situées dans le bassin de Tim Mersoi, une zone couvrant près de 114.000 kilomètres carrés dans le nord-ouest. Il y a au moins 13 importants gisements d'uranium au Niger, tous contenus dans des sédiments de grès. Les gisements de Tim Mersoi ont des teneurs en uranium intéressantes, généralement comprises entre 0,3% et 0,6%.
Bien que leur teneur en uranium soit relativement faible, elle demeure rentable, car ces gisements d'uranium contenus dans le grès peuvent être traités par lixiviation in situ, une technique d'extraction à faible coût. Source principale de combustible nucléaire, l’uranium représente, 35% des exportations du Niger.
La première production est intervenue en 1971. La Somaïr, qui exploite à ciel ouvert, produit environ 3000 tonnes d’uranium par an, la mine d'Akouta, la plus grande mine d'uranium souterraine au monde devrait être en mesure de continuer l'exploitation minière au moins jusqu'en 2026. Au départ, sa capacité moyenne de production annuelle était de 2 600 tonnes.
La Société des mines d'Azelik SA (SOMINA) est détenue à 37.2% par la China Nuclear International Uranium Corporation (filiale de la CNNC), la SOPAMIN 33%, la SINO-U ZXJOY Invest 24.8%, la Trendfield Holding 5.00%. La SOMINA a été créée en juin 2007 par l'Etat du Niger avec les actionnaires mentionnés ci-dessus. En 2007, la société a obtenu un permis d'exploitation pour la mine d’uranium d’Azelik, située dans la région d'Agadez au Niger.
La mine d’Azelik a réalisé sa première production de « yellowcake » (uraninite), le 30 décembre 2010. World Nuclear News a relaté en janvier 2011 que les recherches devraient se poursuivre à Azelik pour atteindre la pleine capacité de production de la mine à hauteur de 700 tonnes d'uranium par an, et que la CNNC espère augmenter sa production pour atteindre 2.500 t/an cette année 2015 et 5000 t/an d'ici 2020. Plusieurs autres sites sont en exploration par des opérateurs Canadiens, Australiens, Chinois, Indiens, Sud-Africains et Français.
Ainsi, malgré que le Niger soit un grand producteur d’uranium, sa situation énergétique se caractérise par une faible consommation d’énergie qui est de 0,14 Tep/habitant, comparativement à la moyenne Africaine qui tourne autour de 0,66 Tep/habitant et la moyenne mondiale de l’ordre 1,69 Tep/habitant. L’accès aux services énergétiques modernes est fortement déséquilibré, suivant qu’il s’agisse du milieu rural ou urbain.
La politique d’approvisionnement reste inéquitable depuis une cinquantaine d’années et se traduit par une forte disparité du taux d’accès aux services énergétiques modernes entre les différentes zones. Cette disparité entre les zones s’explique, pour l’essentiel par l’échec de certains programmes financés à grands frais.
La population rurale, majoritaire, se trouve structurellement maintenue dans une situation d’extrême pauvreté. L’accès aux services énergétiques modernes n’étant pas suffisamment promu, les besoins énergétiques nationaux sont couverts, presque exclusivement par les énergies traditionnelles ainsi qu’en atteste le bilan énergétique, où la part des ressources ligneuses représente environ 87% de la consommation finale nationale. Le taux d’accès à l’électricité est de 10%. Et la dépendance du Niger en électricité va en crescendo avec un taux de 83%.
C'est dire, les importantes ressources énergétiques dont dispose l’Afrique à savoir 8% des réserves mondiales de pétrole, 8% des réserves mondiales de gaz et 4% des réserves mondiales d’énergie renouvelable, entre 580 et 650 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité, soit environ 70% de la population. Aussi, le manque d’infrastructures, l’instabilité politique, le manque de réglementations, etc ? sont autant de facteurs qui limitent l’accès à l’électricité à l’ensemble des populations.
Pour inverser cette tendance et changer substantiellement la production insuffisante et de faible accès à l’électricité, les pays de l’espace de la CEDEAO se sont engagés en 2010 dans la mise en œuvre d’un programme électronucléaire civil pour atteindre à long terme la production d’électricité d’origine nucléaire.
La mise en œuvre de cette première phase requiert la mise en conformité du cadre institutionnel, législatif et réglementaire des pays aux exigences d’un tel programme et à l’élaboration de documents de planification énergétique durable avec l’assistance de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA).
Ce programme électronucléaire doit passer par plusieurs phases et exige la confiance de la Communauté internationale sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires, une planification et une préparation rigoureuse ainsi que d’énormes investissements.
D’où la nécessité pour les pays membres de la CEDEAO de mettre en commun leurs efforts et d’entamer dès à présent des actions nécessaires pour développer et bâtir des partenariats adéquats pour l’aboutissement de leurs programmes électronucléaires nationaux ou communautaires. C’est d’ailleurs l’objectif visé à travers la troisième Conférence sur l’énergie et l’électronucléaire, tenue du 13 au 15 avril à Mombasa au Kenya.
Aujourd’hui, la situation énergétique du continent africain se caractérisant en général par la faible consommation, ainsi que les difficultés d’accès à l’électricité pour la majorité de la population en raison de l’inexistence de mécanismes de financement appropriés, l’idée de s’inscrire dans un programme électronucléaire s’est imposée de toute évidence au Niger.
Cette rencontre de Niamey, première du genre est un aboutissement de la Conférence de Mombassa ayant fortement recommandé à nos pays d’unir leurs forces en vue d’une plus grande synergie en matière de développement d’énergie nucléaire.
Le principal résultat attendu de cette réunion d’experts de haut niveau est l’élaboration d’un cadre harmonisé de développement des applications nucléaires et plus particulièrement de l’électronucléaire communautaire de la CEDEAO.
A cette occasion, Mme Mindaoudou, Présidente de la Haute Autorité Nigérienne à l’Energie Atomique (HANEA) a déclaré que le nucléaire offre des avantages incomparables à ceux qui ont le courage et la volonté de saisir son potentiel pour conduire le changement .
Pour Mme Mindaoudou, le nucléaire a la capacité de transformer tout ce qu’il touche, pour peu la volonté politique y soit. C’est un puissant levier pour relever les grands défis et il permet entre autres, de résoudre de façon durable, les problèmes liés à la disponibilité de l’énergie électrique.
Cette rencontre qui se tient depuis ce matin à l’Hôtel Gaweye, se déroulera du 20 au 22 juillet 2015. Elle est la toute première du Groupe Ouest Africain pour le Programme Électronucléaire Sous Régional. Elle permettra de disposer de bases claires pour l’avènement d’un programme électronucléaire intégré bénéfique à tous. Elle est placée sous la présidence de Mr Foumakoye Gado, Ministre de l’Energie et du Pétrole.
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