AUDIT DE LA SML : Les raisons du non de la SOPAMIN
Depuis que l’affaire dite « SML/SOPAMIN » a éclaté avec les révélations par la presse d’un contentieux opposant Abdoul Kader Cissé le directeur de la SML à sa maison mère la SOPAMIN et au Ministère des Mines, la SOPAMIN a décidé de jouer à fond dans la transparence.
C’est en tout cas ce que laisse transparaitre la publication des documents financiers et des procès-verbaux de Conseil d’administration de la SOPAMIN. L’objectif est clairement avoué : démontrer par les preuves que la gestion de la SML par la SOPAMIN depuis son rachat à la SEMAFO en 2013, a été faite dans le respect des procédures et textes légaux en vigueur.
Ces documents, dont Actuniger a pu se procurer plusieurs copies, apportent certes des éclaircissements par rapport à certains points soulevés par le directeur de la SML, lesquels lui semblait un peu louche. Mais ils sont loin de convaincre véritablement l’opinion qui n’arrive pas à comprendre pourquoi la SOPAMIN s’opposé à l’audit demandé par Abdoul Kader Cissé, si vraiment elle n’a rien à se reprocher?
Contacté à ce sujet par Actuniger, le directeur général de la SOPAMIN, Mahamadou Zada, soutient que « jamais la société ne s’est opposée à un quelconque audit ».
Qu’en est-il alors de celui qu’évoquait le nouveau directeur de la SML ?
« Le soit disant audit est diligenté par le ministère du Plan en lieu et place du ministère de tutelle ou de la hiérarchie supérieure ou même du ministère des Finances en charge du patrimoine de l’Etat » précise la direction de la SOPAMIN dans une mise au point qui est parvenue à notre rédaction.
Ainsi donc, pour la SOPAMIN tout comme pour le ministre des Mines et du développement industriel, c’est le non respect de la procédure légale par la direction de la SML pourtant filiale à 100% de la SOPAMIN qui justifie la fin de non recevoir réservée à la requête d’audit du directeur général de la SML.
Par rapport à l’autre aspect de l’affaire qui tient l’opinion en haleine, la direction de la SOPAMIN reste assez ferme : « les procès verbaux des réunions du Conseil d’administration de la SOPAMIN S.A qui se sont penchées sur la question sont bien clairs. Or il se trouve que le Conseil d’administration est l’instance dirigeante de premier ordre des sociétés commerciales ».
A ce sujet, le PV du conseil d’administration du 07/03/14 a effectivement délibéré sur cette question en demandant à ce que « les sommes engagées par SOPAMIN-SA dans le processus de rachat et de redémarrage soient remboursées ».
Pour étayer ses arguments, les facs simulés des documents financiers que nous publions ci-joint, tout comme les PV des Conseils d’administration qui se sont penchés sur la question, montrent la cause, l’origine et la destination des mouvements de fonds engagés par la SOPAMIN pour tout ce qui a trait aux dépenses et remboursements faits dans le cadre de la reprise et du redémarrage de la SML.
«Nous comprenons que toutes les fois que l’idée de privatisation est relancée, certains voient en cela, la nécessité de changer de gouvernance et c’est ce qui effraie et pousse les uns à procéder à des manœuvres dilatoires sans respect de la bonne règle et de la tutelle » fait observer la Direction de la SOPAMIN qui évoque au passage « des manœuvres dilatoires », rejoignant ainsi la position assez tranchante du Ministère des mines et du Développement industriel.
La poursuite de la procédure de reprise de la SML par un partenaire privé stratégique engagé par la SOPAMIN sera-t-elle donc à l’origine de la crise qui secoue la SML et sa maison mère ?
C’est ce que laisse supposer les explications de la SOPAMIN et du Ministère des mines qui s’appuient sur la décision prise par le gouvernement par rapport à cette société presque en faillite. Le Conseil d’Administration de la SOPAMIN a également donné son accord à cette opération surtout que depuis le redémarrage de la principale usine de la SML, quelques investisseurs potentiels ont commencé à se bousculer au portillon.
Il reste qu’avec cet épisode qui est loin d’avoir tirer son épilogue, le gouvernement a tout intérêt à assainir la situation de la société afin de mieux tirer profit d’une probable reprise par un éventuel repreneur. Le contexte assez délétère qui prévaut entre la Direction de la SOPAMIN et celle de sa filiale n’est pas des plus opportuns pour une société sur le marché et qui pâtit du contexte peu favorable des cours de l’or sur les marchés internationaux et des perspectives peu reluisantes de son stock de gisement en l’état actuel des choses c'est-à-dire de ses permis d’exploitation. La meilleure solution, c’est de tirer « cette affaire au clair » surtout que désormais, on sait que des documents écrits existent bel et bien et retracent toutes les opérations qui sont encore sujets à caution.
A notre niveau, nous avions tenu à ce que nos lecteurs disposent de toutes les versions de l’affaire avec les preuves que nous avions pu nous procurer afin que chacun puisse se faire une idée des véritables enjeux de cette affaire.
En attendant que les autorités compétentes décident de se pencher sur la question en mettant à profit tout l’arsenal juridique dont dispose l’Etat pour solutionner de telles affaires qui font tâche d’huile dans la gestion des établissements et entreprises publiques. Au demeurant, une réforme des textes s’imposent pour améliorer la gouvernance des entreprises et établissements publiques afin que l’ingérence de l’Etat ne soit pas mise au profit pour servir des intérêts politiques. C’est du reste ce qu’illustre le cas de figure actuel, celui de la SOPAMIN/SML. En dépit des relations commerciales existants entre les deux sociétés, le fait que leur dirigeant tirent tous leur légitimité de l’autorité politique (nomination en Conseil des ministres) expliquent bien des choses et participent à diluer les responsabilités des personnes désignées pour assurer la gestion de ce patrimoine de l’Etat.
$1A. Y. Barma
{jathumbnail off}
Commentaires