MOUSTAPHA KADI (CODDAE) : « La marche pacifique des organisations de la société civile nigérienne s’est bien déroulée »
La marche citoyenne des Organisations de la Société Civile nigérienne s’est enfin déroulée ce samedi 6 juin 2015 dans la liesse et la fierté. Finalement, toutes les appréhensions quant à une démobilisation totale de la population de Niamey et ses environs, ont été battues en brèche. Gloire à Dieu le Tout Puissant !
La marche fut une grande retrouvaille des acteurs sociaux, ce qui illustre la forte mobilisation de ce matin. Cette marche grandiose a été une belle réussite. Merci à tous ceux qui ont cru et qui ont contribué positivement pour sa grande réussite. Plusieurs milliers de militants ont répondu à l’appel et ont battu le pavé. Avant le démarrage, les organisateurs ont appelé leurs militants à faire attention aux provocations pour réussir cette marche pacifique à la hauteur du combat mené depuis les arrestations arbitraires de nos camarades.
Il s’agit de dire non aux coupures intempestives et interminables de l’eau et de l’électricité, non à la concession des magasins sous Douanes, instrument de souveraineté, accordé au Groupe Français Bolloré dont la conséquence à court terme sera la hausse significative des prix des denrées alimentaires, non au refus du Gouvernement de réduire les prix des hydrocarbures, non à la gestion chaotique de la méningite qui enregistre un total de 8.259 cas dont 546 décès du 1er janvier au 1er juin 2015, non à l’augmentation du nombre des Députés à l’Assemblée Nationale de 113 à 171, dès lors que nous ne pouvons pas respecter les normes de l’OMS : un médecin pour 10.000 habitants, alors que le Niger est à un médecin pour 18.000 habitants, non aux entraves à la liberté de presse, non aux violations des droits de l’Homme, non aux intimidations, non au dévoiement du cadre démocratique, non à l’abandon de la souveraineté nationale, non à la présence des forces d’occupation étrangères sur notre sol, non au bradage des ressources nationales du sous-sol, non à la pensée unique et au terrorisme intellectuel, non à la mauvaise gouvernance et à la violation régulière et délibérée de la Constitution de la 7ème République.
Cette marche pacifique s’est déroulée dans un esprit calme. Les marcheurs ont scandé des mots d’ordre hostiles au pouvoir. Arrivés à la place de la Concertation, quatre leaders de la société civile ont pris la parole, MM Moussa Tchagari, Nouhou Mahamadou Arzika, Ali Idrissa et Moustapha Kadi Oumani pour rappeler les faits qui motivent le mouvement appelant les citoyens Nigériens à se retrouver à la place de la Concertation comme un seul homme en action à l’effet de prouver leur mécontentement et contrecarrer les dérives autoritaires du Gouvernement de la 7ème République.
Elle a été la meilleure forme de résistance collective face aux actes de certains responsables politiques et administratifs qui risquent de porter préjudice à ce pays dans l’exercice de leur fonction.
L’objectif vise à contribuer à l’édification d’une République, une et indivisible, démocratique et sociale, qui garantit à tous la jouissance effective de tous les droits et toutes les libertés consacrées par la loi fondamentale et qui enjoint à chaque citoyen l’obligation d’observer ses droits et devoirs.
Aujourd’hui, les attitudes et comportements réels des Acteurs sur le terrain et dans la vie de tous les jours ne permettent plus d’aboutir aux résultats escomptés ; tant et si bien que des inquiétudes fondées, préoccupent tous les démocrates sincères qui constatent médusés le dévoiement dangereux de la démocratie souhaitée et attendue.
Quel est l’acteur sincère qui n’observe pas un détournement d’objectifs et un travestissement délibéré et volontaire de la part des Responsables administratifs dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leur fonction. Ces entraves menacent dangereusement le cadre démocratique et la démocratie elle-même.
En matière de gestion des finances publiques, malgré la rigueur proclamée par les Gouvernants, les vieux maux tels que la corruption, les fausses facturations ou les surfacturations, les détournements de toutes sortes sont toujours là en toute impunité. Dans le domaine énergétique, malgré les lourds investissements engagés, aucun engagement n’a produit de résultats attendus, car les problèmes demeurent et se renforcent tous les jours. Ces investissements n’ont obéit à aucun programme cohérent intégrant un diagnostic détaillé dans les domaines de l’eau et de l’électricité permettant de définir des esquisses de solutions à préconiser pour le court et moyen terme.
Par ailleurs, l’éducation est sinistrée depuis des années. Le secteur aurait du être la priorité des priorités, mais que des promesses non tenues. Des reformes ont été certes annoncées, aussi rien ne pointent à l’horizon, ce qui explique toutes sortes de supputations quand à la crédibilité des résultats des examens scolaires et universitaires.
Cette manifestation a été l’occasion de déplorer que nos institutions sanitaires laissées pour compte, n’arrivent plus à faire face aux épidémies, comme la méningite et aux soins des enfants de 0 à 5 ans. La vente illicite des médicaments, des faux vaccins et la cherté de ces derniers dans les officines spécialisées ne garantissent plus une confiance en nos soins.
Au-delà de tout ce qui précède les acteurs de la Société Civile ont :
- réaffirmé leur ferme soutien aux Forces de Défense et de sécurité et ont demandé au Gouvernement de les doter de moyens conséquents pour faire face à l’ennemi ;
- invité le Gouvernement de mener une enquête indépendante, impartiale et urgente afin d’identifier les auteurs des violations des droits de l’homme et les faire poursuivre devant les cours et tribunaux compétents ;
- exigé du Gouvernement de laisser les citoyens s’exprimer en toute liberté et sans crainte d’être arrêté ;
- exigé du Gouvernement, à l’Assemblée Nationale ainsi qu’à toutes les Institutions de la République de bien vouloir mettre en œuvre ses légitimes revendications et de veiller pour que les droits de l’homme soient au centre de l’action gouvernementale, car c’est la condition impérative de la modernité ;
- réclamé le respect strict des dispositions de mise en œuvre de l’Etat d’urgence dans la région de Diffa où les besoins humanitaires se sont accentués à la suite des déplacements des populations des îles du Lac Tchad vers la terre ferme ;
- exigé que tous les actes impopulaires des Autorités actuelles soient revus et corrigés dans l’intérêt supérieur de la Nation pour garantir l’équité, la solidarité et la quiétude sociale. Après les prises de parole, les manifestants se sont dispersés dans le calme. Notons que tout au long de la marche, la police Nationale a suivi pas à pas le défilé. Le Comité d’organisation a pour sa part assuré un bon dispositif de sécurité. Pari réussi pour la Société Civile Nigérienne.
Moustapha Kadi Oumani, Président du Collectif pour la défense des droits à l’énergie (CODDAE)
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