Défense et Sécurité : le Niger met fin à ses accords de partenariat avec l’UE, exit Eucap Sahel et l’EUMPM !
Dans une lettre de notification adressée lundi 04 décembre 2023 à la Délégation de l’Union européenne (UE) à Niamey par le ministère des Affaires étrangères, les autorités de Transition ont dénoncé l’Accord relatif au statut de la mission civile de Politique de Sécurité et de Défense Commune (PSDC) dans le pays (EUCAP Sahel Niger) ainsi que le retrait du consentement accordé pour le déploiement d’une Mission de Partenariat militaire au Niger (EUMPM). Le Niger met ainsi fin à ses accords de partenariat en matière de sécurité et de défense avec l’UE, quelques jours après l’abrogation de la loi de 2015 portant sur la criminalisation du trafic illicite des migrants, également soutenue par l’UE, et le même jour que la signature avec la Fédération de Russie, d’un document d'entente destiné à renforcer la coopération dans le domaine de la défense. Des décisions qui s’analysent sous le prisme de mesures de rétorsion en réponse à la position que continue d’afficher l’UE par rapport à la transition en cours au Niger, les sanctions prises au lendemain du coup d’Etat du 26 juillet 2023 contre les nouvelles autorités ainsi que la suspension des principaux programmes de coopération et d’aide budgétaire.
L’escalade continue de plus entre les autorités de transition nigérienne et l’Union européenne (UE) avec ce dernier acte en date qui illustre que les relations entre les deux anciens partenaires stratégiques, qui se sont tendus depuis les évènements du 26 juillet, ne sont pas près de s’apaiser. Les autorités nigériennes viennent, en effet, de mettre fin à leurs accords de partenariat avec l’UE en matière de Défense et de Sécurité à travers la lettre d’information transmise par le ministre des Affaires étrangères, lundi 04 décembre, à la Représentation du l’UE au Niger.
Ainsi, à travers le document, les autorités ont informé leurs partenaires européens de la dénonciation par l’Etat du Niger de l’accord entre la République du Niger et l’Union européenne portant sur le statut de la mission s’inscrivant dans le cadre de la Politique de Sécurité et de Défense commune (PSDC) de l’Union européenne au Niger (EUCAP SAHEL NIGER) conformément au document de l’accord et au préavis de six mois. Ainsi donc, cette dénonciation prend effet six mois après sa notification à la délégation de l’UE au Niger et par conséquent, au-delà de cette date, la mission de formation et d’appui de l’UE au Niger dans la lutte contre le terrorisme prendra fin. Aussi, les autorités nigériennes ont également leur retrait du consentement accordé pour le déploiement d’une mission de partenariat militaire de l’UE (EUMPM) au Niger.
Dans la lettre, le chef de la diplomatie nigérienne précise que « le gouvernement de la République du Niger décide dès lors du retrait des privilèges et immunités accordés », et par conséquent, « n’avoir aucune obligation juridique découlant de la note verbale du 01 décembre 2022 et de celle du 30 novembre 2022 ». Le ministre des Affaires étrangères dit s’appuyer sur le droit international général et la convention de Vienne sur le droit des Traités entre les Etats et organisations internationales ou entre organisations internationales de mars 1986.
Fin de mission au Niger pour Eucap Sahel (civile) et EUMPM (EUMPM)
À travers cette dénonciation, le Niger met donc fin à la mission Eucap Sahel Niger, lancée en 2012 dans le cadre de la Politique de sécurité et de défense commune (PSDC) de l'UE et qui vise comme principal objectif de renforcer le secteur de la sécurité intérieure au Niger et les capacités du pays dans la lutte contre les menaces sécuritaires. Basée à Niamey, la mission Eucap Sahel Niger a ouvert en 2016 une antenne à Agadez et effectue des missions dans toutes les régions du pays dans le cadre du renforcement des capacités opérationnelles des forces de sécurité intérieure (FSI). Bien qu’elle soit une mission civile, elle a permit d’accompagner la montée en puissance, en équipements et en formation, de plusieurs unités spéciales de la Police nationale (CMCF), de la Garde nationale du Niger (ESI) ou de la Gendarmerie nationale (GAR-SI).
L’autre mission qui ne va pas voir le jour, c’est la mission militaire (EUMPM) qui devrait permettre de renforcer les capacités opérationnelles des Forces armées nigériennes (FAN).
Il faut noter que cette décision des autorités nigériennes de transition intervient quelques jours après l’abrogation de la loi criminalisant le trafic illicite des migrants au Niger, adoptée en 2015 sous l’égide de l’UE, et qui a permis de baisser drastiquement le flux de migrants qui transitent par le pays en direction des pays du Maghreb et surtout de l’Europe.
Mesures de rétorsion sur fonds de tensions entre Niamey et Bruxelles
De l’avis de plusieurs analystes et observateurs, ces décisions des autorités nigériennes constitue une riposte à la position qu’affiche l’UE depuis l’avènement des militaires du CNSP au pouvoir suite au coup d’état qui a renversé l’ancien président Bazoum Mohamed, un fidèle allié stratégique de l’UE dans la région. Après avoir condamné le coup de force et dans le sillage de la position de fermeté affichée par la France, l’UE a annoncé qu’elle «ne reconnait pas et ne reconnaitra jamais les nouvelles autorités nigériennes » à qui, d’ailleurs, Bruxelles dénie toute légitimité. L’UE a ainsi suspendu sa coopération en suspendant ses financements aux différents programmes ainsi que son appui budgétaire dont le pays était l’un des principaux bénéficiaires sur le continent. Seul l’aide humanitaire a été maintenue et tout dernièrement, l’UE a adopté des sanctions ciblées contre les autorités de Transition et, fin novembre, le Parlement européen a également adopté une résolution condamnant de nouveau le coup d’Etat et exigeant le rétablissement de l’ancien régime. La goutte d’eau qui a certainement fait déborde le vase puisque parallèlement, l’UE a décidé de suspendre également, et depuis octobre, sa contribution financière à la participation des contingents nigérien et burkinabé à la Force conjointe du G5 Sahel (FC G5 Sahel). Le weekend dernier, Niamey et Ouagadougou ont d’ailleurs annoncé leur retrait de cette organisation créée en 2014 pour lutter contre les menaces sécuritaires et promouvoir le développement socioéconomique dans la bande sahélienne. Après le retrait du Mali, en mai 2022, il ne reste plus que le Tchad et la Mauritanie comme membres de l’organisation qui n’a jamais pu avoir les moyens de ses ambitions, malgré la perfusion financière de l’UE et de quelques partenaires occidentaux et du pays du Golfe.
Il convient également de noter que cette décision coïncide avec la signature, le même jour à Niamey, d'un document d'entente avec la Fédération Russie pour le renforcement de la coopération militaire entre le Niger et la Russie. Le document a été paraphé par le ministre d’Etat à la Défense, le Général de corps d’armée, Salifou Mody et le vice-ministre de la Défense de la Fédération de Russie, le Colonel Général Evkurouv Lunus-Bek, qui a conduit une mission ministériel de deux jours, dimanche 03 et lundi 04 décembre, à Niamey où il a été reçu en audience par le Président du CNSP et chef de l’Etat, le général de Brigade Abdourahamane Tiani, ainsi que par le Premier ministre de transition, Ali Mahamane Lamine Zeine, avant d’avoir une séance de travail avec les responsables militaires nigériens.
A.Y. Barma (actuniger.com)
Commentaires
Quand des badauds gèrent l’état, ils ne peuvent que gérer impulsivement comme des badauds sans réflexion.
En conséquence, la mission vise à fournir des conseils et dispenser des formations pour aider les autorités nigériennes à renforcer leurs capacités. Plus de 100 experts internationaux, dont la majorité sont issus des forces de sécurité et des services de justice européens, sont déployés en permanence à Niamey.
Le cnsp aménage le Goulag ! La servilité ! La servilité ! La servilité ! Qui prédisait la Libération du Sahel ?