Niger: le Parlement donne son feu vert au gouvernement pour le redéploiement de Barkhane et Takuba
Par 131 voix pour et 31 contre, les députés nigériens viennent de donner leur feu vert au gouvernement pour le redéploiement des forces Barkhane et Takuba au Niger. Le gouvernement avait sollicité la confiance de l'Assemblée nationale pour l'autoriser à accueillir sur le sol nigérien les forces alliées dans la lutte contre le terrorisme et les faire participer aux opérations militaires conjointes. Après une journée de débat, les 131 députés de la majorité ont fait bloc en faveur du texte modifiant la Déclaration de politique générale du gouvernement (DPG), malgré la contestation des députés minoritaires de l'opposition qui ont dénoncé une "manœuvre anticonstitutionnelle" visant à contourner le Parlement dans la signature des accords pour la présence des bases militaires étrangères au Niger.
Sans surprise et comme une lettre à la poste, le gouvernement a eu l'approbation de l'Assemblée nationale, ou pour mieux dire de sa majorité parlementaire, pour réviser sa Déclaration de politique générale (DPG) en son axe I consacré à la sécurité, afin de lui permettre " de nouer des alliances les plus larges possibles pour lutter contre le terrorisme, d'accueillir sur son sol les forces alliées et de les faire participer aux opérations militaires conjointes". Par 131 pour, 31 contre et 0 abstention, les députés ont adopté le texte sur lequel le gouvernement a engagé sa responsabilité, ce qui ouvre la voie au redéploiement au Niger, des forces étrangères alliées notamment Barkhane et Takuba, après leur total retrait du Mali.
La messe était déjà dite après les débats qui ont duré toute la journée mais qui n'ont pas été de haute facture comme attendue par l'opinion au regard de la sensibilité du sujet. Dans leurs interventions, les députés de la majorité se sont bornés à reprendre les arguments du gouvernement qui ont été déjà exposés au début de la séance plénière par le Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou.
‹‹ L’évolution de la situation sécuritaire requiert un engagement commun du gouvernement de notre pays et d’autres nations pour une lutte efficace contre le terrorisme, dans le cadre d’accords de coopération bilatéraux ou multilatéraux existant ou futur. Du reste, notre pays a toujours plaidé pour une coalition internationale de lutte contre le terrorisme au Sahel et pour la pérennité du financement de cette lutte, vu son poids sur le budget des États sahéliens qui font par ailleurs face à de nombreux autres défis." M. Ouhoumoudou Mahamadou, Premier ministre, chef du gouvernement.
De leur coté, les parlementaires de l'opposition ont repris ce qu'ils ont déjà dénoncé dans une déclaration publiée la veille du vote, en rejetant "une manœuvre du gouvernement qui ne vise qu' à contourner l'obligation de communiquer aux députés nationaux les textes relatifs aux accords de défense et de sécurité, au titre de la régularisation du redéploiement des forces Barkhane et Takuba au Niger». Pour l'opposition parlementaire, le gouvernement aurait dû plutôt soumettre une loi sur les termes de l'accord comme le stipule la constitution en pareille circonstance.
Les débats ont donc été assez insipides et au final, c'est la loi du plus fort qui l'a emporté. Ainsi, les quatre (04) groupes parlementaires de la majorité ont appelé pour l’approbation du projet du gouvernement, en mettant en avant que le Niger, encerclé des foyers d’insécurité, a besoin des appuis de ses partenaires dans le cadre de la lutte contre le terrorisme qui est un phénomène mondial et nécessite donc une réponse d'ensemble. Les deux (02) groupes de l'opposition ont de leur coté soutenu que cette ‘’gymnastique de révision de la DPG n’a aucune valeur juridique’’ et ont voté contre.
Le feu vert en attendant les accords d'engagement
Le gouvernement a donc désormais le feu vert pour signer les accords visant à accueillir des bases étrangères sur le sol nigérien en plus de celles qui sont déjà présentes. En clair, Barkane et Takuba vont pouvoir se "réarticuler" au Niger, même si au stade actuel, les termes de ce redéploiement n'ont pas encore été définis. Tout ce que l'on sait des déclarations des officiels nigériens et français, c'est que des bases seront installées dans la zone des trois frontières pour continuer à combattre le terrorisme au Sahel et contenir ainsi l'expansion des groupes armés terroristes (GAT) qui pourraient faire "pression sur le Niger après le retrait de Barkhane et Takuba du Mali", selon le vocabulaire des officiels nigériens. Il est fort à parier que d'autres bases seront aussi installées un peu plus au sud, vers la frontière nigéro-burkinabé-béninoise où la menace terroriste s'étend également avec les attaques déjà enregistrées dans la zone mais aussi pour contenir l'expansion des GAT vers le Golfe de Guinée.
Les termes de l'accord seront définis d'ici juin, à en croire les responsables politiques et militaires du Niger et de la France, "en fonction des besoins exprimés par les pays partenaires", selon les mots du chef d'état-major des armées françaises lors d'un récent déplacement à Niamey.
Ce vendredi au Parlement, le chef du gouvernement a été un peu plus explicite: " Dans le cadre de notre lutte commune contre les groupes armés terroristes opérant en Afrique de l’ouest, les forces spéciales des pays amis seront déployées et installées sur les territoires des pays membres de la CEDEAO affectés par les menaces, notamment le Bénin, le Ghana, le Niger et la Côte d’Ivoire", a indiqué le chef du gouvernement qui a d'ailleurs rappelé que le Niger abrite déjà des bases logistiques et de transit de certaines forces spéciales européennes, dans le cadre de leur opération de lutte contre les groupes armés terroristes au Mali, au niveau de l’aéroport de Niamey, en référence à la base aérienne projetée (BAP) de Barkhane en cours d'agrandissement et qui accueille aussi des soldats d'autres pays européens. "De nouvelles implantations seront créées plus près des théâtres d’opérations. Ces implantations des forces concernées et les règles de leur engagement feront l’objet d’accord conforme aux dispositions constitutionnelles et légales de notre pays ››, a déclaré Ouhoumoudou Mahamadou.
Il faut noter qu'au sein de l'opinion nigérienne, cet accord passe mal comme en témoignent les commentaires qui ont suivi l'approbation du parlement à la demande du gouvernement. Pour ce dernier cependant, la caution légale est désormais acquise et comme l'a dit le premier ministre lors de son exposé sur les motifs, ‹‹ nouer de nouveaux partenariats ne remet nullement en cause notre souveraineté sur le territoire national ››. Les autorités nigériennes ont de quoi rassurer leurs partenaires français, européens et autres alliés et c'est sur le terrain que désormais il va falloir convaincre...
A.Y.Barma (actuniger.com)
Commentaires
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Une patrouille a ainsi
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