Présidentielles : Jour de vote décisif après une campagne électorale particulièrement tendue
Ce dimanche 21 février 2021, c’est jour de vote au Niger où les bureaux ont ouverts depuis 8H00. Quelques 7,4 millions d’électeurs sont appelés à élire le nouveau président du pays. Deux candidats, Bazoum Mohamed du PNDS Tarrayya au pouvoir et Mahamane Ousmane du RDR Tchandji de l’opposition, sont en lice pour ce second tour de la présidentielle qui se tient après une campagne électorale particulièrement tendue. Le discours politique est en effet monté d’un cran et plusieurs incidents ont été signalés dans différentes localités du pays.
C’est à 8H00 que les bureaux de vote ont été ouverts et un peu plus de deux heures après, on commence à remarquer une certaine affluence vers les différents centres de vote notamment à Niamey et les grandes villes du pays. Au premier tour, la participation a avoisiné les 70% et pour ce second tour, le taux de participation devrait être élevé au regard des enjeux et malgré les menaces sécuritaires.
Les bureaux ont globalement ouvert à 8h00 et les opérations de vote vont se poursuivre jusqu’à 19h00.
Le Président sortant Issoufou Mahamadou a exercé son devoir civique vers 10h30 au niveau du bureau de vote N00 installé au niveau de l’hôtel de ville de Niamey. Il a été suivi par les principaux dignitaires du régime et un peu après par le candidat du PNDS Tarrayya, Bazoum Mohamed, qui est rentré hier de Zinder. Le candidat de l’opposition, Mahamane Ousmane, a lui voté à Zinder au centre-sud du pays.
Aux environs de midi, aucun incident majeur n’a été signalé par la Commission électorale, les observateurs nationaux et internationaux ainsi que les représentants des partis politiques. De manière générale, on ne s’attend pas à des débordements, les nigériens ont globalement développé une culture de voter dans la paix comme en témoigne l’histoire politique du pays.
Une campagne électorale particulièrement tendue
Les opérations de vote qui se déroulent en présence des observateurs de l’UA, de la CEDEAO, de l’OIF et de la CEN-SAD vont se poursuivre jusqu’à 19h00, heure légale de la fermeture des bureaux. Par la suite débutera aussitôt le dépouillement avant le début de la centralisation des résultats et leur proclamation par la Cour constitutionnelle.
Le calme qui règne en ce jour de vote tranche avec l’ambiance qui a marqué les derniers jours de la campagne électorale avec, « la montée des discours d’intolérance et de haine véhiculés par certains acteurs politiques depuis le lancement de la campagne du second tour de la présidentielle ». C’est ce qu’a relevé, par exemple, la Coalition pour l’observation citoyenne des élections au Niger (COCEN) qui a par ailleurs noté que, « ces discours sur fond de polarisation du jeu politique autour des deux candidats restés en lice, constituent de potentiels germes de violence ».
Les derniers jours de campagne ont été aussi caractérisés par une multiplication d’actes répréhensibles, aussi bien de la part des cadres des partis politiques que de leurs militants et sympathisants avec des cas de dégradation des affiches et des mobiliers de campagne ainsi qu’une entrave à la libre-circulation des caravanes de campagne dans certaines localités.
Selon l’acteur de la société civile Dambaji Son Allah, membre de la COCEN, le ton des discours politiques qui est monté d’un cran ainsi que les incidents majeurs enregistrés durant les derniers jours de campagne, ont créé « une certaine angoisse au sein des populations et laissent craindre des troubles postélectoraux ».
Des actes de vandalisme et de dégradation des affiches, véhicules et matériels de campagne ont été enregistrés dans plusieurs localités du pays durant les derniers jours de la campagne.
Climat de méfiance entre pouvoir et opposition
Pour l’heure les appels au calme se multiplient tant de la part des organisations civiles que des leaders religieux et autres institutions nationales comme le Médiateur de la République ou la Commission des droits humains (CNDH). « En ce jour du second tour de l'Élection Présidentielle, la CNDH exhorte chaque nigérien à sortir et à accomplir son devoir citoyen de vote dans le calme et la retenue. C'est à chacun de nous d'œuvrer pour que ces élections se déroulent dans un climat apaisé », a appelé son président, Pr Khlaid Ikhiri. Cependant, il faut s’attendre à une montée des tensions les prochains jours. Un climat de méfiance s’est, en effet, installé entre le pouvoir et l’opposition et risque de s’amplifier durant les jours de proclamation des résultats. L’opposition a déjà fait part de ses soupçons de fraude par le pouvoir en faveur de Bazoum Mohamed. Du coté du pouvoir, on s’attend à ce que les partis de l’opposition provoquent des troubles pour contester les résultats qu’on estime déjà en leur défaveur.
Dans un communiqué, la Commission électorale a cas de la circulation de faux bulletins de vote imprimés dans un pays voisin pour le compte du militant d’un parti politique.
Ce climat malsain ambiant fait amplifier les risques de troubles postélectoraux même si on n’en est pas encore-là. Les principales villes du pays notamment Niamey la capitale, ont été depuis quelques jours quadrillées par les forces de l’ordre afin d’étouffer toute menace. De tradition, le Niger n’est pas un pays abonné aux crises électorales mais l’enjeu de ce scrutin qui va consacrer la première alternance politique et démocratique du pays pourrait certainement expliquer ce contexte assez inédit.
A.Y.Barma (actuniger.com)
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