Diffa : dans l’indifférence, Boko Haram poursuit ses enlèvements dans la Région
Les enlèvements de personnes se poursuivent dans la Région de Diffa avec plus d’une vingtaine de victimes enregistrées rien que cette semaine. Malgré l’état d’urgence et le couvre-feu instaurés depuis 2015, ces enlèvements qui s’accompagnent parfois de demande de paiement de rançon ainsi que d’assassinats ciblés prouvent que la situation sécuritaire est toujours critique dans la région. Sauf qu’elle ne suscite plus que de rares réactions en dehors des populations qui vivent ce calvaire au quotidien.
Dans la nuit du vendredi 07 au samedi 08 août 2020, plusieurs personnes ont été enlevées par des hommes armés présumés membre de la secte Boko Haram dans la région de Diffa. Selon la société civile locale qui assure un suivi régulier de la situation dans la région, neuf (09) personnes dont hui (08) femmes et un (01) hommes ont été enlevées par des hommes armés dans le village de Jakimea, situé non loin de Blabrine. La même nuit, quatre (04) autres personnes ont été également enlevées à Kolo Manga, village situé à quelques de la commune rurale de Kablewa. Dans cette dernière localité, quatorze (14) personnes dont 2 nourrissons ont été également enlevées le mercredi dernier.
Selon les mêmes sources, c’est dans la nuit, alors que le couvre-feu dans la région entre en vigueur à partir de 22h00, que les assaillants parviennent à se faufiler dans les villages et à commettre leurs forfaits, en déjouant la vigilance des Forces de défense et de sécurité (FDS) pourtant massivement déployées dans la zone.
Une situation critique dans une certaine indifférence
Cette situation qui perdure depuis des mois ne cesse de prendre de l’ampleur poussant la population déjà éprouvée à quitter les lieux comme c’est le cas depuis quelques jours à Kabléwa et dans plusieurs autres localités de la zone.
Les enlèvements de personnes par Boko Haram et ses factions dissidentes ne datent certes pas d’aujourd’hui. Cependant, depuis un certain temps, elles ont pris une tournure inquiétante puisqu’elles s’accompagnent dans beaucoup de cas, de demande de payement de rançon. C’est le fait assez nouveau dans ce contexte sécuritaire des plus délétères auquel est confrontée la région depuis 2015 et les premières attaques de la secte islamiste nigériane au Niger. Un business devenu très lucratif qui vient s’ajouter aux attaques contre les positions de l’armée ou les assassinats ciblés contre les civils. Il y a quelques semaines, ce sont les jeunes candidats recalés des différents concours de recrutement dans les Forces de défense et de sécurité (FDS) qui ont été les cibles de Boko Haram. Les enlèvements avec demande de rançon visent des commerçants ou des notables de la région et permettent à la secte et ses factions de renflouer leurs caisses. Les femmes, et particulièrement les jeunes filles, constituent également des cibles de premier choix pour les membres des groupes terroristes.
Si les attaques de masse ont quelques peu diminué ces derniers mois, en dépit de quelques tentatives vite contenues par les soldats nigériens, cette situation démontre une fois de plus que la situation sécuritaire reste toujours très critique dans la région de Diffa. En plus des conséquences socio-économiques qu’elle a engendrées, elle se traduit par un vrai désastre humain avec des populations éprouvées et qui ne savent plus à quel saint se vouer. C’est le calvaire quotidien des habitants de cette région du nord-est du Niger qui continue de payer un lourd tribut du fait de cette situation qui perdure encore et pour laquelle, la société civile ne cesse d’alerter sur les répercussions. Car malgré les efforts de l’Etat et l’appui des partenaires au développement, la situation ne fait que s’empirer comme en attestent les derniers évènements survenus dans la région. Certains acteurs de la société civile ainsi que des habitants de la région s’inquiètent d’ailleurs du fait que, de plus en plus, cette situation que traverse Diffa, est en train d’être passée sous silence et n’intéresse plus que la population et les ressortissants de la Région alors qu’il s’agit d’un véritable drame national au regard de son impact sur le vécu quotidien des populations et l’avenir de la zone.
A.Y.B (actuniger.com)
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