Processus électoral : une mission de l’OIF à Niamey pour auditer le fichier biométrique
L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a dépêché une mission au Niger pour évaluer le processus électoral et par la même occasion, auditer le fichier biométrique national en cours de finalisation. Il s’agit-là d’une exigence de certains partis politiques en prélude aux prochaines élections générales qui débutent dans quelques mois.
Selon les services de la Présidence de la République qui citent l’Ambassadeur Désiré Nyaruhirira, Envoyé spécial de la Secrétaire générale de la Francophonie, c’est le président Issoufou Mahamadou qui a tenu « absolument, à sa demande, à ce qu’une mission de l’Organisation Internationale de la Francophonie, vienne au Niger pour auditer le fichier électoral parce qu’il veut des élections transparentes et crédibles ». La mission a été reçue en audience ce jeudi 22 juillet dans la matinée par le chef de l’Etat et au sortir de l’entretien, l’ambassadeur Désiré Nyaruhirira a confirmé qu’il est à la tête d’une mission exploratoire dans le cadre d’un appui au processus électoral en cours au Niger. « Nous allons évaluer, dans un cadre technique, le fichier électoral biométrique qui est en cours de finalisation avec la CENI et voir dans quelle mesure on peut éditer ce fichier pour que le Niger ait des élections transparentes, crédibles comme vous l’avez toujours fait auparavant », a ajouté l’Envoyé spécial de la Secrétaire générale de l’OIF. « C’est d’ailleurs le sujet que j’ai évoqué avec le Président de la République qui a tenu absolument, à sa demande, à ce que cette mission vienne pour auditer le fichier parce qu’il veut des élections transparentes et crédibles », a expliqué le diplomate qui a tenu à saluer « cette volonté du Président de la République ». « La Francophonie, reconnue comme étant parmi les meilleures dans les évaluations des processus électoraux, va mettre cette expertise au service de la CENI», a assuré l’ambassadeur Désiré Nyaruhirira.
Un pas vers des élections aux standards internationaux
L’audit du fichier électoral biométrique, le premier dans l’histoire politique du Niger, est une exigence d’une large partie de la classe politique nigérienne qui met un point d’honneur à ce que les prochains scrutins soient conformes aux standards internationaux c'est-à-dire libres, inclusives et transparentes. L’audit n’est certes pas une garantie de toutes les normes qui pourraient assurer la réussite d’un processus électoral accepté par tous, mais c’est un grand pas en ce sens. L’Alliance pour la République (APR), la seconde aile de la majorité présidentielle dirigée par le MNDS Nassara de Seyni Oumarou en a fait une exigence pour la transparence des prochains scrutins, et le groupe des non-partis affiliés aussi. L’opposition politique continue de boycotter la CENI et le Dialogue politique mais cet audit va sans aucun doute dans le sens de ses exigences d’autant qu’elle a maintes fois émis des réserves et mêmes des critiques sur les conditions dans lesquelles se déroulent l’élaboration du premier fichier électoral biométrique au Niger.
La mission de l’OIF aura fort à faire malgré son expertise reconnue dans plusieurs pays membres, puisque c’est elle qui a également audité le fichier des élections générales de 2016 à l’issue desquelles ses recommandations ont été acceptées par tous les partis, opposition y compris, pour reporter les élections locales en attendant un fichier purgé de toutes les tares. Certes, depuis l’eau a coulé sous le pont mais avec cet audit, mais force est de reconnaitre qu’avec cette caution international, c’est un grand pas qui vient d’être franchit pour la réussite du processus électoral.
Dans le programme de la CENI, le fichier biométrique électoral national, amputé des électeurs de la Diaspora, devrait être disponible dans la première semaine de septembre. Les élections locales sont prévues pour se dérouler soit le 6 ou le 13 septembre selon les derniers arrangements et pour les présidentielles, le premier tour couplé aux législatives est programmé pour le 27 décembre 2020 alors que le second tour est fixé au 21 février 2021. Une course contre la montre pour la CENI mais aussi et surtout pour la mission d’experts de l’OIF à qui incombe, la responsabilité d’assumer une grande partie de la légitimité internationale de ces élections à multiples et grands enjeux stratégiques pour le Niger. C’est tout l’enjeu justement mais aussi le grand défi…
A.Y.B (actuniger.com)
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