Report des locales : « le Président de la République et le gouvernement n’ont pas d’injonctions à donner à la CENI », déclare le premier ministre Birgi Rafini
Le premier ministre et président du Conseil national de Dialogue politique (CNDP), a animé samedi après-midi à son cabinet, un point de presse dans lequel il est revenu sur la session du dialogue politique qui s’est tenue le vendredi 3 juillet. Parmi les sujets discutés, le chef du gouvernement est largement revenu sur le report des élections locales annoncé par le président de la CENI et qui n’est pas du goût d’une grande partie de la classe politique au sein même de la majorité et des non-affiliés. Sans se prononcer définitivement sur la question, Brigi Rafini a renvoyé la balle à la commission de Me Issaka Sounna qui a déjà fait part se son incapacité à organiser les municipales et les régionales avant les législatives et les présidentielles. Une nouvelle pomme de discorde pour la classe politique à quelques mois du début des élections générales.
L’organisation des élections locales avant les scrutins législatifs et présidentiels va-t-elle avoir raison du dialogue en cours au sein des partis de la majorité et des non-affiliés qui y participent alors que l’opposition politique continue à observer son mot d’ordre de chaise vide ? La question mérite d’être posée au regard de ce qui est ressorti de la dernière session extraordinaire qui s’est tenue le vendredi 3 juillet. Comme sujet majeur à l’ordre du jour, la proposition d’une nouvelle date pour la tenue des élections municipales et régionales, qui étaient initialement prévues pour le 1er novembre, c'est-à-dire avant les élections générales. Cependant, lors de la précédente réunion du 12 juin dernier, le président de la CENI a fait part de l’incapacité pour la commission électorale d’organiser le scrutin à cette date, en raison notamment des difficultés rencontrées dans l’élaboration du fichier électoral biométrique national. Me Issaka Sounna a évoqué, entres autres, l’insécurité et la pandémie du Covid-19 qui ont fait que le fichier ne pourra pas être disponible en août comme programmé mais plutôt début septembre. Il a été donc demandé à la CENI de proposer un nouveau chronogramme, ce que son président a fait lors de la rencontre du vendredi 3 juillet. Ainsi, selon l’exposé fait par Me Sounna, les élections locales sont reportées du 1er novembre au 17 janvier prochain, ce qui permettra de respecter les 90 jours pour la convocation du corps électoral, alors que les législatives couplées au 1er tour de la présidentielle ainsi que le second tour ont été maintenues aux dates initiales programmées, respectivement le 27 décembre 2020 et le 20 février 2021.
Ce nouveau programme n’a pas été du goût des partis politiques de la majorité et des non-affiliés qui ont insisté sur la nécessité pour la CENI de pouvoir organiser les élections locales, sans cesse reportées depuis 2016, avant les législatives et les présidentielles. Lors des débats au Palais des Congrès, certains responsables politiques en ont même fait une question de principe, rejoignant ainsi la position de l’opposition politique qui, tout en continuant à boycotter le processus, a déjà exprimé son refus catégorique de tout report des élections municipales et régionales.
La décision finale revient à la CENI
Lors du point de presse qu’il a animé ce samedi 4 juillet à son cabinet, le président du CNDP s’est tourné vers la CENI. Tirant les conclusions de la session de la veille, il a souligné que les partis politiques présents ont dans leur grande majorité demandé à la Commission « d’étudier toutes les possibilités permettant d’organiser ces élections avant les élections générales ». Pour le Premier ministre « la CENI est interpellée c’est en toute en toute indépendance, qu’elle est appelée à trancher sur la faisabilité de ces élections telles que souhaitées par les partis politiques présents à la réunion du CNDP ». Cependant, a jugé utile de préciser Brigi Rafini, « le Président de la République et le gouvernement n’ont pas d’injonctions à donner à la CENI ».
Il revient donc à la CENI de revoir encore son chronogramme afin de permettre l’organisation des élections locales avant les élections générales. Or cette dernière a fait savoir sa position. Va-t-elle tenir compte du nouveau contexte et revoir son chronogramme au risque de tenter une course contre la montre pour être au rendez-vous et par la même occasion prendre le risque d’assumer toutes les critiques en cas d’échec ? Ou au contraire va-t-elle maintenir son nouvel agenda et laisser les partis politiques s’achopper encore sur de nouvelles pommes de discorde ? Dans un cas comme dans l’autre, le processus électoral risque de prendre un sérieux coup car au regard des positions affichées de part et d’autre, le consensus tant recherché est peu probable.
Le Dialogue politique aurait pu permettre d’aboutir à un terrain d’entente sur cette question, ce qui n’est visiblement pas le cas. Il reste à attendre la réaction prochaine de la Commission de Me Sounna mais aussi des partis politiques pour se faire une idée de la tournure que prendra le processus électoral. A quelques mois du début des scrutins, le processus est entré dans sa phase décisive et les ambitions des uns ainsi que les craintes des autres commencent à faire peser de lourdes menaces sur cette période aux multiples enjeux qui s’ouvrent pour l’histoire du pays. Et c’est là le vrai défi, des réponses qui seront apportées aux enjeux dépendra en grande partie la réussite de cette étape cruciale pour la première alternance démocratique au Niger. D’autant que l’opposition fourbit également ses armes avant d’entrer certainement dans la danse…
A.Y.B (actuniger.com)
Commentaires
Ici on n'a quand des opposants qui manipulent bien le francais. Je suis contre ce qui disent dans le fond, mais quand meme leurs interventions honorent le systeme educatif Nigerien.
Je les appelle a la raison pour donner une chance a la population.