Cérémonie de commémoration de la proclamation de l’Indépendance du Ghana : discours de SEM Issoufou Mahamadou Président de la république du Niger
CHER FRERE ET AMI, PRESIDENT NANA ADDO DANKWA AKUFO ADDO,
MESDAMES ET MESSIEURS,
Je suis heureux de me retrouver aujourd’hui, ici, à Tamale, aux côtés de mon frère et ami, le Président Nana Addo Dankwa Akufo Addo que je remercie de m’avoir fait l’honneur de m’inviter à la présente cérémonie commémorant la journée historique du 6 Mars 1957.
Le peuple Nigérien, que j’ai l’honneur de représenter, m’a chargé, Monsieur le Président, de vous transmettre à vous-même, au Gouvernement et au vaillant peuple Ghanéen, ses fraternelles salutations ainsi que ses chaleureuses félicitations.
Le peuple Nigérien, comme les autres peuples d’Afrique, n’oublie pas que c’est le Ghana qui a ouvert la voie de la dignité, sous la direction des « Big six », les « six grands », les vétérans, parmi lesquels Kwamé N’krumah et Edward Akufo Addo, respectivement Président de la première et de la deuxième République, auxquels vous me permettrez de rendre un hommage mérité.
Le peuple Nigérien n’oublie pas que le Ghana et son peuple ont toujours considéré que leur libération est inséparable de la libération de l’ensemble des pays et peuples du continent. Il se rappelle de l’organisation des 6ème et 7ème conférences panafricaines en 1953 et 1958 respectivement à Kumasi et à Accra. Il se rappelle que cette dernière est la première conférence des Etats indépendants d’Afrique. Il se rappelle le rôle joué par le Ghana dans la création de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) et dans le soutien aux mouvements de libération nationale. Il associe le nom du Président Kwamé N’Krumah à tout ce que l’Afrique peut estimer d’exaltant : son indépendance, son unité, son intégration et sa prospérité. Il se souvient de sa grande vision : « divisés nous sommes faibles. Unie, l’Afrique pourrait devenir, et pour de bon, une des plus grandes forces de ce monde ».
Mesdames et Messieurs,
Où, peut-on, mieux qu’à Tamalé, évoquer cette vision d’une Afrique unie, intégrée et prospère ? Tamalé est, en effet, la capitale administrative d’une région qui occupe une place stratégique dans la partie septentrionale du pays, sur l’axe reliant le Ghana aux pays Sahéliens. Déjà, en 1820, un certain Dupuis, envoyé britannique, écrivait, en parlant d’une autre ville Dagomba, Yendi : « Yendi est très célèbre sur tout le continent Africain pour ses richesses et ses produits manufacturés. De plus, les indigènes ont l’esprit d’entreprise et le sens du commerce ; ils maintiennent un contact constant avec les royaumes voisins, et particulièrement avec les haoussas et les Sarem qui se servent de cette ville comme d’un dépôt pour leur commerce et d’une foire périodique où s’échangent aussi bien leurs propres produits que ceux du Fezzan, d’Egypte, de Smyrne. On y vend aussi de l’or…, de l’ivoire collectés au Wangara et au-delà ». Par ailleurs, des noms des rois de cette région comme Na Bawa, Na Zangina, Na Garba, ainsi que des appellations comme « wanzami », le barbier, existent au Niger et au Nord Nigéria. A Yendi se trouve la tombe de Mahama Dan Issah alias Baba Ato’s (Babatou), Zarma originaire du Niger au 19ème siècle et dont l’histoire est à l’origine du cousinage à plaisanterie entre les Djermas du Niger et les Gourounsis du Ghana et du Burkina Faso. Gourounsi vient Du Djerma « guru-si » ou « le fer ne pénètre pas », allusion faite au médicament que Babatou leur aurait donné pour les rendre invulnérables au fer. En fin des migrations plus récentes du Niger vers le Ghana sont bien connues et il fut un temps où le célèbre Kenté était porté dans certains villages du Niger où des noms comme le Gonja, Kumasi, Sekondi-Takouradi etc…étaient bien connus.
C’est le lieu, Monsieur le Président et cher frère de vous remercier, de remercier votre Gouvernement et votre peuple pour la généreuse hospitalité qu’ils offrent à leurs frères Nigériens auxquels je demande d’avoir un comportement irréprochable et de respecter les lois et règlements en vigueur dans le pays.
Mesdames et Messieurs,
On constate donc, qu’avant la colonisation, la libre circulation des personnes et des biens existaient dans notre sous-région et au –delà. Les échanges avec le Maghreb, notamment le Fezzan, et au-delà avec Smyrne dans l’actuelle Turquie, le prouvent. Les frontières actuelles qui séparent nos pays sont totalement artificielles. Nos aînés ont tenté de les abattre en créant l’OUA, ce qui a contribué à la libération politique de notre continent. Nous sommes déterminés à poursuivre leur œuvre. Il n’est plus tolérable que les peuples Africains continuent de vivre derrière 84000 km de frontières, derrières ces murs dont l’existence nous affaiblit. Nous continuerons le combat dans le cadre de l’Union Africaine (UA) dont l’agenda 2063 nous trace la voie à suivre. Cet agenda définit non seulement notre vision de l’avenir de notre continent mais s’accompagne de plans et de projets concrets pour la prospérité de nos peuples.
C’est le cas la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAf) dont l’accord est déjà signé par 52 Etats sur 55 et ratifié par 18 Etats. Je fonde l’espoir que le prochain Sommet Extraordinaire de l’UA qui aura lieu à Niamey au mois de Juillet constatera et célébrera l’entrée en vigueur de cet accord, accord le plus important après la création de l’OUA et sa transformation en Union Africaine (UA).
C’est le cas du Plan d’action pour le développement industriel accéléré de l’Afrique (AIDA). Sans industries, en effet, la Zone de Libre Echange Continentale (ZLECAf) sera une coquille vide et l’Afrique continuera à s’appauvrir tant qu’elle continuera à n’être qu’un simple réservoir de matières premières. Nos pays doivent transformer leur cacao en chocolat, leur uranium en électricité, leur bauxite en aluminium etc…. C’est une des conditions pour offrir à nos jeunes les emplois qu’ils attendent et de mettre fin au drame de la migration clandestine à laquelle ils se livrent aujourd’hui.
C’est le cas du programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA) dont la réalisation permettra de soutenir l’industrie et de rendre opérationnel l’accord de libre-échange. Notre ambition est de relier nos différentes villes par de bons réseaux routier, ferroviaire, électrique, de télécommunication, etc. et d’équiper nos pays d’infrastructures portuaires et aéroportuaires.
C’est, en fin, le cas du programme détaillé de développement de l’Agriculture en Afrique (PDDAA) et de la vision Minière Africaine (VMA).
MESDAMES ET MESSIEURS,
Je sais, Monsieur le Président et cher frère, le rôle que vous jouez pour la prospérité de nos peuples, à travers votre contribution dans la mise en œuvre de l’agenda 2063 ainsi que celle de ses plans et programmes. Je connais aussi l’étendue de votre contribution dans le processus d’intégration engagé au sein de la CEDEAO. En particulier, je sais le rôle que vous jouez au sein de la task-force présidentielle chargée d’accélérer la mise en place de la monnaie unique au sein de la CEDEAO. Les échos, qui nous parviennent, placent le Ghana, sous votre leadership, dans le top 10 des économies dynamiques d’Afrique. Classé premier en Afrique en matière de liberté de la presse, votre pays est en très bonne position en matière de climat des affaires et de lutte contre la corruption.
Au Niger, nous nous efforçons, aussi, d’avancer dans tous ces domaines grâce à la mise en œuvre du programme de renaissance, un programme dont le premier axe des priorités est la renaissance culturelle qui consiste à l’atteinte de trois modernisations : la modernisation sociale, la modernisation politique et la modernisation économique. Notre économie a enregistré un taux de croissance annuel moyen de 6% ces 8 dernières années. Nous espérons une croissance moyenne de 7% sur les cinq (5) prochaines années. Il s’agit d’une croissance portée par le secteur des infrastructures, celui des ressources naturelles, notamment le pétrole, celui de l’initiative 3N, « les Nigériens Nourrissent les Nigériens. Le programme de renaissance accorde également une grande priorité au développement du capital humain : aussi, injectons-nous beaucoup de ressources dans les secteurs de l’éducation, de la formation et de la santé même si, par ailleurs nous sommes préoccupés par la situation sécuritaire dans la région du Sahel et du bassin du lac Tchad.
Monsieur le Président, cher frère et ami, nos deux pays sont donc en marche sur la voie du progrès économique et social. Nos deux peuples sont en ordre de bataille. Nos relations bilatérales sont excellentes. Renforçons-les. Les relations séculaires qui existent entre nos deux peuples nous facilitent la tâche. Notre vision commune d’une Afrique intégrée et prospère aussi.
Monsieur le Président, permettez-moi de vous réitérer, à vous, à votre Gouvernement et au peuple Ghanéen, mes souhaits de joyeux anniversaire ainsi que mes vœux de succès et de progrès sur le chemin du développement économique et social.
VIVENT LES RELATIONS ENTRE LE GHANA ET LE NIGER !
VIVE L’INTEGRATION AFRICAINE !
JE VOUS REMERCIE !
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