Bad buzz : les gouverneurs de Maradi et Zinder en mode « APC » au meeting de Buhari à Kano
C’est ce qui s’appelle un « bad buzz » et que Zakari Oumarou, le gouverneur de la région de Maradi et son homologue de Zinder, Issa Moussa, aurait pu et certainement bien voulu s’en passer ! Et d’éviter au passage une nouvelle polémique qui fait déjà beaucoup jaser au Niger et au Nigeria. Les deux responsables ont en effet été vus, puis photographiés à un rassemblement des dirigeants du parti APC.
L’occasion, c’était le méga-meeting que le parti présidentiel a organisé à Kano, où le président-candidat Buhari était en campagne électoral ce jeudi 31 janvier. Les images des deux gouverneurs arborant des écharpes à l’effigie de Buhari et de l’APC, ont été par la suite postées sur twitter sur le compte de Salihu Tanko Yakasai « Peascock », l’assistant en communication du gouverneur de Kano, Abdulahi Gandujé. Elles ont aussitôt enflammé la toile dans les deux pays.
H.E @GovUmarGanduje with his deputy H.E Dr Nasiru Gawuna, His former Dep H.E Prof Hafiz Abubakar, Minister of Interior Abdurrahman Dambazau & that of Water Resources Kazaure, Governors of Zinder and Maradi from Niger Republic, & others getting ready to receive @MBuhari #PMBinKano pic.twitter.com/FwqRRJyZlD
— Peacock (@dawisu) 31 janvier 2019
Au Niger, plusieurs commentateurs qui ont relayé les dites images, sur lesquelles apparait également le Sultan de Zinder, S.A Aboubacar Sanda, ont estimé que c’est une « maladresse » ou pire une « imprudence », au regard du contexte actuel chez les voisins qui s’apprêtent à élire leur prochain dirigeant. Il s’agit en effet d’une manifestation politique, une affaire interne, puisque Buhari était à Kano en candidat de l’APC, et cette présence peut s’avérer diplomatiquement lourde de conséquences.
Risques d’amalgames
Au Nigéria également, les médias et les réseaux sociaux se sont largement enflammés sur cette présence des plus opportunes, qui s’assimile presque à de l’ingérence. Selon certains médias locaux, les deux responsables ainsi que la délégation qui les accompagne, ont été invités par les responsables nigérians de l’APC, ce qui est difficile de confirmer malgré l’existence de liens historiques entre les deux pays. Le fait est qu’au Nigéria, la présence des deux gouverneurs a été assimilée à une présence officielle et donc implicitement une prise de partie de l’Etat nigérien. Bien que selon un politologue local, au Nigéria aucune loi n’interdit explicitement la présence d’étrangers à des manifestations politiques, la stature des deux autorités nigériennes fait tâche.
Réaction officielle du PDP d’Atiku Abubakar, l’autre candidat…
Au Niger, on a en parle déjà trop ! Au Nigéria, l’affaire a pris une plus grande tournure qui va au-delà du buzz ! Le PDP de l’ancien vice-président, Atiku Abukar, n'a d’ailleurs pas tardé à réagir à cette affaire. Dans un communiqué, le directoire de campagne du principal challenger de Buhari s’est indigné de cette présence « assez insolite » de la délégation nigérienne au meeting de l’APC. Pour le PDP, cela conforte les soupçons de recours aux « électeurs étrangers », donc à une tentative de fraude électorale pour justifier un raz-de marée de l’APC à Kano. En clair, le PDP de l’ancien vice-président accuse implicitement Buhari de se servir du Niger pour « truquer » le scrutin à travers un recours massif « d’électeurs nigériens ». Le communiqué officiel du PDP est clair et pour ne laisser aucun doute, le challenger de Buhari a même jugé utile de rappeler qu’en 2015, l’APC de « Baba » aurait abusé des « électeurs nigériens » pour gonfler ses scores à Kano.
C’est le cas de le dire, cette présence des autorités nigériennes à un meeting électoral d’un parti politique au Nigeria voisin est ce que l’opinion a largement qualifié « d’imprudence diplomatique ». C’est un fait, le gouverneur de Kano entretient d’excellentes relations avec ses pairs de Maradi et de Zinder, région où Buhari est très populaire. A ce titre, il peut bien inviter « Issa Moussa, Zakari Oumarou et Cie », à assister à l’évènement. Toutefois, les gouverneurs de Zinder et Maradi, auraient dû se prémunir d’un minimum de précaution diplomatique, au regard de leur statut officiel. La preuve, ce malheureux et inopportun épisode a fini par embarrasser les responsables de l’APC, en plus de constituer un vrai risque diplomatique pour les autorités du Niger car rien n’est encore joué dans cette élection, malgré les apparences. Et on imagine mal, la présence de la délégation nigérienne à Kano sans un aval de Niamey…
Ikali (Actuniger.com)
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