LE DÉPUTÉ ZILLY PERSISTE ET SIGNE : L’ARTICLE 52 NE SERA PAS MODIFIER !
L’article 52 de la Constitution de la VIIème République dit exactement : « – Durant son mandat, le Président de la République ne peut, ni par lui-même, ni par autrui, rien acheter ou prendre en bail qui appartienne au domaine de l’Etat ou de ses démembrements.
Il ne peut prendre part, ni par lui-même, ni par autrui, aux marchés publics et privés de l’Etat et de ses démembrements. Les dispositions du présent article s’étendent aux présidents des institutions de la République, au Premier ministre, aux membres du Gouvernement et aux députés. » Le député Boucary Sani Malam Chaibou dit ‘’Zilly’’ brosse ici un état des lieux sur cette tentative de modification de cet article. Entretien.
« Je vous dis ça ne passera pas au Niger parce que je connais le nombre de députés qui ne voteront pas cette proposition de modification.», déclare le Député Boucary Sani Malam Chaibou
Le Républicain : L’opinion publique retient de vous au sein du parlement présentement l’activiste défenseur de l’article 52 menacé de révision par un groupe de députés. De quoi s’agit-il exactement ?
Député Boucary Sani Malam Chaibou : Effectivement il y a un groupe de députés qui sont animés de la volonté de réviser ou de modifier l’article 52 de la Constitution relatif à l’accès aux marchés publics. Comme vous le savez notre loi fondamentale interdit à des personnalités qui occupent des hautes fonctions de l’Etat dont les députés de bénéficier des marchés publics. En ce qui concerne mes collègues députés initiateurs de ce projet, ce qui les dérange c’est justement la disposition qui leur interdit de soumissionner aux marchés publics. Sinon il n’est interdit à personne de faire ses affaires ou de faire le commerce à partir du moment les marchés à Niamey comme à l’intérieur du pays ouvrent tous les matins du monde. Et je pense sans amabages que les 171 parlementaires que nous sommes doivent respecter l’intérêt général au nom des 19 millions de Nigériens que nous sommes. Selon mes informations ces députés ont fait circuler une liste qu’ils ont signée. Mais ce qui est plus grave c’est qu’ils ont signé à la place de certains députés en leur absence. Ils ont déjà déposé leur proposition au bureau de l’Assemblée nationale et le Secrétaire général de l’Assemblée a déjà envoyé au gouvernement. Mais ce qui fait le plus mal, ce qui est honteux également c’est que ces députés prétendent que c’est eux qui financent les partis politiques. Ils disent que les partis politiques sont à leur charge ce qui est archifaux. Je défie quiconque de me prouver quelle que soit sa richesse que c’est lui qui finance les partis politiques. On se connait très bien. Les gens cherchent à faire du bluff ou à raconter des choses qui ne sont pas réelles.
Le Républicain : Les nigériens connaissent votre position, vous êtes contre cette initiative. Mais du côté de la réaction qui sont ces députés frondeurs ?
Député Boucary Sani Malam Chaibou : Par principe j’ai en général des bons rapports avec mes collègues députés. J’ai eu toujours entretenu des rapports de respect et de convivialité avec les parlementaires. C’est pourquoi je vous demande de patienter. Ce sera un débat public si cette affaire devait être examinée à l’hémicycle. Ce jour-là le peuple témoignera qui est pour et qui est contre cette conspiration à son encontre. Donc à partir de ce moment on saura qui sont les partisans de la modification et qui sont les partisans de la non modification de l’article 52. Ce n’est donc pas un problème de personnes. C’est un problème de position et je maintiens ma position jusqu’au bout de ma logique comme quoi c’est de la trahison et c’est même un complot contre notre régime. A partir du moment où cette constitution a été lue, on a fait la sensibilisation, on a fait le référendum, le peuple a pris connaissance et l’a votée. Ce n’est pas parce que juste on est député qu’on se dit que moi je vais modifier tel article parce qu’il me gêne. Ils prétendent qu’il faut sauter le verrou (NDLR : le mot autrui dans l’article 52) qui leur empêchent d’accéder aux marchés de l’Etat. Le législateur sait pourquoi il a mis ce verrou. Déjà on a découvert malgré tout des faussetés et autres monstruosités comme des sociétés écrans, des prêtes noms et même des personnes physiques fictives en voulant contourner la loi !
Le Républicain : Le ministre de l’intérieur a mis en place un comité pour mettre à jour les lois électorales. Ce qui fait penser l’opinion publique à un tazarce en perspective de votre régime. N’est-ce pas un autre argument qui milite en votre défaveur ?
Député Boucary Sani Malam Chaibou : A ce niveau j’avoue que les gens veulent faire de l’amalgame. Depuis l’élection du président Issoufou Mahamadou les gens ont tout fait pour décourager le peuple nigérien. Ils disent que Issoufou est isolé et aujourd’hui au vu de la composante de l’Assemblée actuelle Issoufou dispose d’une majorité des 4/5ème des membres du parlement. Ce qui signifie simplement qu’il a gagné le pari de la formation d’un gouvernement d’union nationale et les gens cherchent d’autres tentatives maintenant pour semer la confusion dans le pays. La question du tazarce n’est pas à l’ordre du jour. En vérité nous avons remarqué un vide juridique au niveau des lois électorales notamment par rapport au délai constitutionnel pour le second tour. Il s’agit donc de mettre à jour nos textes pour prévenir ce vide juridique qui pourrait par mauvaise foi de quelques-uns plonger notre pays dans l’incertitude et le chaos.
Le Républicain : Vous avez dit sur Saraouniya TV que vous avez dit non à Tandja pour son tazarce. Au cas où le président Issoufou l’envisagerait êtes-vous prêt à le combattre ?
Député Boucary Sani Malam Chaibou : Je vous réponds en rappelant à mes collègues partisans de la révision de l’article 52 qui mettent en avant l’idée que nous avons la majorité aujourd’hui, qu’en son temps le président Tandja Mamadou disposait également de la majorité. Le tigre ne dit pas sa tigritude, dit-on. Je ne m’oppose pas à mes camarades députés pour me vanter. Je ne cherche pas à savoir qui est derrière ça. Je suis sûr d’une chose c’est que je suis assis sur un fondement, une réalité qui est la démocratie au Niger. Je serais gêné, c’est une honte pour moi aujourd’hui qu’on dise que je voudrais modifier l’article 52 pour aller faire mes affaires au détriment du peuple. Il faut défendre les vertus de la République. Je vous dis quelles que soient les gymnastiques qu’ils vont faire ça ne passera pas parce c’est même une violation de la constitution.
Le Républicain : Pour le moment il n’y a que vous qui vous agitez alors que faites concrètement pour faire échec à cette tentative de modification de l’article 52 ?
Député Boucary Sani Malam Chaibou : Moi je ne complote pas et je ne peux pas être en dehors de la ligne de conduite de mon parti tant qu’il agit pour le bien du peuple. Je vous dis ça ne passe pas au Niger parce que je connais le nombre de députés qui ne voteront pas cette proposition de modification. Et le jour du vote vous allez dire chapeau à Zilly et vous allez voir les démocrates sincères, ceux qui savent ce que c’est la République.
Le Républicain : Que répondez-vous à ceux qui vous reprochent en tant que représentant de Mangal au Niger que c’est parce que vous avez un gros morceau que vous voulez empêcher aux autres hommes d’affaires de modifier l’article 52 ?
Député Boucary Sani Malam Chaibou : je vous le confie en tant que nigérien, je sais que les gens sont de mauvaise foi. Dites-vous bien que j’ai connu Mangal il y a plus de 40 ans. Mangal a beaucoup d’amis au Niger. Sans vous cacher les choses : les premiers amis de Mangal au Niger sont au MNSD Nassara. C’est d’ailleurs avec lui qu’on a créé le MNSD. Mais on a jamais crié sur les toits que Mangal a fait ceci ou cela. Le seul pêché de Mangal c’est son amitié avec Mahamadou Issoufou aujourd’hui. D’aucuns sont troublés par cette amitié. Lorsque Mangal est ami à eux il était parfait mais ses anciens amis le trouvent malveillant depuis qu’il est ami à Issoufou. Juste pour vous dire que moi je suis du côté de la vérité, je suis du côté du peuple nigérien qui m’a renouvelé maintes fois sa confiance. Aujourd’hui le PNDS Tarayya est le plus grand parti du Niger parce que la démocratie est une réalité dans notre pays et les militants du PNDS croient en la démocratie. C’est vous dire qu’ en lieu et place de cette bassesse ou cette lâcheté je demande à ces députés de céder la place à leurs suppléants pour travailler pour les nigériens. Je pense qu’en ce moment le Niger a plus que jamais besoin de quiétude sociale avec le terrorisme, le front social à travers les grèves perlées à l’école et le secteur de la santé, les 171 députés doivent plus jouer leur rôle de contrôle de l’action gouvernementale qu’à chercher à divertir le peuple.
Le Républicain : Et si l’initiative vient du pouvoir qui dispose justement de cette majorité confortable ?
Député Boucary Sani Malam Chaibou : Lorsque qu’au temps de Tandja nous avons dit aux gens de ne pas violer la constitution pour faire tazarce, les gens avaient dit que nous étions une minorité, nous sommes de Tarayya. Vous avez vu comment cela s’est terminé. Et mes camarades ont la mémoire courte en feignant d’oublier que c’est bel et et bien cet article 52 qui a fait que deux ministres du PNDS soient congédiés du gouvernement pour avoir attribué des marchés publics à des députés. Le pouvoir c’est le peuple et je ne voudrais pas que les gens déraillent. Je sais que je suis du bon côté à savoir l’intérêt général.
Le Républicain : Avez-vous un dernier appel à l’endroit des frondeurs pour qu’ils se ressaisissent ?
Député Boucary Sani Malam Chaibou : Un collègue a déjà dit que c’est un projet mort-né et c’est leur droit de faire ça. Mais je suis sûr que ça ne passera pas dans la République du Niger. On nous demande de faire des lois pour rendre heureux les nigériens et non pas que 171 personnes fassent des lois pour s’accaparer du pays.
Propos recueillis par ElH. M. Souleymane ( Le Républicain n° 2104 du 23 Novembre 2016)
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