La société civile nigérienne appelle à la mobilisation, l’opposition joue l’apaisement
Alors que l’opposition a réintégré l’Assemblée nationale, la société civile nigérienne maintient la pression sur le pouvoir. Elle appelle à une journée ville morte jeudi, suivie par une journée de prière vendredi et une nouvelle manifestation samedi pour « lutter contre la remise en cause de l’ordre démocratique ».
Le collectif « Résistance citoyenne » a appelé, mardi 26 avril, à une journée ville morte jeudi 28 avril au Niger. « Nous sommes engagés à lutter pour le respect des droits dans notre pays », explique Ali Idrissa, responsable du collectif. « Nous allons continuer à lutter contre la remise en cause de l‘ordre démocratique et pour la lutte contre la corruption », ajoute-t-il.
Dimanche 24 avril, une manifestation du même collectif avait été interdite par les autorités, officiellement pour des risques de troubles à l’ordre public. Des forces de sécurité s’étaient déployées à Niamey afin d’empêcher le rassemblement et, selon les militants, le siège de « Résistance citoyenne a été occupé par la police ». « Même les règles élémentaires ne sont plus respectées, notamment le droit de manifestation », déplore Ali Idrissa.
La journée ville morte du 28 avril doit être suivie d’une journée de prière, le lendemain, puis d’une nouvelle manifestation, sous la forme d’une marche pacifique, samedi 30 avril. Pour le moment, aucun parti politique d’opposition n’a appelé à participer à l’événement de jeudi. Même si des lieutenants de Hama Amadou, candidat malheureux à la présidentielle de février et toujours en convalescence à Paris, cherchent à se rapprocher du mouvement, ils en restent pour le moment à l’écart.
L’opposition joue le jeu de l’Assemblée
Les partis de l’opposition ont réintégré la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) et l’Assemblée nationale, mettant fin, le 17 avril, à un boycott qui avait duré trois semaines. « Ils ont leur stratégie politique », confie Ali Idrissa, qui affirme ne pas être déçu. « Chacun doit lutter à sa façon », ajoute-t-il.
L’opposition s’est organisée, au sein de l’hémicycle, en deux groupes parlementaires : le Zamzam Lumana Africa, composé de 25 membres, et le Rassemblement des démocrates Hankuri-Nassara-Tabat, fort des vingt députés du Mouvement nigérien pour la société du développement (MNSD), des six députés du MRD Hankuri et des deux députés de l’UDR Tabat).
On ne peut pas boycotter la Ceni et vouloir participer aux élections municipales, explique un cadre de l’UDR-Tabbat
Elle a par ailleurs obtenu les postes de deuxième vice-président de l’Assemblée, pour Mahamadou Liman Ali, de troisième vice-président, pour Issaka Issoufou, ainsi que ceux de questeur (Zakara Karidjo), et de secrétaires parlementaires (Hadiza Seyni et Yacoubou Soumana Gaoh).
Prochaine bataille électorale : les locales
Les dirigeants de l’opposition ont notamment en ligne de mire les élections locales, lors desquelles ils espèrent contrer le Parti nigérien pour la démocratie et le socialiste (PNDS, au pouvoir). Les scrutins, qui devaient se tenir en juillet 2016, devraient, sauf coup de théâtre, se tenir en janvier 2017. Le mandat des élus locaux a d’ailleurs été prolongé de six mois, jeudi 21 avril, par les députés.
« On ne peut pas boycotter la Ceni et vouloir participer aux élections municipales », explique un cadre de l’UDR-Tabbat, qui évoque une décision « difficile mais courageuse et salutaire car elle va apaiser un climat délétère ». Et d’ajouter : « Les lois et le budget se votent à l’Assemblée, donc il fallait également que nous revenions dans l’hémicycle pour contrôler l’action gouvernementale ».
Jeune Afrique
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