Retour de Hama Amadou : Les leaders d’opinion face à leur responsabilité
Les choses sont désormais tout aussi claires qu’inquiétantes. A droite, le président du MODEN FA qui rentrera bientôt au pays. Il l’a dit, son parti le réclame, il le fera. Cela ne fait l’ombre d’aucun doute. A gauche, Hassoumi Massoudou, ministre de l’Intérieur de son Etat, avec un discours péremptoire : «Si Hama vient, il sera arrêté».
Au centre, les militants du parti de Hama Amadou décidés à protéger leur leader contre toute «injustice» flagrante. D’un côté, on croit dur comme fer à l’infaillibilité de la stratégie consistant à simuler un déplacement du président de la République pour, à travers le traditionnel jalonnement de l’itinéraire du cortège, quadriller les alentours de l’aéroport Diori Hamani, aux fins de «cueillir» Hama Amadou à la passerelle de l’avion qui le ramènerait. Un hélicoptère l’attendrait sur le tarmac de l’aéroport pour s’envoler avec lui vers la destination de détention qui lui sera choisie.
D’un autre, on affûte les intelligences pour déjouer cette stratégie. Le scénario plausible dans ce montage ainsi dessiné, c’est le risque d’un regrettable affrontement entre des Nigériens et les forces de l’ordre. Toute chose qu’aucun patriote ne peut souhaiter pour son pays. Mais au regard des déterminations affichées de part et d’autre, aucune place n’est laissée à une quelconque alternative.
Il ne sert à rien de jouer la politique du Varan (Comni en zarma) qui consiste à fermer les yeux pour faire semblant de ne pas voir le danger arriver. Tout le monde le sait, pire tout le monde croise les bras, attendant passivement, patiemment la catastrophe pour ensuite crier : «Je le savais !». Un savoir qui n’aurait servi à rien finalement. Aujourd’hui, les leaders d’opinion que sont les chefs religieux – musulmans et chrétiens principalement -, les chefs coutumiers, les anciens dignitaires sont dans un mutisme inexplicable.
Certes, très tôt, Monseigneur Kartatégui, le chef de l’église chrétienne au Niger, avait courageusement exprimé ses inquiétudes et a appelé à un sursaut patriotique à l’endroit des acteurs politiques afin que ces derniers fassent preuve de responsabilité, mais il n’a pas été soutenu. En sa qualité de chef d’une minorité religieuse, il n’a failli à son devoir et c’est un bon exemple à suivre. Des associations islamiques avaient aussi tiré sur la sonnette d’alarme avant de se rétracter dans un silence de cimetière. La peur d’être accusé de prendre parti dans la crise politique en faveur de tel ou tel camp plombe les initiatives, paralyse les leaders d’opinion.
Mais en vérité, le Niger n’appartient pas aux seuls politiciens, ils n’en sont qu’une infime minorité de la population du pays. En cas de clash, nul ne sera épargné. Et c’est justement ce caractère de victime potentielle qui donne à chaque Nigérienne, chaque Nigérien et même aux ressortissants d’autres pays vivant dans le pays, le droit d’alerter. Si aujourd’hui, tout le monde, leaders d’opinion en tête, se mobilise pour exiger des élections «normales» tout simplement, le régime du Président Issoufou n’aura d’autre de choix qu’abdiquer. Cela passe par des démarches en coulisse et des sorties médiatiques, si nécessaire. Les oulémas, les prêtres, les chefs coutumiers le doivent bien au Niger au nom de leurs fidèles et/ou administrés. Face à cette démarche, le Président Issoufou brandira certainement le principe de la séparation des pouvoirs pour refuser de reconnaître la crise, mais il faut avoir le courage de lui dire la vérité : personne au Niger n’est attardée. On voit, on sait très bien ce qui se passe et ce qui se prépare, et ON N’EST PAS D’ACCORD.
Voilà le message que les leaders religieux et coutumiers doivent porter sans état d’âme à l’intention de tous : majorité comme opposition. Auront-ils le courage indispensable pour assumer leur responsabilité ? Rien n’est moins sûr. La certitude est que la vie de beaucoup de Nigériens dépendra de leur posture face à la situation explosive qui prévaut actuellement dans le pays.
Ibrahim AMADOU
Le Monde d'Aujourd'hui
Commentaires
C'est le journaliste qui parle ou c'est Hama qui est derri
Aussi,Tanja a arr
comment dire