Discours prononcé par S.E.M. Mahamadou Issoufou à l'occasion de la visite de son homologue malien S.E.M Ibrahim Boubacar KEÏTA

Monsieur le Président Ibrahim Boubacar Keita, Cher Frère,

Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement,

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Mesdames et Messieurs les membres des délégations,

Je voudrais, avant tout, vous exprimer l'immense plaisir qui est le nôtre, en vous recevant aujourd'hui à Niamey.

Au nom du Gouvernement et du peuple nigériens, je tiens à vous réaffirmer tout l'intérêt que nous attachons à votre présence parmi nous, à l’occasion de cette deuxième visite officielle. Pour le Niger, cette visite de plus illustre éloquemment notre volonté d’œuvrer ensemble au bien-être des populations de nos deux pays, dans un esprit de solidarité agissante et de fraternité, toutes valeurs que les peuples nigérien et malien ont su cultiver tout au long de leur histoire commune.

Nous nous devons , en effet, dans le contexte fortement marqué de défis multiformes qui est le nôtre, de mener des concertations permanentes de haut niveau entre les dirigeants que nous sommes, et consolider les relations séculaires d’amitié, de bon voisinage et de coopération fraternelle et historique existant si heureusement entre la République du Niger et la République du Mali.

D'ailleurs, Monsieur le Président, toute notre histoire commune est justement marquée par les actions héroïques des illustres ancêtres dont entre autres SOUNDIATA KEITA, MANSA MOUSSA, SONNI ALI BER et ASKIA MOHAMED. Ceux-ci ont œuvré pour l’unité de leurs peuples et l’émergence d’un sentiment et d’une conscience nationale véritables, toutes valeurs qui nous paraissent aujourd’hui d’actualité dans le contexte de notre sous-région sahélo-saharienne affectée par l’intrusion des forces centrifuges dont l’action principale vise à démolir l’édifice séculaire de cohésion sociale que nos peuples ont ensemble construit et entretenu.

Au-delà de notre passé et, aujourd’hui plus qu’hier, c’est la géographie qui nous unit et pour toujours. Cette union est matérialisée notamment par l’existence d’une frontière longue de plus de 820 kms, traversant une zone géopolitique de tous les défis. S’y ajoutent également les eaux du Fleuve Niger que nous partageons, qui constitue un véritable cordon ombilical qui lie nos deux peuples. On dit souvent que la politique des Etats se lit à travers leur position sur une carte. Le Niger a vite vérifié la véracité de cet adage dès le déclenchement de la crise malienne.

 Monsieur le Président,

Nos relations de coopération bilatérale n’ont cessé de se développer, pour le bonheur des populations de nos deux pays, embrassant désormais plusieurs domaines. Notre rencontre d'aujourd'hui constitue donc une belle opportunité qui s'offre à nos deux délégations pour passer en revue l'état de la coopération, la renforcer davantage, afin qu'elle reflète la qualité de nos relations pays que nous savons si fraternelles et si porteuses.

A cet égard, nous sommes convaincus que les évolutions intervenues au Niger et au Mali, notamment les réformes et les grands programmes de développement en cours de réalisation, sont susceptibles de générer des programmes de coopération mutuellement bénéfiques.

Nos deux pays ont conclus plusieurs accords dans des domaines aussi divers que la santé, la justice, la libre circulation des personnes, la matérialisation de notre frontière commune, les ressources en eau, le transport routier, les échanges commerciaux, la transhumance, attestant de leur volonté de travailler à l'approfondissement du processus d'intégration sous régional.

C'est le lieu de nous en réjouir et d'œuvrer résolument à l'opérationnalisation des projets convenus.

 Monsieur le Président,

Notre rencontre de ce jour participe également de notre tradition de dialogue et de consultations sur les questions régionales et internationales. Je me réjouis à cet égard de la convergence de nos analyses et de notre identité de vues sur la promotion d'un climat de paix, de stabilité, de prospérité et de développement dans notre sous- région et sur l’ensemble du continent.

Je me félicite également de la coopération prometteuse qui se développe et se renforce dans le domaine sécuritaire au niveau de la région, afin d’opérationnaliser l'architecture de paix et de sécurité que nous voulons au Sahel.

Nous nous devons de poursuivre le dialogue et la concertation, notamment au sein des institutions régionales et internationales, pour une coopération solidaire et dynamique qui nous permettrait à terme, de mener plus efficacement et de manière déterminée la lutte contre le terrorisme et le crime transnational organisé, qui sévissent encore dans la zone sahélo-saharienne. 

Je ne doute pas, Monsieur le Président, que nos décisions contribueront à l'approfondissement du processus d'intégration sous régionale pour le développement de nos pays et le bien-être de nos deux peuples frères.

 Monsieur le Président,

Le Niger qui est membre de la médiation internationale pour la paix au Mali soutient tous les efforts consentis par votre Gouvernement, en vue de parvenir à un règlement définitif et durable de la crise malienne dans le respect de l'unité et de l'intégrité territoriale de votre pays.

La conclusion de l’Accord de Paix d’Alger signé à Bamako le 20 juin 2015, entre votre Gouvernement et les groupes armés du nord constitue une avancée qu'il convient de consolider et de pérenniser, en ce qu'il établit un cadre qui crée les conditions d'une solution politique qui préserve l'unité, l'intégrité du territoire, la stabilité du pays et la cohésion du peuple frère du Mali.

C'est pourquoi il importe, comme vous les y engagez, que tous les acteurs prennent conscience de leur responsabilité historique dans cette phase cruciale de l'évolution de la nation malienne, afin que les enfants du Mali, réconciliés et solidaires, construisent ensemble leur pays.

C'est pourquoi également, la communauté internationale doit marquer davantage son engagement pour la paix au Mali, cette paix si essentielle pour le développement et la prospérité de l'ensemble de notre sous- région.

 Monsieur le Président,

Je voudrais, en terminant mon propos, vous inviter à ce que nous fassions des présentes assises une instance qui générerait des décisions qui, d’une part, impacteraient positivement les efforts que nous faisons pour porter à un niveau toujours plus élevé les relations nigéro-maliennes et qui, d’autre part, conforteront les initiatives communes que nous avons engagées pour l'approfondissement du processus d'intégration sous régionale.

Ce faisant, le solide édifice de la coopération que nous développons répondra davantage aux aspirations légitimes de nos deux peuples, à plus de paix, de stabilité, de démocratie et de développement.

 Je vous remercie.