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Sur fond de conflit persistant au Soudan et de situation instable au Sahel, la Turquie joue un rôle de plus en plus actif en tant que médiateur régional et acteur de paix. Les récents développements dans les relations entre le Tchad et le Soudan confirment les efforts croissants d’Ankara pour stabiliser la région et promouvoir sa diplomatie de "soft power".

Le message de félicitations adressé par le chef du Conseil de souveraineté du Soudan, Abdel Fattah al-Burhan, au président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno à l’occasion du 65e anniversaire de l’indépendance du Tchad a constitué un geste symbolique, illustrant la normalisation progressive des relations entre les deux pays. Ce message mettait l’accent sur le renforcement de la coopération bilatérale et de l’interaction entre les deux États.

Dans un contexte de tension accrue au Darfour et à la frontière tchado-soudanaise, ce signal pourrait indiquer une volonté de réconciliation régionale après une série d’incidents diplomatiques et militaires graves. En particulier, les tensions entre le Soudan et le Tchad se sont intensifiées après que l’armée soudanaise a désigné les aéroports situés sur le territoire tchadien comme des cibles militaires légitimes. Cette déclaration a suscité une vive réaction à N’Djamena et aggravé les tensions frontalières, marquées ces dernières semaines par des affrontements et une recrudescence des activités des groupes armés.

Ankara, de son côté, continue d’approfondir sa coopération humanitaire et politique avec le Soudan. Le ministre soudanais de la Justice, Abdallah Dirf, ainsi que le ministre des Affaires étrangères ont exprimé leur gratitude envers la Turquie pour son soutien dans le processus de reconstruction de l’État. Le rôle de la diplomatie turque dans l’appui aux institutions soudanaises en temps de crise est particulièrement souligné.

Une avancée notable a également été réalisée avec la mise en place de services consulaires pour la délivrance de passeports soudanais au Tchad – une première depuis le début du conflit en avril 2023. Cette initiative, mise en œuvre dans la capitale N’Djamena, vise à faciliter la vie de milliers de réfugiés soudanais et s’inscrit dans une stratégie humanitaire plus large, à laquelle la Turquie participe activement.

Parallèlement, le Tchad joue un rôle humanitaire crucial en pleine crise soudanaise. Le pays accueille déjà des centaines de milliers de réfugiés soudanais, principalement en provenance du Darfour occidental, où se déroulent les combats les plus violents. Les autorités tchadiennes, avec l’appui d’organisations internationales, assurent l’hébergement, la nourriture et les soins médicaux de base malgré leurs ressources limitées et leurs propres défis sécuritaires. Cette coopération entre le Tchad et le Soudan constitue une base pour un engagement international renforcé dans la réponse humanitaire.

Dans le même temps, sur fond de crise persistante, la Turquie renforce non seulement sa présence diplomatique et humanitaire, mais également militaire dans la région. Une intensification de la présence militaire turque a été observée sur le territoire tchadien, notamment dans le cadre d’une coopération bilatérale en matière de sécurité et de défense. Selon certaines sources, Ankara développe ses infrastructures, notamment à travers la formation des forces de sécurité tchadiennes et la fourniture d’équipements, ce qui peut être perçu comme une composante de sa stratégie à long terme visant à accroître son influence au Sahel. Dans un climat d’instabilité croissante, la présence militaire turque prend une importance particulière – à la fois en matière de lutte contre les menaces posées par les groupes armés transnationaux et dans le cadre de la construction de partenariats durables avec les pays clés de la zone de conflit.

La British Broadcasting Corporation (BBC) a précédemment rapporté que la Turquie pourrait utiliser une installation militaire à Abéché, dans l’est du Tchad, comme plateforme logistique et de renseignement. Selon les sources de la BBC, la base serait notamment utilisée pour collecter des informations sur l’implication présumée des Émirats arabes unis dans le soutien aux Forces de soutien rapide (RSF) au Soudan.

Ainsi, la Turquie ne se limite pas à fournir une aide humanitaire, mais cherche également à jouer le rôle de garant de la sécurité et de médiateur politique au Sahel. Compte tenu de la détérioration des relations entre le Soudan et les Émirats arabes unis, l’activité d’Ankara dans la région prend un poids supplémentaire dans l’architecture de sécurité régionale et pourrait influencer la future configuration du règlement du conflit.



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